CARACAS, jeudi 11 octobre 2012 (LatinReporters.com) - Réélu
dimanche à la présidence du Venezuela pour le sexennat 2013-2019,
mais peut-être toujours menacé par le cancer dont il se dit
guéri, Hugo Chavez a élevé mercredi à la vice-présidence
de la République son ministre des Affaires étrangères,
Nicolas Maduro, sans préciser qui le remplacerait. Est-ce la
désignation attendue du dauphin chargé de la relève
en cas de rechute de la santé présidentielle ?
Tour à tour chauffeur d'autobus, syndicaliste, député,
président de l'Assemblée nationale et, depuis août 2006,
chef de la diplomatie vénézuélienne, Nicolas Maduro,
50 ans, fut l'un des fondateurs du MVR (Mouvement Cinquième République),
parti avec lequel Chavez remporta sa première élection présidentielle,
en décembre 1998.
Lorsqu'à partir de juin de l'an dernier, Hugo Chavez, avouant alors
être atteint d'un cancer, fit plusieurs séjours prolongés
à Cuba pour y subir trois opérations et des séances
de chimiothérapie et de radiothérapie, Nicolas Maduro apparut
dans le noyau de proches sur lesquels s'appuyait le leader bolivarien pour
gouverner le Venezuela depuis La Havane.
C'est à cette époque où la survie de Chavez semblait
très incertaine, même à court terme, que les analystes
politiques se demandèrent qui serait son dauphin désigné.
Depuis, parmi les noms les plus cités dans les médias, mais
jamais confirmés officiellement, figurent Nicolas Maduro, Diosdado
Cabello (président de l'Assemblée nationale, ex-compagnon putschiste
de Chavez), le général Henry Rangel Silva (ministre de la Défense),
Adan Chavez (frère aîné de Hugo et gouverneur de l'État
de Barinas) et Elias Jaua (le vice-président désormais remplacé;
Chavez l'envoie briguer aux élections régionales du 16 décembre
le poste de gouverneur de l'État de Miranda, que tentera de conserver
l'encore chaud ex-candidat présidentiel Henrique Capriles).
L'incertitude pesant sur la santé de Chavez confère à
la vice-présidence une importance accrue. Si au cours des quatre
premières années de son nouveau mandat,
une "absence absolue" (falta absoluta) du chef de l'État était
constatée pour décès, incapacité, démission
ou destitution, le vice-président devrait convoquer de nouvelles élections
dans les 30 jours, en application de l'article 233 de la Constitution bolivarienne.
Mais si Chavez était relevé après quatre ans, le vice-président
assumerait alors le pouvoir jusqu'à la fin du mandat de six ans en cours.
Et Rosa Virginia ?
Ce scénario catastrophe suffirait-il à ériger Nicolas
Maduro en véritable dauphin, apte à perpétuer le "socialisme
du 21è siècle"? Sa condition de civil, étranger à
la hiérarchie militaire avec laquelle manoeuvre politiquement l'ex-lieutenant
colonel Hugo Chavez, risque de desservir le nouveau vice-président
dans le cas, probable, de heurts d'ambitions au sein du camp chaviste.
Par ailleurs, la dizaine de vice-présidents successifs désignés
et remerciés par Chavez en 14 ans de pouvoir a malgré tout
dévalué la fonction attribuée
aujourd'hui à Nicolas Maduro. En outre, comment résisterait-il,
en tant que candidat éventuel à une élection présidentielle,
à la poussée de l'opposition menée par un Henrique Capriles
qui a récolté dimanche dernier 44% des suffrages face à
Hugo Chavez en personne ?
Enfin, en janvier 2011, lors de l'installation de l'Assemblée
nationale issue des législatives de septembre 2010, Hugo Chavez souhaita
à voix haute à la tribune qu'une femme lui succède un
jour à la présidence. Il précisait alors qu'à
ses yeux cela ne se produirait pas avant "au moins deux ou trois" autres
mandats de six ans, ce qui dessinait un horizon pouvant s'étirer jusqu'en
2031. Mais depuis, le cancer a surgi. Des échéances aussi lointaines
ne sont plus de mise et la fille aînée de Chavez, Rosa Virginia,
désormais quasi omniprésente en public aux côtés
de son père, fait elle-même figure de dauphine potentielle.
Rosa Virginia Chavez contre Henrique Capriles en 2018 ? Pareil duel présidentiel
ne laisserait personne indifférent en Amérique latine.
Mais l'imaginer et plus encore en pronostiquer le résultat relève
pour l'heure de la politique fiction.