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Sandra Torres de Colom est appuyée par son mari, le président Colom
Guatemala / polémique : la Première dame brigue la présidence, bravant la Constitution
 

Sandra Torres de Colom annonçant le 8 mars 2011 sa candidature à l'élection présidentielle du 11 septembre. (Photo Carlos Sebastian / Prensa Libre)

CIUDAD DE GUATEMALA, vendredi 11 mars 2011 (LatinReporters.com) Première dame du Guatemala et figure de l'industrie textile nationale, Sandra Torres de Colom, 51 ans, a fait éclater la polémique en annonçant sa candidature à l'élection présidentielle du 11 septembre 2011. Au risque de favoriser la violence, elle brave ainsi un interdit constitutionnel, avec l'appui de son mari, le président sortant Alvaro Colom, premier chef d'Etat de gauche depuis un demi-siècle au Guatemala, lui-même limité à un mandat.

Sandra Torres jouit sur le plan électoral de l'avantage théorique de diriger le Conseil de cohésion sociale depuis janvier 2008, date de l'investiture du gouvernement socialiste modéré formé par son mari, que la Constitution empêche d'être candidat à sa propre succession. Ce Conseil chapeaute plusieurs programmes nationaux de lutte contre la pauvreté, qui frappe plus de la moitié des 14 millions de Guatémaltèques.

Aussi s'est-elle présentée en candidate des pauvres, du "Guatemala abandonné", pour annoncer son entrée dans la course à la présidence en visitant un quartier populaire de la périphérie ouest de Ciudad de Guatemala, la capitale. C'était le 8 mars, Journée Internationale de la Femme. Une date choisie avec préméditation.

Selon la Première dame, sa candidature sous la bannière du parti présidentiel, l'Union nationale de l'espoir (UNE), répond à "la clameur populaire". Mais le dernier sondage, publié il est vrai avant l'annonce officielle de cette ambition présidentielle connue de tous, n'octroie à l'épouse du président Colom que 11,1% des intentions de vote, contre 42,9% à son  principal adversaire, l'ancien général Otto Pérez Molina, candidat du Parti Patriote (PP, droite).

Quoiqu'attendue, la décision de Sandra Torres a déclenché une vive polémique, qui menace de placer la campagne électorale sous le signe de la violence dans un pays où la criminalité commune fait déjà entre 5.000 et 6.000 morts par an.

Le Guatemala n'est pas l'Argentine

Contrairement au silence sur ce point de la Constitution de l'Argentine, où Cristina Fernandez de Kirchner succédait légalement à son mari Nestor Kirchner en 2007 à la présidence, la Constitution guatémaltèque oppose à la Première dame un interdit au point c) de son article 186. Il prohibe la candidature présidentielle des "parents" du président et du vice-président en exercice, "jusqu'au quatrième degré de consanguinité et deuxième degré d'affinité". [NDLR - En droit, l'affinité est la parenté par alliance.]

Consulté par le Congrès de la République (Parlement), le Tribunal constitutionnel (Corte de Constitucionalidad) du Guatemala précisait voici plus de vingt ans, le 16 novembre 1989, que cette prohibition "inclut le conjoint" du chef de l'Etat.

Comment dès lors expliquer la candidature de Sandra Torres et l'appui de son mari, le président Alvaro Colom? Sur quoi se fondent-ils pour affirmer publiquement que cette candidature est légale et qu'ils n'ont donc pas besoin d'un divorce à l'amiable pour satisfaire à la Constitution?

Les avocats de l'UNE, les plus impliqués dans le soutien à Sandra Torres, soulignent que l'avis émis en novembre 1989 par le Tribunal constitutionnel n'était que consultatif et n'aurait donc pas établi jurisprudence.

Ils citent ensuite le Code civil, selon lequel l'union entre conjoints ne crée par le "degré de consanguinité" mentionné par l'interdit constitutionnel. Réponse apparemment évasive, car dans le cas de Sandra Torres et de son mari Alvaro Colom il s'agit de "degré d'affinité", non de consanguinité. Mais dans une interview publiée le 10 mars par le quotidien Prensa Libre, Sandra Torres entretient le même halo de semi-vérité en affirmant : "Je m'en tiens à ce que dit le code civil à propos du mariage, qui ne crée pas de degré".

