Venezuela: ONU, Etats-Unis et patronat admettent la victoire de ChavezLe scrutin va être audité
La majorité des Vénézuéliens (58%) s'étaient prononcés contre la révocation du chef de l'Etat réclamée par l'opposition. Celle-ci crie à la fraude. Elle se retrouve divisée et isolée sur le plan international. Hugo Chavez "a reçu l'appui de la majorité des votants" a dit à Washington, lors d'une conférence de presse, un porte-parole du Département d'Etat, Adam Ereli. Dans le groupe des acteurs directs ou indirects importants de la crise vénézuélienne, les Etats-Unis ont été parmi les plus réticents à reconnaître la victoire du président Chavez. En avril 2002, ils furent les premiers à justifier la brève mise à l'écart, lors d'un putsch avorté, du chef de l'Etat vénézuélien, souvent considéré comme un populiste de gauche, notamment pour ses liens de plus en plus étroits avec le régime cubain de Fidel Castro. La semaine dernière, Adam Ereli l'a rappelé, le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, estimait que si le référendum se déroulait dans la liberté, la justice et la transparence, un pas important serait franchi vers une solution pacifique, démocratique et constitutionnelle de la longue crise vénézuélienne. Audit du scrutin Le Conseil national électoral (CNE) du Venezuela entamera ce mercredi un audit des résultats de 150 bureaux de votes choisis au hasard. Le vote référendaire du 15 août était électronique, mais un imprimé confirmait le choix de l'électeur. Présents à Caracas depuis la veille du référendum, le secrétaire général de l'OEA, Cesar Gaviria, et l'ex-président américain Jimmy Carter, qui dirige le Centre Carter (fondation promouvant la paix internationale), avaient validé les résultats du vote dès lundi. Ils n'ont aucun doute sur la régularité de la victoire de Hugo Chavez. Néanmoins, comme les Etats-Unis, ils estiment que le nouvel audit contribuera à dissiper les doutes de l'opposition et de l'opinion publique nationale et internationale. Des représentants de l'opposition, du gouvernement et du Conseil national électoral devraient participer à cette vérification. Nations Unies et patronat Dans une déclaration rendue publique mardi à New York, le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, s'est félicité de la manière pacifique et ordonnée dont s'est déroulé le référendum, y voyant l'expression "d'un sens élevé de la responsabilité et du respect des valeurs démocratiques." Il a pris note des résultats préliminaires annoncés par le CNE et confirmés, rappelle-t-il, par l'Organisation des Etats américains et par le Centre Carter (qui indiquent que 58% des électeurs ont rejeté la révocation du président Chavez). Kofi Annan admet ainsi implicitement les résultats, mais en laissant à l'OEA et au Centre Carter la responsabilité de les estimer authentiques. Le secrétaire général de l'ONU a encore appelé les Vénézuéliens à "s'engager dans un dialogue constructif sur l'avenir du Venezuela". Enfin, la principale organisation patronale vénézuélienne, Fedecamaras, a elle aussi admis la victoire du président Chavez. "Nous n'avons pas eu la force, la capacité suffisante pour transmettre notre message à ceux qui devaient prendre la décision (les électeurs)" reconnaît Albis Muņoz, présidente de Fedecamaras. Cet aveu est un coup de massue asséné à l'ensemble de l'opposition, dont l'un des principaux leaders, le démocrate-chrétien Enrique Mendoza, réclame encore "la répétition du référendum frauduleux". Fedecamaras est en effet l'un des piliers de la Coordination démocratique, qui regroupe les dizaines de partis et organisations hostiles au chef de l'Etat. Lors du putsch avorté d'avril 2002 contre Hugo Chavez, c'est le président de l'époque de Fedecamaras, Pedro Carmona, qui avait pris pendant 48 heures la tête d'une junte civilo-militaire balayée par le retour triomphal de Chavez, porté par la foule et des militaires qui lui étaient restés fidèles. Après sa défaite au référendum convoqué à son initiative (par le recueil de plus de 2,5 millions de signatures), l'opposition est donc désormais isolée sur le plan international et divisée intérieurement. De l'extrême droite à l'extrême gauche, elle regroupe notamment des militaires ultras, d'anciens guérilleros, les principaux syndicats et organisations patronales, ainsi que la démocratie chrétienne (Copei) et la social-démocratie (Accion Democratica) qui, toutes deux, se partagèrent le pouvoir pendant des décennies au Venezuela. Chavez et sa révolution bolivarienne ont donc gagné contre l'ensemble de l'establishment traditionnel de droite, du centre et de gauche. En combinant révolution et démocratie, un couple rare, le Venezuela de Chavez ouvre peut-être une voie peu explorée en Amérique latine. Vous pouvez réagir à cet article sur notre forum
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