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Comme Washington, Madrid ouvertement hostile aux FARC

Colombie - Aide militaire contre la guérilla: l'Espagne emboîte le pas aux Etats-Unis

Guérilleros des FARC  © FARC-EP
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MADRID / BOGOTA, dimanche 2 mars 2003 (latinreporters.com) - Le gouvernement espagnol a officialisé et matérialisé son hostilité à la guérilla marxiste colombienne des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) en promettant, vendredi, matériel et informations militaires que Bogota pourra utiliser directement contre les rebelles.

L'Espagne emboîte donc le pas aux Etats-Unis. Ces deux pays sont les seuls à offrir ouvertement à la Colombie une aide militaire contre la guérilla. Comme dans le dossier irakien, Madrid confirme ainsi son alignement sur Washington dans ce que le président George W. Bush appelle la guerre contre le terrorisme international.

L'aide militaire de l'Espagne à la Colombie a été annoncée à Madrid par les ministres de la Défense des deux pays, respectivement Federico Trillo y Martha Lucia Ramirez, lors d'une conférence de presse conjointe clôturant la visite officielle de la ministre colombienne en Espagne.

Federico Trillo a précisé que cette coopération espagnole avec la Colombie s'inscrit dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, quelle que soit l'organisation concernée, car, selon le ministre, "les FARC, l'ETA ou Al-Qaida, même si elles n'ont pas la même idéologie, ont en commun un trait essentiel: tuer sans aucun fondement des victimes innocentes avec des moyens disproportionnés".

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Les FARC, comme les séparatistes basques de l'ETA et les islamistes radicaux d'Al-Qaida, sont considérées officiellement comme terroristes tant sur la liste ad hoc dressée par les Etats-Unis que sur celle établie par l'Union européenne.

Concrètement, l'aide militaire espagnole annoncée inclut huit avions de chasse Mirage F1, deux avions de transport Casa 212, des équipements de lutte antiterroriste de dernière génération (notamment pour l'interception de communications et la désactivation d'explosifs), l'échange d'experts et d'officiers et l'accès aux informations de satellites espions espagnols.

Le point le plus important est que "la Colombie disposera pour la première fois d'informations fournies en temps réel par satellite sur ce qui se passe sur son territoire" a déclaré la ministre colombienne Martha Lucia Ramirez. Elle a souligné que jusqu'à présent les aides semblables fournies par d'autres pays n'étaient "qu'occasionnelles".

Federico Trillo a confirmé que la Colombie pourra utiliser les systèmes espagnols de satellites d'observation et de communications "à des fins de localisation, d'examen d'emplacements et de transits en temps réel".

Des experts militaires estiment que l'essentiel de ces renseignements devrait provenir du satellite d'espionnage Helios 1B, lancé en décembre 1999 par une fusée Ariane et financé par la France (79%), l'Italie (14%) et l'Espagne (7%). Chacun de ces pays y accède avec son propre code et proportionnellement à son financement.

L'Espagne exploite par ailleurs le satellite de communications Hispasat. L'an prochain devrait être lancé de Guyane par une fusée Ariane 5 le premier satellite espagnol destiné aux communications militaires et gouvernementales sécurisées, le Spainsat. En 2004 également sera mis en orbite le satellite Helios 2, financé par la France, l'Espagne et la Belgique. Son système d'infra-rouges lui permettra l'observation de nuit.

Quant à la livraison d'hélicoptères sollicités par la Colombie, le ministre Trillo a affirmé qu'elle était étudiée par le gouvernement espagnol. Madrid évalue aussi la donation de patrouilleurs fluviaux et maritimes pour combattre le trafic de drogues et d'armes, souvent organisé ou protégé par la guérilla colombienne ou par ses ennemis paramilitaires. La livraison, en septembre, d'un dragueur de mines est déjà conclue.

Aide non conditionnée

Alors que l'usage du matériel militaire livré par les Etats-Unis à la Colombie fut longtemps conditionné à son utilisation exclusive contre le narcotrafic (mais Washington permet désormais son utilisation directe contre la guérilla), l'Espagne, elle, ne pose d'emblée aucune condition. Ce qu'elle fournit à la Colombie "peut être utilisé contre tout type de phénomène qui affecte la sécurité des Colombiens" a précisé le ministre Trillo.

La ministre colombienne Martha Lucia Ramirez, ainsi que l'ambassadrice de Colombie à Madrid, Noemi Sanin (qui fut ministre des Relations extérieures et candidate à la présidence), ont révélé que les avions espagnols seront pratiquement "une donation", leur prix devant être "symbolique". Ce pourrait être aussi le cas, selon Madrid, des bateaux patrouilleurs.

Martha Lucia Ramirez a ajouté que l'Espagne et la Colombie développeront une alliance stratégique entre leurs industries militaires "pour produire en Colombie, avec une technologie espagnole, une partie de l'armement dont nous avons besoin, tels des mortiers ou des grenades".

Qualifiant sa visite en Espagne de "succès total", la ministre Ramirez a remercié le gouvernement espagnol de son appui à la politique de "sécurité démocratique" du président colombien Alvaro Uribe, partisan de la manière forte contre la guérilla.

A Bogota, le général Jorge Mora, commandant en chef des forces militaires colombiennes, a exprimé également sa satisfaction, qualifiant l'aide militaire espagnole de "message adressé aux bandits". Il y voit une preuve que "la communauté internationale est aux côtés des Colombiens de bien".

La critique a surgi là où on l'attendait le moins. C'est en effet le chef de la force aérienne colombienne, le général Hector Velasco, qui a désapprouvé publiquement, devant la presse, la donation par l'Espagne de Mirage F1. Il affirme que ces appareils sont plus vieux que ceux utilisés par la Colombie, que leur reconditionnement serait "très coûteux" et qu'y consentir serait "négliger le peu que nous possédons pour nous embarquer dans une aventure"...

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