CARACAS, lundi 27 septembre 2010 (LatinReporters.com) - Le Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV) du président Hugo Chavez a remporté
les élections législatives du 26 septembre, mais il est privé
de la majorité stratégique des deux tiers des députés
de l'Assemblée nationale. En outre, l'opposition affirme, sans être
démentie, avoir séduit 52% des électeurs.
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Elections législatives du 26 septembre 2010 - Dans un bureau électoral
de Caracas, le président vénézuélien Hugo Chavez dépose dans l'urne son justificatif de vote électronique. Photo Efrain Gonzalez / Prensa presidencial |
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Le nouveau découpage des circonscriptions électorales effectué
par le pouvoir pour limiter la poussée prévisible des adversaires
d'Hugo Chavez a donc fonctionné. Le PSUV a gagné en sièges
face à une opposition qui serait désormais majoritaire en voix.
Si ce retournement numérique des électeurs était confirmé,
ce serait un coup dur pour Chavez. Il s'était placé au centre
de la campagne électorale et avait présenté les législatives
comme le lancement de sa candidature à l'élection présidentielle
de décembre 2012.
En annonçant les premiers résultats officiels
lundi à 2h00 locales, six heures après l'heure initialement
prévue. le Conseil national électoral (CNE) a fait état
d'une participation de 66,45% des 17,7 millions de Vénézuéliens
appelés aux urnes. Ventilant les sièges, le CNE s'est significativement
gardé de mentionner les pourcentages recueillis par le PSUV et par
l'opposition, fédérée au sein de la Mesa de la Unidad
Democratica (MUD - Table de l'unité démocratique). Cette dernière
se prévaut de 52% des suffrages.
Dans l'attente de l'attribution de 7 sièges, 158 des 165 députés
de l'Assemblée nationale monocamérale se répartissent
comme suit : PSUV 95, MUD 61 et PPT 2. Ancien allié de Chavez, le
PPT (Patrie pour tous) propose une troisième voix de centre gauche
qui échapperait à la crispation entretenue par les chavistes
du PSUV et leurs adversaires de la MUD.
Saluant la "victoire de la démocratie", le maire de Caracas, l'opposant
social-démocrate Antonio Ledezma, n'en estime pas moins "inacceptable"
qu'une loi électorale "frauduleuse" laisse minoritaire en sièges
une opposition majoritaire en voix.
Quasi totalement absente de l'Assemblée nationale au cours de la dernière
législature pour avoir boycotté les législatives de
2005, l'opposition ne pouvait logiquement qu'améliorer sa représentation
parlementaire. Elle le fait avec force puisqu'elle prive le PSUV de la majorité
des deux tiers, établie à 110 députés sur 165.
Cette majorité qualifiée permettait à Hugo Chavez de
faire approuver sans négociation les lois organiques structurant sa
révolution bolivarienne et d'assurer la nomination de ses partisans
à des postes clés de l'administration et de la justice.
Une autre majorité qualifiée, celle des trois cinquièmes,
soit 99 députés sur 165, risque d'échapper aussi aux
partisans de Chavez. Sans cette majorité, le président ne pourra
plus gouverner par décrets comme il l'a fait à plusieurs reprises
pendant des périodes et sur des matières déterminées
par l'Assemblée nationale.
"Cette Assemblée nationale ne peut plus légiférer comme
si le peuple vénézuélien n'avait pas parlé" prévient
Ramon Guillermo Aveledo, porte-parole de la MUD.
Le "balcon du peuple" est resté vide
La révolution bolivarienne et le socialisme du 21e siècle
du chef de file de la gauche radicale latino-américaine subissent-ils
un brusque coup d'arrêt? Répondre serait prématuré,
mais l'un des pères spirituels d'Hugo Chavez, l'ex-président
cubain Fidel Castro, avait lui-même prévenu dans ses dernières
Réflexions adressées aux Vénézuéliens
que "l'Empire [les Etats-Unis; ndlr] veut affaiblir la Révolution
[bolivarienne], limiter sa capacité de lutte et la priver des deux
tiers de l'Assemblée nationale pour faciliter ses plans contre-révolutionnaires".
"L'objectif était 110 députés. Cela n'a pas été
possible, mais nous en avons 95. C'est une victoire cinglante" reconnaît
et se console à la fois Aristobulo Isturiz, chef de la campagne électorale
du PSUV. A la veille des élections, le même Aristobulo
Isturiz affirmait : "Nous travaillons non pas pour la majorité, mais
pour l'hégémonie à l'Assemblée". Un autre résultat
serait "gagner en perdant", "une victoire au goût de défaite", ajoutaient alors des
responsables du parti de Chavez en insistant sur l'objectif des deux tiers des députés.
Dans la nuit de dimanche à lundi, au palais présidentiel de
Miraflores, personne n'est apparu au "balcon du peuple" du haut duquel Hugo
Chavez galvanisait ses partisans après chaque victoire électorale.
Le président a compensé son absence par ce message digital
sur son compte Twitter : "Eh bien, mes chers compatriotes, ce fut une
grande journée et nous avons obtenu une solide victoire, suffisante
pour continuer à approfondir le socialisme bolivarien et démocratique...".
Excès d'optimisme? Peut-être, mais en 11 ans et demi de pouvoir,
Hugo Chavez a toujours réussi à prendre ses adversaires à
contre-pied.
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