Candidature inquiétante en 2003

Pour mieux sauter la prohibition mentionnée par la Constitution, les juristes de la Première dame invoquent en outre l'article 136 de la même Constitution, qui reconnaît notamment aux citoyens le droit "d'élire et d'être élu". Mais en vertu de la même argumentation, les mineurs d'âge, les prêtres, les magistrats et les auteurs de coups d'Etat ne pourraient-ils pas également briguer la présidence, malgré l'interdit constitutionnel qui les frappe aussi?

L'affaire semblerait relever du surréalisme si, précisément, un ancien putschiste notoire, l'ex-général et dictateur José Efrain Rios Montt, accusé de crimes présumés contre l'humanité, n'avait pas obtenu l'aval inattendu et suspect du Tribunal constitutionnel pour se présenter à l'élection présidentielle guatémaltèque de 2003, dont il fut éliminé au premier tour.

Le risque que l'ambition présidentielle de Sandra Torres soit avalisée à son tour par un "Tribunal constitutionnel obséquieux" est dénoncé par Prensa Libre, quotidien de référence du Guatemala. Le renouvellement des magistrats de ce tribunal est imminent et leur désignation dépend partiellement du pouvoir et du Parlement. Sous le titre "La lutte pour la légalité commence", l'éditorialiste de Prensa Libre stigmatisait le 9 mars "les actions gouvernementales en faveur de la continuation dynastique du régime".

Du côté de l'opposition, la secrétaire générale du Parti Patriote, Roxana Baldetti, estime que la défaite électorale de Sandra Torres sera "la réponse du peuple" si sa candidature n'était pas invalidée. Pour savoir si elle le sera ou non, il faudra attendre encore plusieurs semaines. Le Tribunal suprême électoral ne convoquera en effet officiellement que le 2 mai prochain les élections présidentielle, législatives et municipales simultanées du 11 septembre.

Polarisation redoutée, comme au Nicaragua

L'analyste Marco Antonio Barahona, directeur adjoint de l'Institut centraméricain d'études politiques, souligne "le risque de polarisation" entre partisans et adversaires de la candidature de Sandra Torres, laquelle, ajoute-t-il, "génère le noir ou le blanc, jamais le gris". Cette opinion s'apparente à celle de l'ambassade des Etats-Unis, qui soulignait la personnalité "abrasive" de la Première dame dans des courriers diplomatiques dévoilés par WikiLeaks.

Hasard ou non, le premier affrontement lié aux élections générales du 11 septembre se produisait au lendemain de l'annonce de la candidature de Sandra Torres. Des heurts entre sympathisants de l'UNE présidentielle et opposants du Parti Patriote faisaient au moins 50 blessés le 9 mars à Zacualpa (département central de Quiché). Plusieurs véhicules y ont été incendiés.

Un autre pays d'Amérique centrale, le Nicaragua, est lui aussi agité par un conflit institutionnel, générateur potentiel de violence, avant ses élections présidentielle et législatives, prévues pour le 6 novembre. Avalisée par des juges complaisants, la nouvelle candidature présidentielle du président sortant, le sandiniste Daniel Ortega, viole la Constitution nicaraguayenne, qui prohibe la réélection immédiate.

Une révision constitutionnelle serait la voie légale pour satisfaire les ambitions de la Première dame du Guatemala et celles de Daniel Ortega au Nicaragua. Mais ni l'une ni l'autre ne disposent de la majorité parlementaire qualifiée exigée par leur Charte suprême respective pour mener à bien cette révision. De là leurs libertés prises avec l'Etat de droit, sans émouvoir, jusqu'à présent, les instances internationales.

