BOGOTA, vendredi 13 novembre 2009 (LatinReporters.com)
- Signé à Bogota le 30 octobre 2009 et entré en vigueur
le même jour, l'accord polémique sur l'utilisation par les forces
armées des Etats-Unis d'au moins sept bases militaires colombiennes
a été rendu public le 3 novembre par le ministère des
Relations extérieures colombien
(*). LatinReporters
diffuse le texte intégral dans ses deux versions officielles,
l'
espagnole
et l'
anglaise,
de cet accord désormais au centre d'une crise entre la Colombie
et le Venezuela.
Intitulé "Accord complémentaire de Coopération et d'Assistance
technique en matière de Défense et de Sécurité",
l'accord est conclu pour une période de dix ans renouvelable. Il est
au centre d'une vive polémique diplomatique, attisée essentiellement
par le président du Venezuela, Hugo Chavez, et ses principaux alliés
régionaux de la gauche radicale, la Bolivie, l'Equateur, le Nicaragua
et Cuba.
L'accord suscite aussi des réserves dans la quasi totalité
des autres pays d'Amérique latine. Il y alimente le doute sur un renouveau
de la politique régionale des Etats-Unis sous la présidence de Barack Obama.
Washington et Bogota affirment que leur nouvel
accord se limiterait à actualiser leur coopération contre le
trafic de drogue et les guérillas d'extrême gauche en vigueur
depuis 1999 dans le cadre du Plan Colombie, lancé à l'époque
par le président américain Bill Clinton. La "lutte contre le terrorisme" mentionnée
dans l'accord vise implicitement les guérillas colombiennes, considérées
officiellement comme terroristes par la Colombie, les Etats-Unis et l'Union européenne.
Des sources proches du chef de l'Etat colombien, le président conservateur Alvaro Uribe,
assimilent cette coopération avec les Etats-Unis à une nécessaire
et légitime défense, d'autant que le Venezuela se réarme
massivement depuis plusieurs années et qu'aucun pays d'Amérique
latine ne contribue à la lutte contre les guérillas colombiennes
des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) et de
l'ELN (Armée de libération nationale). Très impliquées dans
le trafic de cocaïne qui les finance, les FARC disposent, selon Bogota, de bases dans deux
pays voisins de la Colombie, le Venezuela et l'Equateur.
"L'ennemi extérieur"
Pour sa part, le président Hugo Chavez prétend que les facilités
militaires offertes aux Etats-Unis sont une menace directe pour le Venezuela,
pour son pétrole et sa "révolution" dite bolivarienne, ainsi
que pour les gouvernements de gauche d'Amérique latine.
Même en précisant que "se préparer à la guerre est la meilleure
manière de l'éviter", Hugo Chavez a soulevé inquiétude
et désapprobation internationales en ordonnant publiquement
le 8 novembre à son armée de "se préparer à la
guerre et d'aider le peuple à se préparer [aussi] à
la guerre" pour repousser, le cas échéant, une attaque des
Etats-Unis via la Colombie voisine.
Voyant dans ce discours "des menaces de guerre", la Colombie en a saisi le
Conseil de sécurité des Nations unies.
L'opposition vénézuélienne croit qu'avec le dossier
des bases en Colombie le président Chavez veut jouer à fond
la carte de "l'ennemi extérieur", artifice habituel des régimes
populistes en mal de cohésion, et mieux camoufler la réalité interne
du Venezuela.
Ce pays est en proie à des pénuries d'eau, d'électricité
et de certains aliments, ainsi qu'à une dégradation des services
de santé, à une criminalité galopante (on prévoit
près de 20.000 meurtres en 2009 contre plus de 14.000 en 2008) et
à une inflation chiffrée déjà à 20,7%
pour les dix premiers mois de cette année.