Vidéo et texte du discours de la victoire à Chicago
Etats-Unis / Obama élu président : 1er discours et réactions (Espagne et Amérique latine)
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MADRID, mercredi 5 novembre 2008 (LatinReporters.com) - "S'il y a quelqu'un qui doutait encore que l'Amérique soit un endroit où tout est possible, qui se demandait si le rêve
de nos pères fondateurs est toujours vivant, qui doutait encore de la force
de notre démocratie, votre réponse lui est donnée
ce soir". Cette phrase ouvrait le discours de la victoire prononcé
devant des dizaines de milliers de sympathisants dans son fief de l'Etat de
l'Illinois, à Chicago, par le sénateur démocrate Barack
Obama au soir de son triomphe historique à l'élection présidentielle
américaine du 4 novembre.
Il clame que "le changement est arrivé
en Amérique". Premier noir élu président des Etats-Unis,
il succédera au républicain George W. Bush le 20 janvier prochain.
LatinReporters facilite l'accès à la vidéo et au texte du
discours d'Obama à Chicago et nous résumons les réactions officielles
en Amérique latine et en Espagne.
RÉACTIONS OFFICIELLES (Argentine, Bolivie, Brésil, Colombie,
Cuba, Espagne, Venezuela):
Argentine
En froid avec l'administration du président Bush, notamment à
cause d'un procès révélant à Miami un présumé
financement illégal par le Venezuela de sa campagne électorale présidentielle,
la présidente argentine Cristina Fernandez de Kirchner écrit,
dans son message de félicitations à Barack Obama, que "le cycle
s'ouvrant aujourd'hui dans votre pays [les Etats-Unis] est avant tout un
fait marquant de l'une des épopées les plus passionnantes de
l'histoire, celle de la lutte contre la discrimination et pour l'égalité
des chances... Toutes les minorités du monde vous regardent avec grand
espoir cheminer à leurs côtés, de la même façon
que le monde marcha aux côtés de Martin Luther King."
"En ces moments de crise économique globale" sont nécessaires
"des mesures audacieuses et innovatrices", ainsi que des "actions conjointes"
poursuit Cristina Kirchner. Elle ajoute: "Je sais que nous pouvons
compter sur vous et je veux que vous sachiez que vous pouvez compter sur
ma sincère amitié".
S'adressant aux journalistes, le ministre argentin des Relations extérieures,
Jorge Taiana, a estimé pour sa part que l'élection de Barack
Obama est un "message d'espoir" confirmant que touche à sa fin un
cycle mondial dominé par le néolibéralisme et l'unilatéralisme.
Selon le ministre, l'actuelle crise financière internationale requiert
"une solution globale" et "divers acteurs tels que l'Argentine ont beaucoup
à dire sur la manière de construire un nouvel ordre international".
Jorge Taiana rappelle à cet égard que la présidente Cristina
Kirchner participera au prochain sommet du G20, le 15 novembre à Washington.
Bolivie
Le socialiste Evo Morales, président de la Bolivie et allié
de son homologue vénézuélien Hugo Chavez, a félicité
devant la presse Barack Obama, estimant qu'il "va certainement continuer
à forger l'histoire". Puis, il a exprimé le "grand désir"
que le nouveau président des Etats-Unis "puisse lever le blocus économique
contre Cuba et retirer les troupes [américaines] de quelques pays".
Amérindien de l'ethnie aymara, condition qu'il revendique, Evo Morales
estime qu'Obama est "un monsieur qui vient des secteurs les plus discriminés,
un monsieur issu de secteurs soumis à l'esclavage", avec lequel il
sera probablement plus facile d'améliorer les relations entre La Paz
et Washington. En septembre dernier, le président Morales déclarait
persona non grata l'ambassadeur des Etats-Unis, l'accusant de travailler
à l'éclatement de la Bolivie. Par solidarité, Hugo Chavez
déclarait à son tour persona non grata l'ambassadeur américain
à Caracas. En représailles, Washington appliquait les mêmes
mesures aux ambassadeurs de la Bolivie et du Venezuela. Evo Morales vient
aussi de suspendre les opérations en Bolivie du Département
antidrogues des Etats-Unis, comme Chavez le fit longtemps auparavant au Venezuela.
