Argentine: la démission de Fernando De la Rua offre la présidence à l'opposition péroniste
Elle n'a plus de président, car, comme son gouvernement, Fernando De la Rua a démissionné jeudi, après le refus de l'opposition péroniste d'entrer dans un gouvernement d'union nationale pour mettre fin aux émeutes et aux pillages. Le président intérimaire qui succédera à De la Rua viendra du Parti justicialiste (péroniste), majoritaire dans les deux chambres. Deux jours de chaos ont fait 22 morts et des centaines de blessés. Cinq manifestants qui réclamaient la démission de Fernando De la Rua devant le palais présidentiel, sur la Plaza de Mayo de Buenos Aires, ont été tués par la police. Les Argentins aimeraient voir les forces de l'ordre ailleurs qu'autour des bâtiments officiels, car l'état d'urgence décrété mercredi n'empêche plus les pilleurs de supermarchés de vider n'importe quel commerce et même les domiciles privés.
Le chef intérimaire de l'Etat dirigera l'Argentine soit pendant trois mois, le temps d'organiser une élection présidentielle anticipée, soit pendant deux ans, jusqu'à la fin du mandat écourté de Fernando de la Rua. La Banque centrale ayant bloqué aujourd´hui les opérations de change, les Argentins redoutent que la première décision de leur président intérimaire soit la dévaluation du peso. Changer de président ne changera pas les problèmes. Au risque de devenir lui aussi impopulaire, le chef de l'Etat intérimaire devra d'abord rétablir l'ordre public, contre les pilleurs et contre les groupes violents entraînés à la guérilla urbaine, surgis, sous des drapeaux rouges, lors du dernier jour d'émeutes. Il faudra éviter que l'explosion sociale provoquée par la politique d'austérité de l'exécutif démissionnaire ne soit récupérée par des groupuscules révolutionnaires. Par ailleurs, le changement de président ne remplira pas le porte-monnaie
vide des 14 millions d'Argentins, plus du tiers de la population, qui vivent
sous le seuil de pauvreté. Une pauvreté qui frapperait des
milliers de familles de la classe moyenne,
Et si le nouveau président devait, comme on le redoute, décréter
bientôt la cessation de paiement de la dette publique, l'Argentine
perdrait toute confiance des investisseurs nécessaire pour résorber
un taux de chômage officiel de 18%,
La lutte entre coqs péronistes, avivée par l'ambition de leur président Carlos Menem de briguer à nouveau la magistrature suprême, ne favorisera pas l'articulation d'une politique nationale efficace.
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