Ses partisans convoqués sous le traditionnel "balcon du peuple"
Chavez de retour au Venezuela après son opération d'un cancer à Cuba
CARACAS, lundi 4 juillet 2011 (LatinReporters.com) - Dans un avion en provenance
de Cuba, où il a été opéré d'un cancer,
le président vénézuélien Hugo Chavez est arrivé
lundi à l'aube à l'aéroport de Caracas, à la
veille du bicentenaire de l'indépendance du Venezuela. En bonne forme
apparente, il devait s'adresser dans l'après-midi à ses partisans
du haut du traditionnel "balcon du peuple" du palais présidentiel.
Hugo Chavez est salué par Raul Castro à son départ
de La Havane et par des membres de son gouvernement à son arrivée
à l'aéroport de Caracas, lundi 4 juillet 2011 à 2 h du matin
(heure locale). Heureux malgré la menace du cancer, le président du Venezuela chante.
Le canal public VTV de la télévision vénézuélienne
a montré Hugo Chavez salué à son départ
de La Havane par le président cubain Raul Castro et accueilli à
l'aéroport Maiquetia de Caracas, à 2h du matin (6h30 GMT),
par le vice-président vénézuélien Elias Jaua,
le ministre des Affaires étrangères Nicolas Maduro et d'autres
notables du régime, dont le frère aîné du président,
Adan Chavez. Nombre d'observateurs voient en ce dernier un prétendant
à une éventuelle succession de Hugo Chavez si les forces venaient
à lui manquer durablement.
Parti de Caracas le 5 juin pour une tournée officielle Brasilia-Quito-La
Havane, le président Chavez aura été absent du pays
pendant un mois, dont 25 jours à Cuba. A aucun moment il n'a cédé le pouvoir, affirmant
l'assumer de La Havane. Sous l'attention constante de Fidel Castro, il y
a subi deux opérations, l'une d'un abcès pelvien, la seconde
pour extraire un tumeur cancéreuse, comme Hugo Chavez l'annonça
lui-même le 30 juin dans un
message radiotélévisé
émouvant au peuple vénézuélien, enregistré
dans un studio cubain.
Le canal VTV indique que le leader bolivarien est descendu de son propre
pied de l'avion à l'aéroport de Caracas. Visiblement satisfait
de revenir au pays, Chavez a chanté devant ceux qui l'accueillaient.
Sur la page Internet de son compte Twitter, il a affiché un message
disant : "Me voici donc, à la maison et très heureux! Bonjour
mon Venezuela aimé! Bonjour peuple aimé! Merci mon Dieu! C'est
le début du Retour!"
Hugo Chavez a affirmé devoir se soumettre à "des contrôles
médicaux stricts" et à un horaire strict aussi. Médicaments
et réhabilitation feront partie de son quotidien.
Il a convoqué "le peuple" à 17h (21h30 GMT) sous le balcon
du palais présidentiel de Miraflores du haut duquel il harangue traditionnellement
la foule de ses partisans au soir de chaque victoire électorale. Dimanche
déjà, à Caracas, des milliers de membres de la
Jeunesse bolivarienne avaient transformé en hommage à Hugo
Chavez une manifestation convoquée en prélude aux festivités,
le 5 juin, du bicentenaire de la proclamation de l'indépendance.
En charge du défilé militaire du bicentenaire, le général
Carlos Alcala estimait récemment qu'il sera le plus spectaculaire
de l'histoire du Venezuela. Les observateurs se demandent si Hugo Chavez
sera physiquement en mesure de le présider. Lui-même considère sa
présence peu probable, quoiqu'il ait coutume de surprendre, comme le prouve son retour soudain à Caracas.
"Rétablissez-vous rapidement, mon commandant" dit la pancarte de cette
jeune Vénézuélienne, le 3 juillet 2011 à Caracas
lors d'une manifestation de soutien au président Hugo Chavez. (Photo Noticias 365)
La longue absence et la maladie du président vénézuélien
ont bouleversé ces dernières semaines un pays dans lequel,
selon l'analyste Angel Alvarez, "Chavez, en tant que personne, s'est substitué
à l'Etat". Le gouvernement et la majorité chaviste de l'Assemblée nationale se sont refusés à déclarer son incapacité temporaire
et, grâce à un pont aérien inhabituel, les proches
collaborateurs de Hugo Chavez allaient à La Havane recevoir les ordres
du président convalescent.
Cette méthode de gouvernement à distance, hors du territoire
national, fut jugée inconstitutionnelle par l'opposition. Celle-ci souligne
que la transmission des pouvoirs au vice-président Elias Jaua (qui
s'y refusait!) aurait peut-être permis d'éviter l'ajournement du sommet constitutif,
prévu pour les 5 et 6 juillet sur l'île vénézuélienne
de Margarita, de la Communauté des Etats latino-américains
et caribéens (CELAC). Trente-trois chefs d'Etat ou de gouvernement
y étaient conviés, soit ceux de tous les pays des Amériques,
à l'exception des Etats-Unis et du Canada.
Quoiqu'il en soit, l'alchimie particulière créée depuis
plus de douze ans entre Hugo Chavez et de vastes couches de la population
vénézuélienne, ainsi que l'émotion collective
suscitée par son cancer et son défi public à la maladie
pourraient contribuer à une nouvelle réélection du leader
bolivarien à la présidentielle de décembre 2012. Pour
autant, certes, que ses forces lui permettent alors de faire campagne.
"C'est une situation d'incertitude, mais sans aucun doute c'est aussi une
rupture, un point d'inflexion. La politique a touché terre. Superman
n'est plus Superman" estime l'historienne Margarita Lopez Maya, citée
par l'AFP. La conscience collective soudaine que le caudillo charismatique
de la gauche radicale latino-américaine ne sera pas éternel
est effectivement l'une des conséquences palpables du grave accident
de santé du président Chavez.