Brésil
"Celui qui doutait qu'un noir puisse devenir président des Etats-Unis
sait maintenant que c'est possible et ce l'est uniquement parce que cela
se produit dans un régime démocratique qui permet à
la société de s'exprimer" a commenté le président
brésilien et socialiste modéré Luiz Inacio Lula da Silva.
Il a exprimé l'espoir que "l'extraordinaire" triomphe de Barack Obama
contribue à "renforcer les relations [des Etats-Unis] avec l'Amérique
latine, avec le Brésil et avec l'Afrique". "J'espère
aussi que prenne fin le blocus contre Cuba, qui n'a aucune explication humaine"
a ajouté Lula. Il souhaite encore que le leadership d'Obama, dont
il salue "la compétence politique", permette d'aboutir "à
un accord de paix au Moyen-Orient".
Le président Lula croit néanmoins qu'il y a "une différence
entre gagner des élections et gouverner un pays comme les Etats-Unis.
Nous allons attendre qu'il assume [la présidence, le 20 janvier 2009]
pour voir ce qui va se passer".
Le ministre brésilien des Relations extérieures, Celso Amorim,
espère quant à lui que la victoire d'Obama favorisera une "détente" entre
l'Amérique latine et les Etats-Unis, particulièrement dans
leurs relations avec Cuba et le Venezuela. "Nous ne nierons pas que le gouvernement
brésilien a maintenu avec l'administration de Bush de très
bonnes relations, pragmatiques et de respect. Mais maintenant, les relations [entre Brasilia et
Washington] pourront être d'affinité" a reconnu le ministre Amorim.
Colombie
Actuellement unique chef d'Etat conservateur d'Amérique du Sud (mais
non de l'ensemble de l'Amérique latine), le président colombien
Alvaro Uribe a mis à profit les félicitations qu'il lançait
à Barack Obama sur divers médias audio-visuels pour revendiquer
aussitôt la poursuite de la coopération avec les Etats-Unis
contre la culture et le trafic de drogues (la Colombie est le premier producteur
mondial de cocaïne) et contre le terrorisme, soit contre les guérillas
colombiennes d'extrême gauche.
Alvaro Uribe, qui cherche à débloquer la ratification d'un
accord de libre-échange avec les Etats-Unis, paralysé à
Washington par la majorité démocrate à laquelle appartient
Obama, s'inquiète aussi de "cette crise si grave de l'économie
mondiale".
S'il a parfois exprimé un appui radical au gouvernement de Bogota
dans sa lutte contre la guérilla marxiste des FARC (Forces armées
révolutionnaires de Colombie) -voir article
"Nous appuierons le droit
de la Colombie d'attaquer les terroristes"- Barack Obama nourrit toutefois
à l'égard de l'administration d'Alvaro Uribe, à propos
de manquements supposés aux droits de l'homme, des réticences qui compliquent actuellement les
pronostics sur l'évolution des relations militaires et commerciales
entre Washington et Bogota.
Cuba
A défaut. mercredi, de réactions de personnalités politiques,
les médias cubains, tous officiels, soulignaient le triomphe de Barack
Obama, mais doutaient qu'il représente réellement "le changement".
"Le candidat du changement?" s'interrogeait sous la photo d'Obama le quotidien
Granma, organe du Comité Central du Parti communiste de Cuba. Selon
Granma, la candidature présidentielle du sénateur de l'Illinois
était "appuyée par la classe dominante des Etats-Unis" et par
"la majorité de l'establishment démocrate".
Si elle admet que les discours de Barack Obama, "premier descendant d'Africains
à occuper la magistrature suprême", furent "les plus osés
sur les affaires domestiques et de politique extérieure", l'agence
officielle Prensa Latina ajoute néanmoins qu'ils "n'allaient pas au-delà
des limites de l'establishment".
