Espagne - Élections municipales et régionales: avance socialiste, mais victoire politique d'AznarAznar le gagneur, malgré la guerre en Irak et la marée noire du Prestige
Pas même un point d'écart entre les 34,71% du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) et les 33,84% du PP après le dépouillement de l'entièreté des bulletins de vote des élections municipales de dimanche. Le Parti de M. Aznar recule d'à peine 0,6 point par rapport aux municipales de 1999. José Maria Aznar revendique la victoire tant aux municipales qu'aux régionales partielles convoquées simultanément. Le PP, dit-il en substance, a gagné dans neuf des treize régions (l'Espagne en compte dix-sept) qui renouvelaient leur parlement et dans 35 des 52 capitales provinciales d'Espagne.
L'ampleur et l'importance symbolique de la victoire de M. Ruiz-Gallardon, car un triomphe à Madrid en annonce d'ordinaire un autre aux législatives, le place en situation préférentielle pour succéder à José Maria Aznar comme tête de liste du PP au scrutin national de 2004. Alberto Ruiz-Gallardon remettrait alors peut-être les clefs de la mairie à Ana Botella, l'épouse de... José Maria Aznar, élue à la troisième place à Madrid sur la liste du PP, avec l'ambition de gérer les Affaires sociales de la capitale. Dès sa réélection en 2000, M. Aznar avait annoncé qu'il ne briguerait pas un troisième mandat. Peut-être par souci de favoriser un renouvellement démocratique naturel et sûrement pour éviter le sort de son prédécesseur socialiste Felipe Gonzalez, boudé par des électeurs qu'il sollicitait pour la quatrième fois. La majorité absolue du PP s'est imposée aussi notamment, dimanche, dans les villes de Valence, Malaga, Valladolid, Tolède et même Orense, l'une des quatre capitales provinciales de cette Galice si éprouvée par la marée noire du pétrolier Prestige. Dans l'ensemble de la Galice, où le scrutin n'était que municipal, le PP demeure de loin le premier parti, ne cédant, avec 41,47% des voix, que 4 points par rapport aux élections locales de 1999. Parmi les capitales de province, le parti de M. Aznar ne perd au profit des socialistes que Saragosse et leur reprend en revanche Grenade et Burgos. Au niveau régional, le PP récupère les Baléares, mais perd le contrôle du parlement de la Région de Madrid au profit d'une coalition socialo-communiste. Cette perte est pour M. Aznar la seule véritable contrariété du double scrutin de dimanche. Dans les villes basques, le PP n'a pu que maintenir ses positions. L'interdiction par la justice espagnole des partis indépendantistes proches des terroristes de l'ETA a surtout favorisé les nationalistes dits modérés et, dans une moindre mesure, les socialistes et les communistes. Comme José Maria Aznar, les socialistes crient aussi victoire, en pourcentage et en nombre de voix, le PSOE recueillant 200.000 suffrages de plus que le PP. Selon un calcul discutable de leur leader, José Luis Rodriguez Zapatero, les socialistes gouverneront sur le plan local 18 millions d'Espagnols contre 12 millions au Parti populaire, grâce principalement, comme au parlement régional de Madrid, à des alliances avec les communistes d'Izquierda Unida (Gauche unie). Neuf espagnols sur dix, selon les sondages, s'étaient déclarés hostiles à la guerre en Irak et à l'alignement de José Maria Aznar sur le bellicisme du président américain George W. Bush. On a compté, certains jours de février et mars, trois millions d'Espagnols manifestant dans la rue contre cette guerre, en arborant aussi des calicots contre la gestion catastrophique de la marée noire du Prestige. Si l'on considère en outre l'usure naturelle que fait peser sur M. Aznar sept années de présidence du gouvernement national, on comprend que la courte avance socialiste aux élections municipales et régionales soit interprétée par plusieurs éditorialistes madrilènes comme une victoire politique du PP, d'autant plus que la plupart des sondages annonçaient sa déconfiture. L'utilisation à outrance de la guerre d'Irak et de la marée noire pendant la campagne électorale a peut-être discrédité partiellement les socialistes et les communistes auprès d'électeurs plus sensibles aux promesses concrètes du PP, telle celle de la suppression des droits de succession entre parents et enfants, ainsi qu'entre époux. Il est vrai aussi que M. Aznar avait mis tout son poids dans la balance de ces élections, participant à plus de vingt meetings en deux semaines. Le double scrutin de dimanche en avait pris l'allure d'un référendum, gagné, sur la gestion du chef du gouvernement et en particulier sur son choix pro-américain dans le dossier irakien. Selon le sociologue José Juan Toharia, face à l'ampleur de la pression médiatique contre la guerre, le silence prudent d'une masse d'électeurs n'osant pas braver le pacifisme apparemment dominant aurait faussé les sondages. C'est pourtant sur la base de ceux-ci et de l'ampleur des manifestations contre la guerre que le coordinateur général d'Izquierda Unida, le député communiste Gaspar Llamazares, avait réclamé au parlement la démission de José Maria Aznar. Dangereux donc d'assimiler des sondages ou des manifestations à des photographies exactes de la réalité. Trois millions d'Espagnols dans la rue contre la guerre en Irak, cela pouvait vouloir dire aussi que 38 millions d'autres Espagnols n'étaient pas nécessairement solidaires d'un pacifisme dénaturé par une croissante xénophobie antiaméricaine. Vous pouvez réagir à cet article sur notre forum
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