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Retombée de l'appui de l'Espagne à la guerre en Irak

Les Etats-Unis déclarent terroriste le parti indépendantiste basque Batasuna

José Maria Aznar prône une liste mondiale unique des groupes terroristes

La drapeau basque, l'ikurriña, emblème tant des nationalistes dits modérés que des séparatistes armés
WASHINGTON / MADRID, jeudi 8 mai 2003 (LatinReporters.com) - Les Etats-Unis ont fait un cadeau politique remarqué au président du gouvernement espagnol, José Maria Aznar -l'un de leurs alliés dans la guerre en Irak- en incluant dans leur liste de groupes terroristes le parti indépendantiste basque Batasuna, façade politique des séparatistes armés de l'ETA. Ce succès diplomatique de M. Aznar pourrait l'aider à convaincre les Espagnols, majoritairement très hostiles à l'ETA, du bien-fondé de son alliance impopulaire avec les Etats-Unis en Irak. José Maria Aznar s'est prononcé aux Nations unies en faveur d'une liste universelle des groupes terroristes.

Publié mercredi dans le Federal Register (journal officiel du gouvernement de Washington), un ordre exécutif du secrétaire d'Etat américain Colin Powell signale que "l'ETA utilise ou a utilisé comme pseudonymes les noms Batasuna, Euskal Herritarrok et Herri Batasuna".

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Le parti indépendantiste basque Batasuna (qui s'était aussi appelé successivement Herri Batasuna et Euskal Herritarok) est ainsi officiellement assimilé par Washington à l'ETA. Or, l'ETA figurant nommément, depuis le 31 octobre 2001, sur la liste américaine des groupes considérés comme terroristes, Batasuna se retrouve d'office inclus dans la même catégorie.

Au-delà des appellations visées, le fait marquant est que les Etats-Unis ont mis au pilori la principale force indépendantiste radicale du Pays basque. Le score le plus élevé de Batasuna fut de 17,91% des suffrages aux élections régionales basques de 1998. Ce score s'était rétréci à 10,12% aux régionales de 2001.

En conséquence de la décision américaine, les éventuels avoirs financiers de Batasuna aux Etats-Unis sont gelés; ses représentants n'ont plus d'accès légal au territoire américain, sur lequel ils pourraient être détenus et les citoyens des Etats-Unis n'ont plus le droit d'aider matériellement (comme le faisait par exemple une partie de la communauté basque de l'Idaho) ce parti désormais considéré comme terroriste. Le réseau d'appuis tissé par les indépendantistes basques dans divers pays du continent américain s'en trouvera affecté.

En voyage officiel aux Etats-Unis, où il s'est entretenu avec le président George W. Bush pour la troisième fois cette année, José Maria Aznar a qualifié la mesure de "très bonne nouvelle". Selon lui, il faut y voir l'une des conséquences du soutien de son gouvernement à la guerre qui a renversé en Irak le régime de Saddam Hussein. Pour le Parti populaire (PP, conservateur) du chef du gouvernement espagnol, ce diagnostic est de bon augure avant les élections régionales et municipales du 25 mai prochain. (Au Pays basque, il ne s'agira que de municipales). Même l'opposition socialiste, par la voix de son porte-parole parlementaire, Jesus Caldera, admet que le geste de l'administration Bush est "positif".

M. Aznar y voit aussi la preuve que "les Etats-Unis reconnaissent la jurisprudence espagnole en matière de terrorisme". Le 17 mars dernier, le Tribunal suprême espagnol avait déclaré Batasuna illégal et décrété sa dissolution, jugeant prouvée son identification avec l'ETA. Les indépendantistes radicaux se sont aussitôt réorganisés sous une nouvelle appellation, AuB (Autodeterminaziorako Bilgunea, Plate-forme pour l'autodétermination), pour se présenter aux élections municipales du 25 mai. Le Tribunal constitutionnel devait confirmer ce jeudi la mise hors-la-loi également d'AuB. La radicalisation croissante des nationalistes dits modérés qui contrôlent le gouvernement basque complique néanmoins ce vieux problème régional.

A New York, mardi, devant le Comité contre-terroriste (CCT) du Conseil de sécurité des Nations unies, José Maria Aznar avait plaidé pour l'élaboration d'une liste mondiale unique d'organisations terroristes, qui unifierait notamment celle des Etats-Unis et celle de l'Union européenne (l'ETA figure également sur cette dernière). L'Espagne préside le CCT depuis le 4 avril pour une période de six mois renouvelable.

L'ambassadeur du Royaume-Uni au Conseil de sécurité, Jeremy Greenstock, a prévenu que l'établissement d'une telle liste universelle se heurte à la difficulté d'obtenir un large consensus international sur la définition même de la notion de terrorisme.

Les attentats des commandos armés de l'ETA ont fait 840 morts et 2.376 blessés depuis 1968. Paradoxalement, ces actions terroristes se sont intensifiées après la fin de la dictature franquiste, en 1975, malgré la démocratisation de l'Espagne et malgré l'autonomie régionale octroyée par Madrid au Pays basque.

Ce terrorisme basque est l'une des explications, peut-être la principale, du soutien apporté par José Maria Aznar à la lutte internationale contre le terrorisme menée par les Etats-Unis depuis les attentats islamistes du 11 septembre 2001 contre New York et Washington. M. Aznar lui-même a survécu par miracle à un attentat de l'ETA.

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