Le jour même de l'élection présidentielle américaine,
mardi 4 novembre, tous les médias de l'île diffusèrent
un article de l'ex-président Fidel Castro, toujours en convalescence
en un lieu indéterminé. Quoique préférant explicitement
le démocrate Barack Obama à son adversaire républicain
John McCain, Fidel Castro écrivait que "la préoccupation pour
les problèmes accablants du monde n'occupent pas réellement
une place importante dans l'esprit d'Obama".
Voir aussi les paragraphes concernant la position de Barack Obama sur Cuba
dans notre article du 24 mai 2008.
Espagne
La victoire de Barack Obama favorisera un monde "plus prometteur, plus équilibré,
plus juste et aspirant davantage à la paix et à la sécurité
partagées" a affirmé, lors d'une conférence de presse
convoquée à cette occasion, le président du gouvernement
espagnol, le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero. Il n'a jamais
eu la moindre rencontre bilatérale avec George W. Bush, qui d'ailleurs
ne le souhaitait pas. Plus que le retrait lui-même des troupes espagnoles d'Irak en avril et mai
2004, c'est la prime au terrorisme qu'il représentait un mois seulement
après les attentats islamistes de Madrid (191 morts, 1.856 blessés)
et son caractère précipité, sans coordination avec les
alliés et avant le terme annoncé initialement par le leader
socialiste, que le président Bush n'aurait apparemment pas pardonné
à M. Zapatero.
"Les Etats-Unis auront en l'Espagne un allié et un ami fidèle"
affirme désormais le chef du gouvernement espagnol. Il a souligné
"les intérêts partagés qui doivent nous rapprocher, [à
savoir] l'Amérique latine, le Proche-Orient, le monde musulman, l'Afrique
et une vision intégratrice du monde".
José Luis Rodriguez Zapatero a rappelé que l'Espagne présidera
l'Union européenne lors du premier semestre de 2010. Madrid travaillerait
alors à "la relance de l'agenda transatlantique", dans la conviction
que "s'ouvre un horizon porteur de plus d'espoir dans les relations entre
l'Europe et les Etats-Unis".
"Les Etats-Unis comptent de nombreux alliés, de nombreux amis, désireux
comme l'Espagne de travailler ensemble sur les grandes questions internationales"
a poursuivi M. Zapatero, citant la lutte contre le terrorisme international,
la fin des conflits en cours, la lutte mondiale contre la pauvreté
et le combat contre le changement climatique.
Le dirigeant socialiste espagnol est convaincu que Barack Obama donnera un nouvel élan au
multilatéralisme en matière économique et en politique
étrangère. M. Zapatero, qui n'a pas été invité au prochain
sommet du G20 à Washington, mais qui revendique d'y participer, croit que "la grave crise
financière [mondiale] rend évidente la nécessité de travailler
ensemble".
Venezuela
Sur l'évaluation des futures relations entre Barack Obama et Hugo Chavez, voir également
nos articles antérieurs à l'élection du 4 novembre:
- Chavez prie
"l'homme noir" d'être "à la hauteur de l'histoire"
- Obama-Venezuela: examen des
liens Chavez-FARC avant un dialogue
"Bête noire" des Etats-Unis ou du moins de l'administration de George
W. Bush, le président vénézuélien Hugo Chavez,
leader du socialisme radical dit bolivarien, a félicité Barack
Obama et a souligné que "l'heure est venue d'établir de nouvelles
relations" entre Caracas et Washington.
"L'élection historique du descendant d'un Africain à la tête
de la nation la plus puissante du monde est le symptôme que le changement
d'époque dont la gestation s'est produite au sud de l'Amérique
pourrait être en train de frapper aux portes des Etats-Unis" a commenté
Hugo Chavez.
Un communiqué du ministère vénézuélien
des Relations extérieures exprime aussi la conviction que "heure est
venue d'établir de nouvelles relations entre nos pays et avec notre
région, sur la base des principes de respect de la souveraineté,
d'égalité et de véritable coopération".
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