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Le président dit jouer son "destin politique" le 15 février
Venezuela: référendum sur la réélection illimitée de Chavez

Hugo Chavez en campagne pour le oui à sa réélection illimitée. (Photo www.votasi.org.ve)
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CARACAS, vendredi 13 février 2009 (LatinReporters.com) - Près de 17 millions des 28 millions de Vénézuéliens pourront dire oui ou non, au référendum du 15 février, à l'amendement constitutionnel qui octroierait aux mandataires publics élus au suffrage universel, dont le président de la République, le droit de briguer leur réélection quel que soit le nombre de mandats déjà assumés. En clair, une victoire du oui permettrait à Hugo Chavez, 54 ans, de solliciter des électeurs un nouveau mandat présidentiel de six ans en 2012.

Par contre, le triomphe du non l'empêcherait d'être à nouveau candidat à la présidence du Venezuela. L'article 230 de la Constitution bolivarienne n'autorise en effet, dans sa rédaction actuelle, que deux mandats consécutifs. Hugo Chavez les a déjà conquis en 2000 et 2006. (Sa victoire antérieure à l'élection présidentielle de décembre 1998 était régie par une autre Constitution).

La révision de l'article 230 afin de permettre la réélection illimitée faisait déjà partie du vaste projet de réforme de la Constitution, portant sur 69 de ses 350 articles, que les Vénézuéliens rejetèrent par 51% de non lors du référendum de décembre 2007. Par cette réforme frustrée, qui signifia son unique revers électoral en 10 ans de pouvoir, Chavez visait à faire de son socialisme dit bolivarien l'option constitutionnelle irréversible du Venezuela.

L'enjeu actuel est plus ponctuel et donc différent. S'il s'agissait essentiellement en décembre 2007 de couler explicitement le socialisme dans la Constitution, aujourd'hui le oui et le non sont centrés sur l'avenir de Hugo Chavez et de son ambition présidentielle. Le leader bolivarien est le véritable enjeu de la la consultation. Vu sa popularité, décroissante mais supérieure à celle de tout autre politicien du Venezuela, cette personnalisation semble le favoriser dans les sondages. La plupart prédisent une courte victoire du oui.

Le non paraissait favori avant que, dans la proposition d'amendement et sur requête de Hugo Chavez, l'Assemblée nationale (Parlement monocaméral) n'étende aux principaux autres mandataires élus au suffrage universel le bénéfice du droit illimité à briguer leur propre succession. L'amendement concerne en conséquence à la fois les articles 160, 162, 174, 192 et 230 de la Charte fondamentale. Il s'agit d'y faire sauter le verrou à la réélection continue, respectivement, des gouverneurs des Etats, des députés régionaux (conseillers législatifs des Etats), des maires, des députés de l'Assemblée nationale et du président de la République. La campagne pour le oui a ainsi bénéficié de complicités actives régionales que n'aurait pas mobilisées aussi intensément le sort du seul président.

Hugo Chavez juge "didactique" la question sinueuse et nullement neutre à laquelle les Vénézuéliens doivent répondre oui ou non: "Approuvez-vous l'amendement des articles 160, 162, 174, 192 et 230 de la Constitution de la République, élaboré par l'Assemblée nationale, qui élargit les droits politiques du peuple afin de permettre que tout citoyen ou citoyenne exerçant un mandat électif populaire puisse postuler en tant que candidat ou candidate le même mandat pour la durée établie constitutionnellement, son éventuelle élection dépendant exclusivement du vote populaire?"

Un jugement de valeur, selon lequel le quintuple amendement "élargit les droits politiques du peuple", est donc inséré dans la question pour favoriser le oui.

"On ne peut pas manipuler les gens en invoquant les principes et valeurs démocratiques, en pensant que le peuple est idiot et ne se rend pas compte que l'objectif est de concentrer le pouvoir sur un seul homme", a estimé le député Juan José Molina, du parti d'opposition Podemos.

Saul Cabrera, directeur de l'institut de sondages Consultores 21, croit pour sa part que l'absence du mot "réélection" dans la question soumise à référendum "fait partie d'une stratégie visant à occulter ce que l'électorat rejette".

L'opposition, confortée par la fronde anti-régime qui grandit dans les universités, qualifie le référendum d'illégal dans la mesure où l'échec référendaire de la vaste révision constitutionnelle proposée en décembre 2007 aurait déjà signifié le refus populaire de la réélection présidentielle illimitée. Les adversaires de Hugo Chavez sont convaincus que sa principale ambition est de se perpétuer au pouvoir, comme l'a fait son allié cubain Fidel Castro pendant près d'un demi-siècle.

Néanmoins, le droit continu de briguer sa propre succession si le oui l'emporte au référendum du 15 février ne dispenserait pas Hugo Chavez de devoir gagner toute élection présidentielle à laquelle il participerait encore pour demeurer ou revenir à la tête de l'Etat. Le droit d'être candidat n'est pas une assurance de victoire.

