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Cuba : honnie ou glorifiée, la révolution de Castro a 50 ans
par Christian GALLOY
MADRID, 1er janvier 2009 (LatinReporters.com) - Contre-révolutionnaire impérialiste! ... Marxiste attardé!
... Aussi nuancée que soit votre opinion, vous risquez d'être
jeté dans l'une de ces catégories par des partisans ou adversaires
de la révolution que les guérilleros de Fidel Castro firent
triompher à Cuba voici 50 ans, le 1er janvier 1959. Comme toute religion,
toute idéologie messianique ou tout capitalisme sauvage, le communisme
castriste nourrit des intolérances réciproques.
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Fidel Castro en avril 1959 (Photo United States Library of Congress) et en janvier 2008, avec le président brésilien Lula da Silva (Photo Estudios Revolución) |
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Pour les uns, "50 ans de résistance révolutionnaire à
dix présidents successifs de l'impérialisme yankee" sont la
semence des nouvelles gauches latino-américaines qui s'affranchissent
de la tutelle des Etats-Unis. Pour les autres, "un demi-siècle de bagne
intérieur sous un régime militaire qui emprisonne ses dissidents"
inspire aujourd'hui d'inquiétants néopopulismes autoritaires
au Venezuela, en Bolivie, en Equateur et au Nicaragua.
Il est aisé de multiplier pareilles visions contradictoires d'une
même réalité, si controversée qu'elle en semblerait indéfinie.
Ainsi en est-il de l'acquis le moins contesté de la révolution
cubaine, l'universalisation de la santé et de l'éducation,
gratuites dans la grande île des Caraïbes. Cette gratuité
est extrêmement onéreuse, répliquent les anticastristes,
car elle est financée par le niveau misérable des salaires
des Cubains, en moyenne 408 pesos mensuels, soit environ 13 euros.
Aux yeux des castristes, l'embargo américain qui frappe Cuba depuis
1962 explique toutes les insuffisances économiques. Le camp adverse
rétorque que même au Venezuela de Hugo Chavez, pourtant libre
d'embargo et riche en pétrole, surgissent des pénuries alimentaires
dues, comme à Cuba, au découragement d'agriculteurs appauvris
par une gestion gouvernementale des prix.
Et l'égalitarisme social constatable à Cuba doit-il nécessairement
se facturer, comme dans l'ex-Union soviétique, par l'inexistence tout
aussi constatable de médias et d'élections pluralistes?
Questions encore à propos de la récente autorisation décrétée
par le général Raul Castro, successeur de son frère
Fidel malade, d'acquérir, pour les rares Cubains qui en ont les moyens
financiers, des ordinateurs et des téléphones portables, ainsi
que d'accéder aux hôtels jusqu'alors réservés
aux étrangers. Certains y voient un signe d'ouverture, d'autres la
preuve cinglante de l'ampleur des interdits qui ont cimenté le communisme
insulaire.
Mais si le régime cubain est vraiment répressif, argumentent
ses partisans, pourquoi le peuple ne s'est-il jamais soulevé contre
lui, comme le firent par exemple les Hongrois, les Tchécoslovaques
et les Polonais contre la domination soviétique? Et pourquoi, si ce
n'est à cause du contrôle policier et militaire, répondent
des anticastristes, les Espagnols laissèrent-ils mourir de vieillesse
dans son lit, lui offrant même des funérailles nationales après
36 ans de dictature, un ennemi reconnu des libertés tel que le général
Franco?
Compte tenu de l'actuelle crise financière mondiale, la pire ayant jamais secoué
le capitalisme, l'avenir donnera-t-il raison à Fidel Castro, âgé actuellement de
82 ans? Peut-être, mais y croire relève-t-il plus de la nostalgie que du réalisme?
En revanche, l'avenir de 13 millions de Cubains, dont près
de 2 millions d'exilés, ne dépendra-t-il pas surtout, dans
l'immédiat, de l'ouverture que fait espérer l'entrée
à la Maison blanche, le 20 janvier, de Barack Obama, premier noir élu
à la présidence des Etats-Unis? Peut-être aussi et même probablement.
Sans prendre parti aujourd'hui, ce qui nous sera certainement reproché,
souhaitons une bonne année 2009 à tous les Cubains.
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