Colombie: l'état d'exception décrété par le président Alvaro UribeDepuis son investiture, le 7 août, le conflit intérieur a fait 115 morts
Des tirs de roquettes mal ajustés visant le palais présidentiel firent, mercredi dernier, 21 morts et plus de 60 blessés parmi la population civile de Bogota. Cette action a été attribuée par les autorités aux rebelles marxistes des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie). Par ailleurs, 94 tués ont été dénombrés après les combats des cinq derniers jours entre la guérilla, les paramilitaires et l'armée dans diverses régions du pays.
Les concessions territoriales (une zone démilitarisée de 42.000 km2), politiques et juridiques offertes pendant trois ans à la guérilla par le président sortant Andres Pastrana avaient eu pour résultat de renforcer les rebelles et d'intensifier le conflit qui ensanglante la Colombie depuis 1964. Les FARC conditionnent leur acceptation d'un nouveau dialogue à l'octroi par Bogota d'une zone démilitarisée de 160.000 km2 dans le sud colombien. L'entrée en vigueur immédiate de l'état d'exception a été annoncée à l'issue d'un conseil extraordinaire des ministres qui a également décidé la levée d'un nouvel impôt de 1,2% sur les avoirs "liquides" égaux ou supérieurs à 150 millions de pesos (57.000 dollars). Selon la ministre de la Défense, Martha Lucia Ramirez, cet impôt rapportera deux milliards de pesos (778 millions de dollars) en 2002. Il devrait contribuer à la fois au développement économique, à la création d'emplois et surtout au financement de l'effort militaire et policier contre les groupes armés irréguliers, qu'il s'agisse des FARC, de la guérilla pro-cubaine de l'ELN (Armée de libération nationale) ou des paramilitaires d'extrême droite qui combattent les guérilleros en utilisant les mêmes méthodes qu'eux. La ministre a précisé que plus de 100.000 nouveaux soldats et policiers seront enrôlés avant la fin de l'année. D'autre part, le président Uribe a déjà lancé la création d'un réseau d'un million d'informateurs civils, non armés, qui permettraient aux forces de l'ordre d'intervenir plus rapidement et plus efficacement contre les groupes irréguliers. D'une durée de 90 jours, l'état d'exception peut, selon la Constitution, être prorogé pour deux périodes identiques, soit une durée maximale totale de neuf mois. Il ne peut suspendre ni les droits de l'homme ni les libertés fondamentales, mais il autorise des restrictions éventuelles au droit de circuler, aux informations radio-télévisées et à l'organisation de réunions et de manifestations. Les autorités pourront aussi, mais avec un mandat judiciaire, intercepter et enregistrer les communications privées et détenir préventivement des suspects. L'état d'exception permet encore d'imposer des contributions fiscales ou parafiscales extraordinaires. C'est dans ce cadre que l'impôt de 1,2% sur les avoirs "liquides" a été décrété. La Cour constitutionnelle conserve un droit de contrôle sur les décrets pris au titre de l'état d'exception. La déclaration elle-même de "l'état de commotion intérieure" indique que ces décrets seront soumis à l'examen de la Cour. Justifiant les décisions gouvernementales, le ministre de l'Intérieur et de la Justice, Luis Fernando Londoño Hoyos, a déclaré: "Nous sommes confrontés à des groupes armés d'une capacité de destruction chaque fois plus grande et dont les possibilités de blesser le peuple colombien ont atteint des extrêmes plus qu'inquiétants". Le ministre a affirmé que les guérilleros colombiens sont "unis à des bandes terroristes d'autres régions du monde". A ce propos, les forces de l'ordre ont réitéré leurs soupçons sur l'implication de l'Armée républicaine irlandaise (IRA) dans la préparation des FARC à la fabrication et au maniement d'engins et de projectiles explosifs. Vous pouvez réagir à cet article sur notre forum
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