MADRID, dimanche 4 septembre 2011 (LatinReporters.com) - Poussée dans
le dos par la Teutonne Angela Merkel, par son compère gaulois Nicolas
Sarkozy et la Banque centrale européenne, l'Espagne en crise
enrichit sa Constitution de la sage promesse, dite "règle d'or", de
ne plus dépenser davantage que ce qu'elle engrange. Cette codification
solennelle de l'équilibre budgétaire, soit de l'austérité,
sera-t-elle efficace? On le saura peut-être ... en 2020 !
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Photo d'archive de l'une des rares rencontres officielles entre le président
du gouvernement espagnol, le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero
(à gauche), et le chef de l'opposition conservatrice, Mariano Rajoy,
président du Parti Populaire. Ensemble, ils inscrivent aujourd'hui
la "règle d'or" dans la Constitution de l'Espagne. (Photo Presidencia
del Gobierno, décembre 2006) |
Approuvée aux Cortes par plus de 90% des députés - à
la bruyante exception très minoritaire de la gauche écolo-communiste
et des nationalistes ou régionalistes catalans, basques, galiciens
et canariens - la soudaine vertu économique, théoriquement
élémentaire quoique d'une application socialement aussi aléatoire
que nier les propriétés mouillantes de l'eau, est censée
soustraire l'Espagne à l'appétit d'ogres financiers qui dévorent
les plus chétifs de la zone euro.
La nouvelle vertu budgétaire sera contraignante "à partir de
2020" (!!!?) dit l'article 135 révisé de la Charte suprême
espagnole. D'ici là, les eaux de l'Ebre, du Guadalquivir, du golfe
de Biscaye et de la Méditerranée ne cesseront point de mouiller.
Tant qu'à faire, ne serait-il pas prudent de constitutionnaliser aussi
la négation de cette réalité?
Dit d'une autre façon, est-il sensé de miser sur la "règle
d'or" dont se pare l'Espagne? Quelques lignes de plus dans la Constitution
du pays l'empêcheront-il de sombrer, bien avant 2020, à la fois
dans la banqueroute et la révolte sociale à cause d'une austérité,
fût-elle constitutionnelle, censée les conjurer?
Pères de la "règle d'or" sud-pyrénéenne, leur
première et unique oeuvre conjointe, le socialiste José Luis
Rodriguez Zapatero, président sortant du gouvernement, et le conservateur
Mariano Rajoy, son successeur plus que probable après les législatives
du 20 novembre prochain, ne semblent pas jouir du don d'altérer les
propriétés naturelles des liquides.
Ni Zapatero ni Rajoy n'ont jamais songé à démanteler
le système économico-politique autodestructeur qu'ils prétendent
sauver. De là leur opposition au référendum sur la réforme
constitutionnelle réclamé, aux Cortes et/ou dans la rue, par la gauche de la gauche, les syndicats,
les nationalistes de tous bords et les "indignés" du Mouvement du
15 mai.
Affaire à suivre, aujourd'hui et non en 2020, dans une casserole espagnole
sous pression où s'ébouillantent près de 5 millions
de chômeurs. Optimisme? Non. Pour être de droite, Rajoy,
s'il remporte les législatives comme prévu par les sondages,
recevra probablement dans la figure
l'immense colère sociale difficilement contenue sous le second mandat
socialiste de l'incompétent Zapatero.