Messie irremplaçable?


A la marée rouge de ses partisans qui emplissait jeudi à Caracas l'avenue Bolivar, Chavez clamait qu'est venue "l'heure de la victoire définitive de la révolution... Vous allez décider de mon destin politique. Vous allez dire si Chavez s'en va ou si Chavez reste". Mais si le non l'emporte, avertissait-il, "l'oligarchie" balaiera "les progrès de la révolution", les programmes sociaux et les plans socialistes de production. Lors de discours précédents, la plupart retransmis obligatoirement par les médias audio-visuels publics et privés, Hugo Chavez s'estimait déjà lui-même indispensable à la poursuite de sa révolution bolivarienne et pour empêcher le retour de "la droite fasciste".

Cette nécessité autoproclamée d'un messie irremplaçable -qui a érigé par décret en jour férié national l'anniversaire de son accession au pouvoir- contraste avec la sérénité de deux icônes de la gauche latino-américaine, la présidente chilienne Michelle Bachelet et le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, face aux sondages peut-être prématurés qui prédisent l'arrivée de la droite à la présidence en décembre prochain au Chili et en 2010 au Brésil dans un processus d'alternance démocratique.

Au Venezuela, la prochaine élection présidentielle n'aura lieu qu'en décembre 2012. Pourquoi, alors, l'empressement de Chavez à s'assurer un droit constitutionnel continu à briguer sa propre succession? La plupart des analystes l'expliquent par l'effondrement de la manne pétrolière dû à la crise financière et économique mondiale. La valeur moyenne du baril de brut vénézuélien est cette semaine de 35,92 dollars, contre près de 140 dollars en juillet 2008. L'aggravation de la crise planétaire est prévue par tous les analystes. Or, le Venezuela, 5e exportateur mondial de pétrole, a planifié son budget 2009 sur la base devenue irréelle d'un baril à 60 dollars. De prochaines coupes sombres dans les programmes sociaux en deviennent inévitables. Elles saperont la popularité de Chavez, qui chercherait donc à préserver son destin politique avant cette échéance.


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Commentaire
EURODÉPUTÉ EXPULSÉ
ET PROSE INQUIÉTANTE
DE CHAVEZ ET CASTRO


MADRID, dimanche 15 février 2009 (LatinReporters) - L'exaltation avec laquelle les chroniqueurs de presse que sont devenus Fidel Castro et Hugo Chavez soulignent la nécessité d'un oui référendaire à la réélection présidentielle illimitée au Venezuela inquiète davantage que l'expulsion de ce pays de l'eurodéputé espagnol Luis Herrero.

"Notre futur est inséparable de ce qui va se produire dimanche [15 février 2009], jour de l'approbation de l'Amendement Constitutionnel [soumis à référendum au Venezuela]. Il n'existe pas d'alternative à la victoire. Le destin des peuples de Notre Amérique dépendra beaucoup de cette victoire et ce sera un événement qui influera sur le reste de la planète" écrivait le 13 février Fidel Castro dans ses "Réflexions du compañero Fidel" publiées par les médias officiels cubains.

Le leader historique du communisme castriste, qui n'a jamais autorisé un scrutin pluraliste en un demi-siècle de pouvoir assumé aujourd'hui par son frère Raul, semblait ainsi considérer vendredi les résultats du référendum vénézuélien de ce dimanche aussi sûrs et aussi indispensables que le sont à ses yeux les résultats électoraux du Parti communiste de Cuba, l'unique parti autorisé dans la grande île des Caraïbes.

Et dans les dernières "Lignes de Chavez", publiées dimanche matin par des médias publics vénézuéliens sous le titre "Aujourd'hui 15 février! Etre ou ne pas être", le président du Venezuela invoquait Shakespeare et citait le "Rien n'est plus puissant qu'une idée dont le moment est venu" de Victor Hugo pour assimiler au "grand rêve de la Patrie définitivement libérée" le oui référendaire à sa réélection illimitée.

Après de tels élans messianiques du tandem idéologique Chavez-Castro, le pouvoir chaviste pourrait-il accepter ou même seulement imaginer une victoire du non? Se poser la question est déjà en soi une réponse, plus inquiétante encore que la mésaventure survenue à l'eurodéputé espagnol Luis Herrero, du Parti populaire (conservateur).

Littéralement enlevé à son hôtel par un commando des services de sécurité du Venezuela, il fut reconduit manu militari vendredi soir à l'aéroport de Caracas et embarqué de force, sans effets personnels, dans un avion à destination du Brésil pour avoir, dans une provocation peut-être intentionnelle, envisagé devant les caméras du canal vénézuélien Globovision une possible "fraude" électorale du "dictateur" Chavez.
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