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Cuba: malgré la répression, Oswaldo Paya et 14.000 Cubains relancent le Projet Varela de démocratisation

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Dossier Cuba

LA HAVANE, lundi 6 octobre 2003 (LatinReporters.com) - Depuis la répression, en mars dernier, qui a durement frappé 75 dissidents, dont plusieurs dizaines de défenseurs du Projet Varela de démocratisation de Cuba, la réactivation de ce projet est un premier et spectaculaire défi lancé à Fidel Castro. Comme en mai 2002, le dissident Oswaldo Paya a présenté vendredi dernier au Parlement de La Havane plus de 10.000 signatures -14.384 exactement- de Cubains réclamant un référendum sur un processus de réformes qui déboucherait sur des élections libres.

La Constitution cubaine admet en principe le référendum d'initiative populaire lorsqu'il est proposé par plus de 10.000 citoyens. Mais les 11.020 signatures déposées au Parlement en mai 2002 par Oswaldo Paya pour lancer le Projet Varela (du nom d'un prêtre qui s'illustra au 19e siècle dans la lutte pour l'indépendance de Cuba) ont eu pour résultat le durcissement du régime castriste.

Un mois plus tard, en effet, Fidel Castro faisait recueillir 8.188.198 signatures, soit celles de... 99,37% (!) des Cubains en âge de voter (à partir de 16 ans), pour prier le Parlement, qui s'exécutait à l'unanimité, de couler dans la Constitution le caractère "irrévocable" du socialisme cubain. Le Projet Varela en devenait automatiquement anticonstitutionnel, puisque, loin d'admettre le caractère constitutionnellement éternel du social-communisme officiel, il proposait et propose à nouveau, depuis vendredi, de soumettre à la consultation populaire l'amnistie des prisonniers politiques, la liberté d'expression et d'association et l'organisation d'élections libres.

Oswaldo Paya, qui dirige aussi à Cuba le Mouvement chrétien de libération, fut épargné par la répression de mars dernier contre 75 journalistes, écrivains, défenseurs des droits de l'homme et opposants, condamnés à des peines comprises entre 6 et 28 ans de prison. Cette clémence non sollicitée, Oswaldo Paya la doit sans doute à son auréole internationale. Le 23 octobre 2002, à Strasbourg, le Parlement européen lui décernait le prix Sakharov des droits de l'homme et de la liberté de pensée pour sa lutte pacifique en faveur d'une transition vers la démocratie à Cuba. Le Projet Varela en devenait une référence historique dans la lutte contre la dictature castriste.

Mais après les arrestations de mars, alourdies par l'exécution de trois Cubains qui avaient tenté de détourner un ferry-boat pour gagner les Etats-Unis, les relations entre La Havane et l'Union européenne sont entrées en crise. La relance du projet Varela par Oswaldo Paya, première réplique de la dissidence au durcissement de la répression castriste, se produit donc à un moment où La Havane risque de se soucier peu de l'estime portée par l'Europe au célèbre opposant..

Après l'expérience de mai 2002, Oswaldo Paya n'attend pas, cette fois, une réponse du gouvernement au Projet Varela. Il mise plutôt sur la réaction "du peuple", duquel, espère-t-il, doivent surgir les changements démocratiques à Cuba.

Selon lui, "si, malgré la répression, des milliers de personnes continuent à réclamer ainsi le changement, d'une manière ouverte et transparente, cela signifie que le chemin vers ce changement est entamé". Et d'ajouter: "Désormais, on ne peut plus arrêter le changement à Cuba. Pour nous, c'est une responsabilité et un défi".

Des diplomates européens et latino-américains estiment que l'initiative d'Oswaldo Paya, avalisée par 14.384 signataires qui risquent d'être inquiétés, prouverait que la dissidence peut encore mobiliser à Cuba, même si elle est persécutée et infiltrée par des agents castristes.

Blanca Reyes, épouse du journaliste et poète Raúl Rivero -condamné à 20 ans de prison en avril- salue "l'attitude très digne et très courageuse" d'Oswaldo Paya. Elle croit que "le gouvernement (cubain) ne réagira jamais, mais le monde oui".

L'optimisme à moyen terme d'Oswaldo Paya ne l'aveugle pas sur les risques immédiats. Il met en garde contre les dizaines d'interpellations, sans nouvelles arrestations jusqu'à présent, qui visent depuis plusieurs semaines des partisans du Projet Varela.

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