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La guérilla parle de "farce cruelle"
Betancourt : non "officiel" des FARC à la mission humanitaire française en Colombie

BOGOTA, mardi 8 avril 2008 (LatinReporters.com) - La qualifiant cyniquement de "farce cruelle", le "Secrétariat de l'Etat-major central" de la guérilla marxiste des FARC rejette la mission humanitaire française, appuyée par la Suisse et l'Espagne, arrivée le 3 avril en Colombie dans l'espoir d'accéder à Ingrid Betancourt pour la soigner et éventuellement obtenir sa libération. La célèbre Franco-Colombienne est séquestrée par les guérilleros depuis le 23 février 2002.

Colonne de guérilleros des FARC - Photo FARC-EP

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Attendue depuis le 1er avril, date de l'annonce de la mission par le président français Nicolas Sarkozy, la réponse des FARC (Forces arméees révolutionnaires de Colombie) est la première pouvant être considérée comme reflétant réellement l'opinion de la guérilla, puisque cette réponse est signée par son secrétariat, organe suprême collectif regroupant les sept principaux commandants de la rébellion. Le rejet de la mission avait déjà été considéré comme certain par des médias favorables aux insurgés.

Daté du 4 avril 2008, le non "officiel" des FARC à Sarkozy s'exprime dans un communiqué publié le 8 avril par l'Agence bolivarienne de presse (ABP), proche de la guérilla.

Les FARC y réaffirment que l'espoir de paix et d'un échange humanitaire d'otages contre des guérilleros emprisonnés a été "blessé à mort" par l'attaque de l'armée colombienne dans laquelle fut tué le 1er mars le commandant Raul Reyes, numéro deux de la guérilla et interlocuteur clef, notamment de la France, dans toute négociation sur les otages.

"Les guérilleros incarcérés dans les prisons de Colombie et des Etats-Unis sont notre priorité " affirment les chefs des FARC. Sans préciser clairement s'ils réclament encore ou non la démilitarisation de Florida et Pradera, deux municipalités couvrant 800 km² du sud-ouest colombien, ils prétendent dans leur communiqué que si le président colombien Alvaro Uribe avait accepté au début de l'année pendant 45 jours cette démilitarisation pour permettre une négociation, "tant Ingrid Betancourt que les militaires et les guérilleros prisonniers auraient déjà recouvré leur liberté et cela aurait été une victoire pour tous".

La France ayant offert, notamment par la voix de son Premier ministre François Fillon, le statut de réfugié aux guérilleros que Bogota pourrait libérer dans le cadre d'un échange humanitaire, les FARC répliquent qu'ils n'ont "réclamé de personne le statut de réfugié". Les insurgés croient que leur appliquer ce statut ne serait qu'une façon voilée de les frapper de "bannissement" et "d'institutionnaliser le délit d'opinion".

Toujours selon le communiqué, "la mission médicale française n'est pas recevable, d'autant qu'elle ne résulte pas de la concertation, mais de la mauvaise foi" dont aurait fait preuve dans ses contacts avec la France le président colombien Alvaro Uribe, qualifié "d'ennemi numéro un de l'échange humanitaire".

Se refusant d'agir "sous le chantage ou l'impulsion de campagnes médiatiques", les FARC voient en outre cyniquement en la mission française "une farce cruelle pour les espoirs des familles de prisonniers".

Cette fin de non-recevoir prive apparemment de tout objet la mission humanitaire, dont certains se demandaient si elle était basée ou non sur l'espoir d'une désertion contre récompense financière de guérilleros en charge d'Ingrid Betancourt. La France, la Suisse et l'Espagne ont engagé dans cette mission des médecins et des diplomates, que l'armée colombienne était prête à épauler logistiquement. Leur avion est immobile depuis le 3 avril sur l'aéroport militaire de Bogota, dans l'attente vaine de coordonnées que seule la guérilla peut révéler pour accéder à Ingrid Betancourt.

L'état de santé de la Franco-Colombienne est incertain. Le président Sarkozy la présentait le 1er avril "en danger de mort imminente". Six jours plus tard, son ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, affirmait qu'elle n'allait pas aussi mal qu'on le redoutait.

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"Faute politique grave
des FARC" dit la France

LA MISSION VA
QUITTER LA COLOMBIE

PARIS, mercredi 9 avril 2008 (LatinReporters) - Le ministère français des Affaires étrangères a diffusé au soir du 8 avril un communiqué intitulé "Colombie : communiqué des trois pays facilitateurs". En voici le texte intégral:

"Les trois pays facilitateurs, l'Espagne, la France et la Suisse, prennent acte de la décision du secrétariat de l'Etat-major central des FARC de rejeter la mission médicale qui était destinée à venir en aide à Ingrid Betancourt et aux autres otages les plus affaiblis.

Comme l'avait dit le Président Sarkozy dans son dernier appel à Manuel Marulanda [chef suprême de la guérilla; ndlr] et aux commandants des FARC, ce rejet est une faute politique grave en plus d'une tragédie humanitaire.

Les trois pays facilitateurs regrettent d'autant plus vivement la décision du secrétariat que c'est à la suite d'un message des FARC elles-mêmes les informant en termes clairs que la santé d'Ingrid Betancourt s'était profondément dégradée qu'ils ont pris la décision de dépêcher en Colombie leur mission médicale. Les trois pays facilitateurs remercient les autorités colombiennes qui leur ont donné, dès l'origine, toutes les garanties de sécurité et d'indépendance.

Dans ces conditions, les trois pays facilitateurs estiment que le maintien de la mission médicale sur place ne se justifie plus pour le moment. Elle devrait ainsi quitter la Colombie prochainement.

La détermination des trois pays facilitateurs reste intacte. Ils resteront pleinement mobilisés en faveur de la libération d'Ingrid Betancourt et des otages les plus affaiblis et d'une solution humanitaire."

"Profonde déception"
de Nicolas Sarkozy


Le président français Nicolas Sarkozy a fait part mardi soir, dans un communiqué émis par l'Elysée, de sa "profonde déception" tout en assurant que la France restait "pleinement mobilisée pour rendre les otages à la vie et à leurs proches".

Le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner "se rendra prochainement dans la région pour réévaluer la situation avec les dirigeants des pays les plus concernés" a annoncé le même communiqué.
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