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Déclarations du président Uribe et du ministre de la Défense
Colombie: Ingrid Betancourt bientôt libre alors qu'est annoncée la mort du nº1 des FARC?

Connu sous son nom de guerre Manuel Marulanda Vélez, alias "Tirofijo" ("Tir précis"), le chef suprême de la guérilla des FARC (à gauche) avait pour vrai nom Pedro Antonio Marin. Né le 12 mai 1930, il fonda les FARC en 1964 à partir d'une milice paysanne d'autodéfense. A ses côtés, Jorge Briceño, alias Mono Jojoy, l'un des sept membres du haut commandement de la guérilla. (Photo FARC-EP)

BOGOTA, dimanche 25 mai 2008 (LatinReporters.com) - Le président colombien Alvaro Uribe a révélé samedi l'existence de contacts entre le gouvernement et des guérilleros des FARC qui envisageraient de déserter en libérant Ingrid Betancourt et d'autres otages. M. Uribe leur promet récompense et liberté conditionnelle en France. Le ministre de la Défense, Juan Manuel Santos, affirme pour sa part que le chef suprême et fondateur des FARC, Manuel Marulanda, serait mort le 26 mars.

Les deux informations sont d'un tel calibre, renforcé en outre par leur quasi simultanéité, qu'elles soulèvent autant de prudence que d'espoir. Guerre psychologique? Aboutissement logique de la désormais écrasante supériorité de l'armée colombienne sur la guérilla marxiste des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie)? Pour l'heure, on ne peut que s'en tenir aux déclarations du président Uribe et du ministre Santos.

A Florida, près de Cali, au sud-ouest de la Colombie, le chef de l'Etat a affirmé que "certaines personnes du groupe terroriste [des FARC] ont appelé pour dire au gouvernement qu'elles sont disposées à déserter et à libérer les séquestrés, Ingrid Betancourt en tête", mais en demandant si le gouvernement leur garantissait leur propre liberté.

"Je veux leur faire parvenir ce message : le gouvernement fait deux offres. L'offre d'un fonds de récompense, jusqu'à 100 millions de dollars, pour récompenser ceux du groupe terroriste des FARC qui se démobiliseraient, abandonnant le groupe et libérant les séquestrés" a poursuivi le président Alvaro Uribe.

Il a ajouté: "La seconde offre est que nous chercherons un mécanisme de liberté conditionnelle. Lorsque ces personnes viendront à la rencontre de nos soldats, de nos policiers ou de ceux qu'ils définiront, nous permettant de recevoir les séquestrés, le gouvernement national fera les démarches pour que ces personnes qui abandonnent les FARC soient embarquées immédiatement vers un pays comme la France pour garantir leur liberté conditionnelle."

Le président Uribe offre donc argent, beaucoup d'argent, et exil doré en France aux déserteurs des FARC qui livreraient leurs otages, dont Ingrid Betancourt. Le Premier ministre français, François Fillon, avait déjà assuré en avril dernier que les guérilleros répondant aux offres du gouvernement de Bogota jouiraient en France du statut de réfugiés politiques.

Manuel Marulanda serait mort des suites d'un bombardement ou d'une crise cardiaque

Quant à l'annonce par le ministre Juan Manuel Santos de la mort présumée, à 78 ans, du chef suprême des FARC, Manuel Marulanda, alias "Tirofijo" ("Tir précis"), elle a surpris la journaliste colombienne Maria Isabel Rueda, stupéfiée à ce moment précis de son interview du ministre, publiée samedi par l'hebdomadaire Semana:

-[Maria Isabel Rueda] Et Tirofijo, où en est-il?
-[Ministre de la Défense] Il doit être en enfer.

-Dans quel enfer?
-Celui où vont tous les criminels morts.

-Tirofijo va partir vers...
-L'information que nous avons est qu'il est déjà parti.

-Comment? Tirofijo est mort, comme ça?
-Nous le tenons d'une source qui n'a jamais commis d'erreur.

-Tirofijo est mort?
-C'est la dernière information que nous avons et que nous sommes en train de corroborer.

