MADRID, dimanche 21 octobre 2012 (LatinReporters.com) - Deux élections
anticipées de Parlements régionaux ce dimanche en Espagne.
Au Pays basque (nord) devrait déferler une forte vague souverainiste
et en Galice (nord-ouest), terre du conservateur Mariano Rajoy, président
du gouvernement espagnol, son Parti Populaire tente de conserver la majorité
absolue. La perdre confirmerait l'impopularité d'une politique nationale
d'austérité qui semble aggraver la crise économique au lieu de la freiner.
Pour renouveler le Parlement de Saint-Jacques-de-Compostelle,
dont les 75 députés éliront en leur sein le président
de la région, 2.696.513 Galiciens sont appelés aux urnes, y
compris 397.284 émigrés résidant principalement en Amérique
latine et en Europe.
Fief traditionnel du Parti Populaire (PP, droite), la Galice va servir de
baromètre au crédit du gouvernement espagnol de Mariano Rajoy
après dix mois de pouvoir, marqués par de fortes coupes sociales
et des hausses d'impôts contredisant à 180 degrés le
discours électoral de M. Rajoy avant les législatives de novembre
dernier. Les sondages montrent un PP sur le point de renouveler sa majorité
absolue régionale, incertaine mais indispensable à
un parti sans allié.
Le chef du gouvernement espagnol et l'état-major national de son PP
se sont fortement investis dans la campagne électorale galicienne
pour soutenir la réélection du président régional,
Alberto Nuñez Feijoo. Dominée par le Parti socialiste, suivi
du Bloc nationaliste galicien, l'opposition est fragmentée. Elle pourrait
néanmoins se regrouper pour s'emparer du pouvoir si la majorité
absolue échappait au PP. Ce fut la cas lors de la législature
régionale 2005-2009, qui brisa 15 années consécutives
de règne local du PP.
Dans ses meetings, Alberto Nuñez Feijoo a présenté une Galice
"qui reste à flot" dans la crise, soulignant qu'elle n'a pas dû
solliciter le sauvetage financier de l'État, contrairement à
d'autres régions, notamment la Catalogne et l'Andalousie.
Deux tiers des voix aux souverainistes basques (PNV et EH Bildu) ?
Au Pays basque, ce sont également 75 députés que peuvent
envoyer siéger à Vitoria 1.775.291 électeurs,
dont 56.557 résident hors d'Espagne. Les sondages prédisent
un triomphe du souverainisme, toutefois divisé entre l'historique
Parti nationaliste basque (PNV, centre droit) et la nouvelle représentation
de la gauche radicale proche des indépendantistes de l'ETA, EH Bildu
(Euskal Herria Bildu, ce qui signifie, en basque, "Réunir la patrie
basque").
Le sondage du Centre d'investigations scientifiques
(CIS) publié le 5 octobre octroyait 27 des 75 sièges du Parlement
basque au PNV. Le président de ce parti, Iñigo Urkullu, est
candidat à la présidence de la région. EH Bildu, dont
la tête de liste est l'écrivaine et professeure d'université
Laura Mintegi, était crédité de 21 à 22 députés.
Le score prédit aux socialistes (14 élus) et au PP basque (9
ou 10) consacrerait une défaite cuisante de ceux qu'on appelle souvent
au Pays basque les "espagnolistes". Le socialiste Patxi Lopez sera certainement éjecté de
la présidence du Pays basque, qu'il avait assumée en 2009 grâce à un
accord inédit avec le PP.
Les deux partis souverainistes pourraient ainsi contrôler, ensemble,
les deux tiers du prochain Parlement basque. Quoique leurs différences
idéologiques rendent peu probable une coalition PNV-EH Bildu, un tel
résultat devrait allumer un clignotant rouge à Madrid, d'autant
qu'en Catalogne toutes les branches du souverainisme se sont accordées
à organiser un référendum d'autodétermination,
illégal selon le gouvernement espagnol. Cette consultation serait
convoquée probablement au cours de la législature régionale
qu'ouvriront les élections catalanes anticipées du 25 novembre
prochain.
Alimenté tant par la crise économique que par le centralisme
du PP gouvernemental de Mariano Rajoy, l'indépendantisme soudain du
président nationaliste de la Catalogne, Artur Mas, a rejailli sur
la campagne électorale basque. Quoique plus centré sur la recherche
de remèdes à la crise, le candidat du PNV, Iñigo Urkullu, lançait
dans ses derniers meetings "Voilà notre feuille de route : Euskadi (Pays basque) nation
européenne !". Un slogan semblable à celui de "Catalogne, nouvel État d'Europe"
qui fédère désormais le souverainisme catalan. "Hors
d'Espagne, on est hors d'Europe, on n'est nulle part " n'a cessé de
répliquer Mariano Rajoy.
Les élections régionales basques se déroulent pour la
première fois sans la menace d'attentats de l'organisation indépendantiste
ETA. Le 20 octobre 2011, voici exactement un an, elle avait annoncé,
sans se dissoudre, "l'arrêt définitif de l'activité armée"
après quasi un demi-siècle de terrorisme qui a
fait plus de 800 morts (829 officiellement, 857 selon les associations de
victimes), des milliers de blessés et des milliards d'euros de pertes
matérielles et financières.
Madrid affirme que le silence des armes de l'ETA est le résultat de
la défaite du terrorisme, qu'aurait vaincu la démocratie. Il
n'empêche qu'après leur succès aux élections municipales
de mai 2011, les amis politiques de l'ETA pèseront davantage encore
sur l'avenir du Pays basque au soir des régionales de ce dimanche.