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LE COUPLE PRÉSIDENTIEL
DIVORCE POUR TENTER
DE RESTER AU POUVOIR

CIUDAD DE GUATEMALA, mardi 22 mars 2011 (LatinReporters) - Ce serait "immoral" répliquait systématiquement le président du Guatemala, le socialiste modéré Alvaro Colom, lorsqu'on lui demandait s'il divorcerait de sa femme, Sandra Torres de Colom, afin qu'elle puisse être candidate à l'élection présidentielle du 11 septembre prochain sans subir l'interdit qui frappe les parents proches du président en exercice. Leur divorce est néanmoins en cours révélait le 21 mars le porte-parole de la Cour suprême de justice, Edwin Escobar.

Le 8 mars dernier, affirmant répondre à "la clameur populaire", Sandra Torres annonçait son entrée dans la course à la présidence en se présentant comme la candidate des pauvres sous la bannière du parti présidentiel, l'Union nationale de l'espoir, l'UNE. (Voir article ci-contre).

Cette annonce souleva un tollé politique et médiatique. Car outre l'interdiction de toute réélection présidentielle, qui frappe donc le président Colom, la Constitution guatémaltèque prohibe aussi la candidature présidentielle des "parents" du président et du vice-président en exercice, "jusqu'au quatrième degré de consanguinité et deuxième degré d'affinité" (article 186 c). Or, par mariage, Sandra Torres se situe au premier degré d'affinité.

Face au tollé, le couple présidentiel et les avocats de l'UNE nièrent la portée de l'article 186 c de la Constitution, prétendirent qu'il entrait en contradiction avec des dispositions du code civil et citèrent en outre un autre article de la Charte suprême, le 136, qui reconnaît aux citoyens le droit "d'élire et d'être élu". Ils en déduisirent que la candidature de Sandra Torres était légale et que le couple présidentiel n'avait donc nul besoin de recourir à un divorce qu'il n'envisageait même pas.

Néanmoins, le 11 mars, trois jours à peine après l'annonce de la candidature présidentielle de Sandra Torres, un tribunal de Ciudad de Guatemala, la capitale, était saisi d'une demande de divorce par consentement mutuel du couple présidentiel. La révélation de cette procédure par le porte-parole de la Cour suprême de justice n'a pas fait retomber, bien au contraire, l'indignation soulevée par l'ambition de Sandra Torres.

"Sans précédent en Amérique latine" [le cas de Cristina Fernandez de Kirchner en Argentine n'est pas comparable]

En Argentine, Cristina Fernandez de Kirchner avait succédé légalement à son mari Nestor Kirchner en 2007 à la présidence. Ce cas ne peut être invoqué ni comme précédent ni comme argument par Sandra Torres, car l'interdit constitutionnel qui frappe l'épouse du président n'existe pas en Argentine et les Kirchner n'ont jamais divorcé. (Nestor est mort inopinément le 27 octobre 2010).

En réaction au divorce en cours, des avocats, des professeurs de droit, des prélats, des éditorialistes et de simples citoyens sur les réseaux sociaux d'Internet dénoncent "l'immoralité" du président Alvaro Colom et de sa femme. Des constitutionnalistes et l'opposition avertissent en outre qu'un divorce visiblement conçu dans le seul but de permettre à Sandra Torres de briguer la présidence risque d'être sanctionné par la justice en tant que fraude de loi, commise donc pour détourner l'ordre juridique en vigueur. Ce serait un motif d'annulation de la candidature de la Première dame.

Sous le titre "Ce divorce se moque de la Constitution", l'éditorialiste de Prensa Libre, quotidien guatémaltèque de référence, qualifiait le 22 mars le polémique divorce présidentiel en cours de "fait sans précédent dans l'histoire politique de l'Amérique latine", de "tentative grossière de légaliser une action [la candidature présidentielle] visant à inaugurer une dynastie au Guatemala", de conduite "honteuse" du président Colom et de "manque de respect à l'intelligence des citoyens".

Les candidatures à l'élection présidentielle du 11 septembre seront clôturées deux mois avant le scrutin, soit le 11 juillet. On saura alors si Sandra Torres persiste dans son ambition contestée, qui fait redouter une campagne électorale violente, et si la justice s'y oppose ou non. Les sondages actuels prédisent la victoire de l'opposition de droite, incarnée par l'ancien général Otto Pérez Molina, candidat du Parti Patriote.
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