BOGOTA, vendredi 4 avril 2008 (LatinReporters.com) -
Comment, deux semaines avant l'annonce de la mission humanitaire dépêchée
en Colombie à l'initiative de la France pour accéder à Ingrid Betancourt, la
guérilla marxiste des FARC aurait-elle déjà pu dire non à cette mission?
Réponse: parce que de nombreux médias internationaux présentent aujourd'hui
un texte des FARC publié pour la première fois le 19 mars comme
une réaction à la mission annoncée ... le 1er avril
par le président français Nicolas Sarkozy!
Certes, comme le fait comprendre ANNCOL, agence officieuse des FARC (Forces
armées révolutionnaires de Colombie), la guérilla se méfie de la France
"capitaliste", "membre de l'OTAN" et gouvernée par un "président de droite". Il est
probable que cette guérilla refuse à la mission humanitaire
une rencontre avec Ingrid Betancourt, très malade, et plus encore
de livrer unilatéralement la célèbre Franco-Colombienne,
séquestrée depuis le 23 février 2002. Mais...
Dès le 19 mars 2008, dans les colonnes d'ANNCOL, sous le titre
"Raúl
Reyes, el camino de la vida a pesar de la muerte" [connexion Internet parfois impossible; ndlr], un commandant des FARC,
Jesus Santrich, et Rodrigo Granda, souvent présenté comme le
"ministre des Affaires étrangères" de la guérilla, s'opposaient
à toute nouvelle libération unilatérale d'otages, et
donc implicitement à une telle libération d'Ingrid Betancourt,
pour n'accepter qu'un éventuel échange de prisonniers. (Depuis, le président
colombien Alvaro Uribe a fait publier un décret, la semaine dernière, permettant
d'élargir des guérilleros emprisonnés, même condamnés
pour crimes contre l'humanité, en échange de la libération
d'otages des FARC, voire de la seule Ingrid Betancourt).
Le même article, avec le même titre,
mais publié le 3
avril par une autre agence proche des FARC, l'ABP (Agencia Bolivariana de
Prensa) est interprété aujourd'hui par de grands médias
internationaux comme "le non des FARC" à la mission humanitaire qui
vient d'atterrir en Colombie pour tenter de soulager Ingrid Betancourt et, le cas échéant,
d'obtenir sa libération.
Certains des médias victimes de la soupe de dates notent tout de même
que l'article "ne mentionne pas la mission humanitaire française"...
et pour cause, puisque cette mission n'avait pas encore été
annoncée lorsque l'article fut publié pour la première
fois.
Il n'y a donc pas encore d'opinion "officielle" des FARC sur la mission humanitaire. Le plus
intéressant, à propos de cette mission, est
peut-être de savoir si elle se base ou non sur l'espoir d'une dissidence
ou d'une trahison, motivée par exemple par une forte récompense
financière, de guérilleros des FARC en charge de la garde d'Ingrid
Betancourt. (Cf.
http://www.latinreporters.com/colombiepol03042008.html).
Et attention à de prochaines confusions. L'ABP publie ce 4 avril sous
le titre
"POR RAUL REYES, POR NUESTROS MUERTOS, NI UN MINUTO DE SILENCIO",
un nouvel article de Jesus Santrich et Rodrigo Granda ...
déjà
publié le 20 mars sous le même titre par ANNCOL. Aucun élément
digne d'intérêt dans ce dernier texte.
[NOTE : la connexion avec ANNCOL (http://anncol.eu) est parfois impossible. Cette agence change en outre régulièrement d'adresse Internet.]