CARACAS, lundi 6 mai 2013 (LatinReporters.com) - Sur proposition de Nicolas
Maduro, président du Venezuela, la création prochaine d'une
"Zone économique de Petrocaribe" (ZEP) a été approuvée
dimanche à Caracas par le VIIème sommet de cette alliance
de 18 pays cimentée par le pétrole brut vénézuélien
fourni à des conditions avantageuses.
En consolidant la pétro-diplomatie de feu le président Hugo
Chavez, décédé le 5 mars, et la transformant, comme le
souhaitait son fondateur disparu, en socle d'une intégration économique
régionale, Nicolas Maduro vient sans doute de donner enfin quelque
consistance à sa présidence, contestée par une opposition
qui tente d'invalider l'élection présidentielle du 14 avril dernier.
La ZEP signifie unifier et "convertir les forces économiques, financières,
énergétiques" de chaque nation "en opportunités de développement"
a affirmé Nicolas Maduro devant ses pairs de Petrocaribe. Il a souligné
la nécessité d'investissements communs pour promouvoir le commerce
et le développement "industriel, agro-industriel, scientifique et technologique",
afin de créer "un bouclier contre la misère, au-delà
des différences idéologiques" des dirigeants de chaque pays.
Le président Maduro a confirmé la pleine adhésion
du Honduras et du Guatemala à Petrocaribe, qui regroupe aussi, outre
le Venezuela, Antigua-et-Barbuda, les Bahamas, le Belize, Cuba, la République
dominicaine, la Dominique, la Grenade, Guyana, Haïti, la Jamaïque,
le Nicaragua, le Suriname, Sainte-Lucie, Saint-Christophe-et-Niévès
et Saint-Vincent-et-les Grenadines.
S'ils ne totalisent qu'environ 110 millions d'habitants, ces 18 pays sur
les 35 de l'ensemble des Amériques peuvent, par leur vote, être
la clef de décisions au sein d'organisations régionales. En
outre, le dessein du Venezuela est d'associer l'Alba (Alliance pour les peuples
de notre Amérique) à la ZEP en gestation. À ce titre,
la Bolivie et le l'Équateur (membres de l'Alba comme le sont aussi
le Venezuela, Cuba et le Nicaragua) étaient représentés
au sommet. Le Brésil siégeait également, peu d'initiatives régionales
le laissant indifférent.
L'élection contestée du président Maduro applaudie par Petrocaribe
Lue devant la tombe de Chavez, auquel un hommage collectif fut rendu, la
déclaration finale du sommet indique que "les chefs d'État de
Petrocaribe et de l'Alba [...] "approuvent la proposition présentée
par la République bolivarienne du Venezuela d'impulser le renforcement
de Petrocaribe par la formation de la Zone Économique de Petrocaribe".
De plus, les mêmes chefs d'État (ou leurs représentants)
"célèbrent le triomphe de la Révolution bolivarienne
aux élections [présidentielles] du 14 avril 2013, lorsque le
peuple bolivarien a élu à la présidence de la République
bolivarienne du Venezuela Nicolas Maduro Moros, ce qui garantit la continuité
du projet d'intégration latino-américain et caraïbe".
Après la reconnaissance de la légitimité de l'élection
de Nicolas Maduro par un sommet extraordinaire de l'Unasur (Union des nations
sud-américaines), le 18 avril à Lima, cette nouvelle révérence
internationale au président vénézuélien apaisera-t-elle
sa véhémence et celle de ses partisans à l'égard
de l'opposition menée par Henrique Capriles, qui crie à la fraude
électorale ?
Bien que classé à droite, Porfirio Lobo, président
du Honduras, a exprimé son "enthousiasme" pour la création
de la ZEP et a salué la satisfaction que procurerait à
Hugo Chavez, "là-bas au ciel", le maintien et l'évolution de
Petrocaribe.
Auparavant, Nicolas Maduro avait estimé que Petrocaribe n'aurait
pas survécu à une victoire électorale d'opposants "rétrogrades,
injustes, réactionnaires, inhumains", partisans de vendre le pétrole
vénézuélien exclusivement aux conditions fixées
par le marché, dans un "mépris absolu" des pays voisins.
40% des importations énergétiques des Caraïbes
Petrocaribe fut créée en 2005 à l'initiative du président
Hugo Chavez. Le ministre vénézuélien de l'Énergie
et du Pétrole, Rafael Ramirez, affirmait samedi qu'au cours des six
dernières années son pays a vendu 232 millions de barils à
ses 17 partenaires de l'alliance, assurant 40% des importations énergétiques
de la région des Caraïbes, ainsi "protégée des va-et-vient
et des asymétries du marché pétrolier international",
dans un monde "chaque jour plus globalisé et soumis aux coups de la
crise du capitalisme".
En moyenne, 106.000 barils/jour ont été livrés de la
sorte à Petrocaribe par le Venezuela, qui possède les plus grandes réserves
de brut de la planète. Cela représente 4,2% des
exportations quotidiennes du pays bolivarien. Pour régler leur facture,
le acheteurs peuvent bénéficier d'un délai de grâce
de un à deux ans et d'un étalement du paiement sur une période
de 17 à 25 ans , à un intérêt limité à
1% si le prix du pétrole surpasse 40 dollars le baril.
Caracas offre l'option de paiement partiel avec des biens et services.
Cuba règle une part de sa facture en fournissant au Venezuela du personnel
médical, des enseignants et des cadres sportifs. Le Nicaragua envoie
de la viande et du lait, le République dominicaine des haricots et
du sirop de glucose, etc.
"Dès sa fondation, Petrocaribe se proposait de transcender le simple
échange commercial d'hydrocarbures", car Hugo Chavez "envisageait un
projet de portée intégrale", non seulement pour faciliter l'accès
aux combustibles, mais aussi pour "impulser la coopération dans le
cadre de programmes à fort impact social" a déclaré au
sommet de Caracas Ricardo Cabrisas, l'un des huit vice-présidents du
Conseil des ministres cubain.