CARACAS, dimanche 25 septembre 2011 (LatinReporters.com) - Dans l'attente de "la pleine récupération de la santé
du président Hugo Chavez", la visite officielle au Venezuela de son
homologue et allié iranien Mahmoud Ahmadinejad
a été reportée "aux prochaines semaines, peut-être
aux prochains mois" a indiqué le ministre vénézuélien
des Affaires étrangères, Nicolas Maduro. Les doutes sur l'évolution
du cancer de Hugo Chavez s'en trouvent renforcés.
|
|
Hugo Chavez et sa fille aînée Rosa Virginia, le 22 septembre
2011 à l'aéroport de Maiquetia-Caracas. Ils revenaient de Cuba,
où le président vénézuélien a subi une
4ème séance de chimiothérapie. (Photo Marcelo Garcia /
Prensa Presidencial) |
La cinquième visite à Caracas du chef d'Etat iranien devait
couronner le 24 septembre la signature, la veille dans la capitale vénézuélienne,
de nouveaux accords bilatéraux de coopération, notamment dans
les secteurs du logement, de la construction, de l'alimentation et de l'agriculture.
C'est à l'issue de la réunion de la Commission bilatérale
irano-vénézuélienne que le ministre Maduro révélait
l'ajournement de la venue de "notre cher frère, le président
Mahmoud Ahmadinejad".
Le report sine die de la visite a d'autant plus surpris que Hugo Chavez lui-même
avait annoncé une semaine plus tôt la prochaine arrivée
du président iranien et qu'à son retour le 22 septembre de
Cuba, où il venait de subir une quatrième chimiothérapie
depuis son opération d'un cancer, le dirigeant bolivarien avait salué
le "grand succès" et la fin de son cycle de chimiothérapie.
"Je me sens bien, très bien, et je continuerai à assumer,
au rythme adéquat, mes tâches à la tête du gouvernement,
à la tête de l'Etat, à la tête du mouvement révolutionnaire"
avait alors assuré Hugo Chavez. Ces dernières semaines, il a
maintes fois réaffirmé que son corps ne renfermerait plus la moindre
cellule cancéreuse et qu'il ne faudrait donc pas prêter attention aux
rumeurs alarmistes sur sa santé.
Depuis que le leader de la gauche radicale latino-américaine a admis,
le 30 juin dernier, avoir été opéré d'un cancer
dix jours plus tôt à la Havane, l'expression "rétablissement
total" est au Venezuela omniprésente dans les discours officiels.
Cet optimisme obligé va de pair avec la précampagne que Hugo
Chavez a déjà lancée pour soutenir sa candidature à
un troisième mandat de six ans à l'élection présidentielle
avancée au 7 octobre 2012, deux mois plus tôt que la date habituelle.
"Se préparer à un monde sans Chavez" ?
L'optimisme officiel a ses détracteurs, dont les plus incisifs n'ont
pas nécessairement le bénéfice de la neutralité.
"Chavez est dans un état
très sérieux et qui ne s'améliore pas comme ses médecins
l'espéraient (...) Cela signifie que nous devrions commencer à
songer et à nous préparer à un monde sans Hugo Chavez"
prétendait le 22 septembre Roger Noriega, ex-ambassadeur des Etats-Unis
auprès de l'Organisation des Etats américains (OEA). Il s'exprimait
lors d'un forum organisé par le Centre de politique hémisphérique
de l'Université de Miami.
Selon les "sources très dignes de foi qui nous informent depuis des
années" auxquelles s'est référé Roger Noriega,
Hugo Chavez n'aurait que 50% de probabilités de survivre au-delà
des 18 prochains mois et la quatrième séance de chimiothérapie
que vient officiellement de subir le président vénézuélien
à La Havane ne serait en réalité que la troisième.
"Lorsqu'il se rendit à Cuba pour la seconde séance, les médecins
décidèrent de ne pas la réaliser, estimant qu'elle ferait
plus de mal que de bien à cause de son bas niveau de globules rouges"
a affirmé l'ex-ambassadeur.
Comme Roger Noriega, les instituts de sondage du Venezuela croient que le
président Chavez est contraint de donner des signes de vitalité
pour être réélu en 2012, note la journaliste vénézuélienne
Maye Primera, correspondante à Caracas de l'influent quotidien espagnol
de centre gauche El Pais. Elle cite le directeur de Datanalisis, Luis Vicente
Leon, selon lequel "la pitié ne mène pas à la présidence
et la maladie n'a pas de connexion avec le futur".
Hugo Chavez serait-il donc contraint de tromper les Vénézuéliens
en projetant en permanence, pour être réélu, l'image
d'une supposée pleine guérison d'un cancer dont la nature n'a toujours
pas été révélée? A souligner, dans ce contexte,
que le dernier sondage de Datanalisis lui attribue une popularité
d'encore 50%. Un score en principe suffisant pour remporter à nouveau
l'élection présidentielle. Comme au Mexique, elle se joue au Venezuela
en un tour unique dont le vainqueur est le candidat obtenant le plus de voix,
sans besoin de majorité absolue.