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Colombie: otage de la guérilla, Ingrid Betancourt reste candidate à la présidence

Sa séquestration risque d'être longue

Ingrid Betancourt
© Global Greens
BOGOTA, jeudi 28 février 2002 (LatinReporters.com) - Enlevée le 23 février par la guérilla marxiste des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie), Ingrid Betancourt, candidate écologiste à l'élection présidentielle du 26 mai, risque de demeurer pendant de longs mois l'otage des insurgés qui proposent de l'échanger, "dans le délai d'un an", contre des guérilleros emprisonnés. Ingrid Betancourt conserve néanmoins légalement sa qualité de candidate à la présidence et les électeurs colombiens pourront voter pour elle afin que "la démocratie ne soit pas séquestrée".

La dirigeante écologiste bénéficie de la loi, approuvée en décembre dernier par le Congrès, permettant aux Colombiens aspirant à une charge publique de continuer à la briguer en cas de séquestration par des groupes irréguliers. Des responsables du parti Oxygène vert (Verde Oxigeno) fondé par Ingrid Betancourt ont décidé de recourir à cette loi, qui n'exige pas, en cas de "force majeure", l'acceptation écrite ou verbale du ou des candidats concernés.

"Nous n'acceptons pas que la démocratie soit séquestrée. Ingrid continue à être candidate à la présidence de la République et nous poursuivons la campagne plus unis que jamais" déclare Alvaro Soto, coordinateur de la campagne.

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Créditée de moins d'un pour cent des suffrages dans les sondages précédant son enlèvement, Ingrid Betancourt pourrait en recueillir davantage en fonction de l'émoi et de la sympathie que sa mésaventure suscite parmi les Colombiens. Les observateurs estiment cependant que les résultats globaux de l'élection présidentielle ne seront pas altérés de manière significative. Critique acerbe du processus de paix mené en vain pendant trois ans avec les FARC par le président Andres Pastrana, le candidat indépendant Alvaro Uribe Velez conserverait ses chances d'être élu dès le premier tour à la majorité absolue.

Quatre des cinq parlementaires également otages de la guérilla marxiste figurent, eux, sur les listes de candidats aux élections législatives du 10 mars. Les suffrages qu'ils recueilleront alors et, deux mois plus tard, ceux d'Ingrid Betancourt répondront au souhait du ministre de l'Intérieur, Armando Estrada, qui appelle les Colombiens à "affronter les balles avec leur vote".

Le ministre a lancé cet appel dans la crainte d'une forte abstention que risque de provoquer l'offensive des FARC contre l'infrastructure du pays. Le dynamitage de ponts, de centraux téléphoniques et du réseau électrique à haute tension affecte déjà plus de 120 municipalités. Certaines sont isolées du reste du pays.

Quasi permanents depuis des années, les attentats de la guérilla contre l'infrastructure économique se sont amplifiés en janvier dernier et ont atteint un rythme qui rapproche la Colombie d'une véritable guerre après la fin des pourparlers de paix décidée le 20 février par le président Andres Pastrana.

Dans l'une des plus vastes offensives de l'histoire de la Colombie, 15.000 soldats appuyés par l'aviation et des chars reconquièrent depuis le 21 février l'enclave de 42.000 km2, grande comme la Suisse, offerte en novembre 1998 aux FARC dans l'espoir, déçu, de mettre fin à près de 40 ans de guerre civile.

Malgré les avertissements des autorités militaires qui lui déconseillaient le voyage, Ingrid Betancourt avait entrepris de gagner par la route, à 600 km au sud de Bogota, cette ancienne place forte de la guérilla le jour même où le président Pastrana s'y rendait pour en reprendre symboliquement le contrôle. C'est alors que la dirigeante écologiste fut enlevée par les FARC, ainsi que sa directrice de campagne, Clara Rojas.

Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, et le président français Jacques Chirac figurent parmi les personnalités qui ont condamné l'enlèvement et réclamé la libération d'Ingrid Betancourt, très connue en France et aux Etats-Unis.

Filmé par la chaîne de télévision américaine CNN, un commandant des FARC, Fabian Ramirez, a donné "un délai d'un an" aux autorités colombiennes pour adopter une loi permettant d'échanger Ingrid Betancourt et d'autres personnalités retenues en otage contre des guérilleros emprisonnés. Dans le cas contraire, a poursuivi sans autre précision le chef rebelle, "les FARC prendront la décision qui leur conviendra". Toute la classe politique colombienne rejette ce marché proposé par la guérilla.

Dans la crainte d'un enlèvement, des candidats aux élections législatives de mars et au scrutin présidentiel de mai ont annulé des meetings en province. Ils enregistrent leurs messages sur des bandes vidéos, copiées à plusieurs centaines d'exemplaires et envoyées dans les 32 départements colombiens pour être diffusées lors de réunions de leurs sympathisants.

Le gouvernement colombien a demandé à l'Organisation des Etats américains (OEA) d'observer les opérations électorales. L'OEA en deviendrait probablement un témoin à charge attestant des tentatives de sabotage des élections par les FARC. Une nouvelle pièce serait ainsi versée au dossier qui, à moyen terme, justifiera peut-être une action armée internationale contre une guérilla accusée d'ignorer le droit humanitaire et qualifiée de "terroriste" par les Etats-Unis et l'Union européenne.


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