Retour triomphal, au "balcon du peuple" devant des milliers de partisans
Venezuela : Hugo Chavez avoue qu'il doit encore vaincre le cancer
CARACAS, mardi 5 juillet 2011 (LatinReporters.com) - Absent
du pays pendant un mois et revenu par surprise le jour même de Cuba,
où il fut opéré le 20 juin d'une tumeur cancéreuse,
le président vénézuélien Hugo Chavez a admis
lundi, devant des milliers de partisans célébrant son retour
à Caracas, qu'il doit encore vaincre le cancer. Il a mêlé
dans son discours sa bataille pour la vie à celles pour "l'indépendance
définitive du Venezuela" et pour "l'union de l'Amérique latine".
Entouré de ses filles aînées, Hugo Chavez s'adresse, le 4 juillet 2011 à Caracas,
à une multitude de partisans du haut du "balcon de peuple" du palais
présidentiel. Auparavant, il a chanté avec la foule l'hymne national.
[CHAVEZ à partir de la minute 06:40 de cette vidéo]
"Que personne n'aille croire que ma présence
ici ce 4 juillet signifie que nous avons remporté la bataille.
Non. Nous avons commencé à remonter
la pente, à vaincre le mal qui s'est logé dans mon corps, qui
sait pour quelles raisons, mais nous devrons continuer à suivre un
strict programme médical, pas à pas, et je sais que vous le
comprenez", a déclaré Hugo Chavez, demandant à la foule
de l'accompagner vers la victoire définitive.
En uniforme militaire et bonnet rouge, entouré de ses deux filles
aînées, le leader
bolivarien s'exprimait du haut du "balcon du peuple" du palais présidentiel,
tribune traditionnelle de ses discours et promesses au soir de ses multiples
victoires électorales.
A la foule qui l'ovationnait et criait sporadiquement "Ouh! Ah! Chavez ne
s'en va pas", le président a révélé, sans préciser
la nature de son cancer, qu'il demeura quatre jours dans une unité
de soins intensifs après son "opération profonde", six heures
durant le 20 juin à la Havane, d'une tumeur cancéreuse. Neuf
jours plus tôt, les chirurgiens cubains l'avaient opéré
d'un abcès pelvien, une accumulation de pus dans la zone inférieure
de l'abdomen.
Qualifiant de "début du retour" la phase actuelle de sa lutte contre
le cancer, le président a exhibé le symbole d'un autre retour,
le même petit crucifix qu'il montra au même "balcon du peuple"
le 14 avril 2002, au terme d'un putsch qui l'écarta du pouvoir pendant
48 heures.
"Nous vaincrons, nous vivrons" et "Vive la vie" a lancé à plusieurs
reprises Hugo Chavez, évitant comme dans toutes ses déclarations
depuis son grave accident de santé l'habituel slogan cubano-bolivarien
"Patrie socialiste ou la mort", qui relèverait d'un humour très
noir dans les circonstances actuelles.
Aux "Vive la vie" s'ajoutaient des "Vive la révolution bolivarienne",
"Vive le Venezuela socialiste" et "Vive l'Union de l'Amérique latine".
"Nous continuons à poser la pierre fondamentale de l'indépendance
du Venezuela et de l'Union latino-américaine. Vaciller serait nous
perdre" clamait Chavez. Auparavant, il avait laissé entendre que s'il
était revenu subitement de Cuba, c'est parce qu'il voulait être
dans le pays pour le bicentenaire de l'indépendance, ce 5 juillet,
même si son état ne lui permettrait en principe pas de participer
aux festivités.
Hugo Chavez au "balcon du peuple" du palais présidentiel, le 4 juillet
2011 à Caracas. (Photo Noticias 365)
La voix assurée, mais le débit plus lent et le ton moins fougueux
qu'avant son hospitalisation, Hugo Chavez, 56 ans, a comblé ses partisans
pendant un peu plus d'une demi-heure, durée limite de son exercice
oratoire recommandée, a-t-il dit, par les médecins.
Si le discours présidentiel, sans texte, n'avait pas de canevas apparent
et versait souvent dans la répétition, il n'en a pas moins
associé quasi intimement le sort personnel de Chavez à celui
de la révolution bolivarienne, à l'évolution politique
du Venezuela et de l'Amérique latine.
Prétention excessive d'un homme qui, plus que s'identifier à
l'Etat, est soupçonné de se substituer à lui, au grand
dam de la démocratie? Au détriment aussi de l'Amérique
latine, lorsque que la santé défaillante du seul Chavez fait
reporter sine die un sommet régional auquel étaient conviés,
au Venezuela, 33 chefs d'Etat ou de gouvernement? Peut-être. Il n'empêche
qu'en écoutant le caudillo vénézuélien et en
observant la foule qui l'acclame, on perçoit très vite qu'une
alchimie très particulière l'unit toujours à une grande
partie de son peuple.
Son accident de santé jette-t-il une incertitude sur l'élection
présidentielle de décembre 2012, à laquelle Hugo Chavez
s'est déjà déclaré candidat? Sans le moindre
doute, oui. Nul ne sait s'il aura alors gagné sa bataille contre le
cancer et, pour l'heure, il doit exorciser "les démons déliés",
écrit le journaliste hors pair Nelson Bocaranda, par sa longue absence et par
des notables chavistes convoitant déjà sa succession.