Espagne-élections: la droite musclée de José Maria Aznar affiche une santé peu commune en Europe
MADRID, lundi 27 octobre 2003 (LatinReporters.com) - La majorité absolue
conquise à nouveau dimanche par le Parti Populaire (PP) au parlement
de la Région de Madrid est un tremplin vers son maintien au pouvoir
national aux législatives de mars 2004. Parmi les droites démocratiques
européennes, la droite atlantiste forgée par le président
du gouvernement espagnol, José Maria Aznar, est à la fois la plus musclée
et celle qui affiche la meilleure santé, malgré son soutien d'abord à
la guerre en Irak, puis à l'occupation actuelle de ce pays. Ces derniers, en outre, ont profité de l'impact d'une commission parlementaire régionale d'enquête, dont les sessions étaient télévisées en direct, pour se justifier en accusant la tête de liste socialiste, Rafael Simancas, de s'être plié à trop d'exigences de son allié communiste. Avec à peine 7,7% des suffrages le 25 mai, IU aurait pu notamment, selon les deux dissidents, porter son influence sur l'ensemble des familles madrilènes en contrôlant le portefeuille régional de l'Education. Des électeurs centristes qui s'étaient laissés tenter par la gauche en ont eu froid dans le dos. Et puis, en ce mois d'octobre s'est largement estompé l'impact négatif, sur de nombreux Espagnols, de l'appui inconditionnel de José Maria Aznar à l'invasion américaine de l'Irak, conclue dans sa phase militaire active en mai dernier. En dépit des attentats qui ensanglantent désormais ce pays arabe, les retombées de la guerre servent même le PP du président du gouvernement espagnol. Deux jours avant l'élection régionale madrilène de dimanche, José Maria Aznar se plaçait en effet au centre de l'attention politico-médiatique mondiale, inaugurant à Madrid, aux côtés de Kofi Annan, de Colin Powell et des ministres ou représentants de 73 pays et 20 organismes internationaux, la Conférence des donateurs pour la reconstruction de l'Irak. Enfin, la veille même du scrutin madrilène, le président basque Juan José Ibarretxe remettait à son Parlement régional son projet de "libre association" avec l'Espagne, qualifié par le gouvernement espagnol de "plan de sécession". L'opposition ferme de José Maria Aznar et de ses ministres aux débordements du nationalisme basque a mobilisé derrière le PP l'électorat de droite et de centre droit, ainsi qu'un partie des votants de centre gauche, le patriotisme n'étant pas encore un vain mot en Espagne. La gauche, elle, avec diverses nuances, s'oppose à l'indépendantisme basque, mais réclame un approfondissement des autonomies régionales. Cette attitude moins tranchée est peu rentable électoralement en dehors du Pays basque et de la Catalogne, deux régions parcourues par un puissant nationalisme. Vers une troisième législature nationale Le triomphe régional du PP à Madrid est un premier pas vers la victoire aux législatives de mars prochain. Depuis le retour à la démocratie, à partir de 1975 après 36 ans de franquisme, les électeurs madrilènes -originaires en fait de multiples régions- préfigurent habituellement les grandes tendances du vote national. Les derniers sondages prédisent tous que le PP pourrait conserver, en mars, le pouvoir pendant une troisième législature consécutive. A Madrid, c'est sa troisième majorité absolue qu'il vient d'engranger. Ces prévisions et le résultat de Madrid reflètent d'autant mieux la vigueur du PP qu'ils sont postérieurs à la confirmation, par José Maria Aznar, de sa décision de ne plus briguer, au nom du renouvellement démocratique, un troisième mandat aux législatives de mars. Il a déjà cédé la présidence du PP à l'ex-ministre Mariano Rajoy. Ce dernier sera en mars le candidat du PP à la présidence du gouvernement. La victoire que vient de remporter Esperanza Aguirre à Madrid lui facilite la tâche. Parmi les droites européennes, la droite espagnole est ainsi celle qui affiche la meilleure santé. Invité le 17 novembre 2002 à Paris au congrès fondateur de l'UMP (Union pour un mouvement populaire, parti gouvernemental français), José Maria Aznar, déjà considéré comme l'un des phares de la droite démocratique du Vieux Continent, saluait en ses pairs idéologiques de l'Hexagone leur "pari de l'unité des forces politiques du centre droit". La droite française n'en demeure pas moins compartimentée en chapelles indécelables au sein du PP aznarien. Quoiqu'il se dise centriste, le parti gouvernemental espagnol incarne une droite sans complexe, néo-libérale, catholique traditionnelle, atlantiste et prônant contre le terrorisme international des actions militaires préventives dans le droit fil de la doctrine Bush et de la guerre en Irak. Le 22 octobre dernier à Madrid, à l'Ecole supérieure des forces armées, devant les principaux responsables militaires espagnols et 141 candidats au généralat, José Maria Aznar déclarait: "Le sens de l'anticipation dans l'action est l'un des aspects du sens de la responsabilité d'un gouvernant. Je crois qu'il sera facile d'accepter qu'aucun responsable politique sensé ne puisse attendre passivement d'être épargné par des attentats effroyables... La lutte contre le terrorisme représentant une menace de destruction massive exige une nouvelle façon de comprendre la sécurité... L'efficacité de ce combat suppose d'entreprendre des actions de caractère anticipé, toutefois limitées à des cas déterminés...". De nombreux adversaires de cette droite espagnole musclée, mais démocratique, lui reconnaissent deux atouts de poids: la durée du miracle économique qu'elle génère et l'étouffement de l'extrême droite xénophobe, à laquelle le PP, éventuellement sans le vouloir, ferme tous les espaces électoraux. Ni au Congrès espagnol des députés ni au Sénat ni dans aucun des 17 Parlements régionaux ne siège le moindre élu d'une extrême droite raciste si commune ailleurs en Europe. Vous pouvez réagir à cet article sur notre forum
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