-Je peux titrer cette interview "Tirofijo est mort"?
-C'est à vos risques.

-Et quand est-il mort?
-Le service de renseignement nous dit que ce fut le 26 mars de cette année.

-Comment est-il mort?
-Nous ne le savons pas. Ces jours-là, on effectua trois bombardements puissants là où on pensait que se trouvait Tirofijo. La guérilla parle d'arrêt cardiaque. Nous n'avons de preuve ni de l'une ni de l'autre version.

-Et quelle autre information avez-vous sur sa mort?
-Pour l'instant, je n'ai que ces données-là.

-Et qui va le remplacer [à la tête des FARC]?
-Tout nous dit que ce sera Alfonso Cano.


La mort de Manuel Marulanda, alias Tirofijo, a déjà été annoncée à plusieurs reprises ces dernières années. Elle a chaque fois été démentie ou pour le moins n'a jamais été confirmée. Mais il est peu banal que l'annonce un ministre en fonction. Les médias colombiens ont souvent relevé que le chef des FARC souffrait depuis longtemps d'un cancer de la prostate.

La confirmation du décès de Manuel Marulanda serait contre les FARC une puissante charge psychologique destructive, surtout si la mort était due, comme le suggère le ministre de la Défense, à des bombardements. Depuis le 1er mars, les FARC auraient perdu, en comptant Marulanda, trois des sept membres, dont le plus symbolique, de leur commandement suprême collectif appelé secrétariat.

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CARACAS, 25 mai 2008 (LatinReporters) - Par vidéo, la guérilla marxiste des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) a confirmé dimanche 25 mai la mort, le 26 mars à 78 ans, de son fondateur et leader  historique Manuel Marulanda, alias Tirofijo. Le commandant rebelle Alfonso Cano lui succède.

La guérilla a donc attendu deux mois pour annoncer la mort de son chef suprême. Elle aurait probablement retardé davantage cette annonce, qui risque de démoraliser nombre de guérilleros, si le ministre colombien de la Défense, Juan Manuel Santos, n'avait pas révélé samedi non seulement cette mort, mais aussi sa date exacte, sa cause probable et l'identité du successeur de Manuel Marulanda. L'efficacité et la crédibilité de l'espionnage colombien s'en trouvent grandies.

"Nous informons avec une immense peine qu'il [Manuel Marulanda] est mort le 26 mars d'un infarctus, dans les bras de sa compagne, accompagné de sa garde personnelle et de ses compagnons" déclare le commandant des FARC Timoleon Jimenez dans une vidéo diffusée par TeleSur, chaîne satellitaire créée à l'initiative du président vénézuélien Hugo Chavez et dont le siège est à Caracas.

Membre du secrétariat, le commandement suprême collectif de la guérilla, Timoleon Jimenez a retracé la trajectoire du "grand leader" avant d'affirmer que se poursuit "la lutte des FARC pour le pouvoir politique, pour une société de justice sociale et pour le socialisme".

Le commandant rebelle a également confirmé qu'Alonso Cano, considéré comme l'idéologue actuel des FARC, prend la succession de Manuel Marulanda. Des analystes colombiens croient que sa désignation, plutôt que celle du responsable de l'organisation militaire, l'intransigeant commandant Jorge Briceño (alias Mono Jojoy, à droite sur la photo avec Marulanda), pourrait faciliter d'éventuelles négociations visant notamment à la libération d'otages de la guérilla.

Mais à cet égard, Timoleon Jimenez s'est gardé de faire la moindre ouverture. "Nos propositions pour les accords humanitaires et l'issue politique restent en vigueur" a-t-il indiqué. La direction des FARC, dont l'autorité semble toutefois de moins en moins assurée parmi les combattants sur le terrain, réclamerait donc toujours, pour y négocier la libération de ses principaux otages, dont la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt, la démilitarisation d'une zone relativement très peuplée de 800 km², dont devraient se retirer l'armée et la police, mais non les guérilleros. Samedi, le président colombien Alvaro Uribe avait à nouveau rejeté cette vieille exigence des FARC.
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