CARACAS, lundi 17 décembre 2012 (LatinReporters.com) - Triomphe du Parti
socialiste unifié du Venezuela, le PSUV chaviste. Selon
le Conseil national électoral, ses candidats ont conquis le poste
de gouverneur dans 20 des 23 États fédérés du
Venezuela aux élections régionales de dimanche, présentées
par le pouvoir comme un plébiscite en faveur du président Hugo
Chavez, convalescent d'une quatrième opération du cancer à
Cuba. Henrique Capriles, vaincu par Chavez à la présidentielle
d'octobre, conserve son statut de chef de file de l'opposition en se faisant
réélire gouverneur du convoité État de Miranda.
[Résultats officiels complets]
Des sept États qu'elle contrôlait, l'opposition n'en conserve
que trois : Miranda, Lara et Amazonas. Sa perte la plus douloureuse est celle
de l'État pétrolier de Zulia (nord-ouest), le plus peuplé
et le plus riche du pays. Le candidat du PSUV,
Francisco Arias Cardenas, y a battu l'opposant et gouverneur sortant Pablo
Perez avec 52,22% des suffrages contre 47,68%. Outre Zulia, l'opposition
perd aussi l'État industriel de Carabobo (nord), celui de Tachira
(frontière colombienne) et l'île de Nueva Esparta, dans la mer
des Caraïbes.
Deuxième État le plus important sur le plan démographique
et économique, Miranda (nord), qui englobe une partie de Caracas,
était après Zulia le principal joyau de ces élections.
Henrique Capriles (51,83% des voix) y a battu l'ex-vice-président
Elias Jaua (47,82%), que Chavez avait envoyé sur le front régional
pour tenter de décapiter l'opposition.
En cas de défaite de Capriles dans son propre fief face à Jaua, l'opposition
fédérée au sein de la Table de l'Unité démocratique
(MUD) se serait en effet retrouvée temporairement orpheline de tout candidat jugé solide
à opposer au chavisme lors d'une élection présidentielle.
Or, une présidentielle anticipée devrait avoir lieu dans les
trente jours si Hugo Chavez succombait à son cancer où était
incapable d'assumer son investiture, le 10 janvier prochain, pour le sexennat
2013-2019.
Avant de subir le 11 décembre à Cuba sa quatrième
opération d'un cancer en 18 mois, le leader bolivarien avait annoncé
au pays qu'il pourrait se trouver dans "l'incapacité" d'assumer ses
fonctions et il avait désigné un successeur en la personne
du vice-président Nicolas Maduro. Dans cette éventualité,
M. Maduro assumerait provisoirement la présidence et serait le candidat
officiel du PSUV à une nouvelle élection présidentielle
anticipée.
Relevons que Nicolas Maduro représente l'aile civile du chavisme,
mais que 11 des 20 gouverneurs d'États élus hier sous la bannière
du PSUV sont des militaires. Parmi eux figurent les quatre derniers ex-ministres de la Défense
du président Chavez (les généraux Ramon Carrizales, Jorge Garcia Carneiro,
Henry Rangel Silva y Carlos Mata Figueroa).
Forte mobilisation chaviste ou démobilisation des électeurs
de l'opposition ?
Le PSUV a dédié et attribué à la fois sa "victoire parfaite"
à Hugo Chavez. Le vice-président Maduro
a qualifié "l'immense" victoire du parti présidentiel de "cadeau
d'amour offert par le peuple au commandant Hugo Chavez". Pendant la journée
électorale, Nicolas Maduro avait, lors d'une conférence de
presse, invité les électeurs "à ne pas faire défaut"
au président hospitalisé. Le prosélytisme étant
prohibé le jour des élections, l'un des recteurs du Conseil
national électoral a qualifié cette intervention "de violation
flagrante de la loi électorale". Un reproche demeuré apparemment
sans conséquence.
Visiblement contrariée, la MUD, qui regroupe la vingtaine de partis
d'opposition, a demandé une révision du scrutin "bulletin
par bulletin" avant de reconnaître les résultats. Au-delà
de son succès personnel dans l'État de Miranda, Henrique Capriles
s'est dit préoccupé par le sort des Vénézuéliens
passés sous la domination de gouverneurs du PSUV. Il s'en est pris
au populisme gouvernemental. Selon lui, "les candidats du gouvernement ne
proposaient rien. Ils demandaient seulement à notre peuple, profitant
des circonstances, de voter pour la santé de notre président".
Des analystes avaient averti que la maladie de Hugo Chavez, provoquant
une solidarité affective et la sensation d'un risque grave pour son
projet politique socialiste, pourrait mobiliser fortement l'électorat
chaviste.
Toutefois, la faible participation au scrutin - 53,94% contre 65,45% aux
régionales de 2008 et 80,67% à la présidentielle du
7 octobre dernier - donne à croire que le triomphe du PSUV doit beaucoup
à une démobilisation des électeurs de l'opposition,
deux mois seulement après la défaite de Capriles à l'élection
présidentielle.
Alité à Cuba, Hugo Chavez fut, pour la première
fois en 14 ans de pouvoir, le grand absent d'une campagne électorale.
L'image du président affaibli n'en a pas moins dominé le scrutin.
Quasi quotidiennes, les déclarations gouvernementales prétendent
refléter une convalescence en bonne voie et même la reprise,
à distance, par consignes aux ministres depuis La Havane, de la fonction
de président de Hugo Chavez. Les mêmes déclarations semblent
toutefois aussi préparer l'opinion à son retrait du pouvoir.
À cet égard, le résultat des élections régionales
donne peut-être raison à ceux qui croient qu'avec ou sans Chavez,
le chavisme demeurera longtemps une force majeure au Venezuela.