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Lettre à Barack Obama du sénateur et ex-guérillero colombien Gustavo Petro, candidat présidentiel du Polo Democratico
Colombie / Etats-Unis: la gauche dénoncera l'accord militaire si elle gagne l'élection présidentielle

BOGOTA, jeudi 12 novembre 2009 (LatinReporters.com) - "Si je suis élu président des Colombiens en [mai] 2010, je n'accepterai pas l'Accord [sur l'utilisation de bases militaires colombiennes par les Etats-Unis] et je le dénoncerai en tant qu'illégal devant les tribunaux internationaux" écrit le candidat présidentiel du Polo Democratico Alternativo (gauche), le sénateur et ex-guérillero Gustavo Petro, dans une lettre datée du 10 novembre 2009 adressée au président américain Barack Obama.

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Gustavo Petro (à gauche) et Barack Obama. (Photomontage www.polodemocratico.net)
A l'élection présidentielle de mai 2006, le candidat du Polo Democratico Alternativo (Pôle démocratique alternatif), à l'époque Carlos Gaviria, avait obtenu 22% des suffrages et s'était classé second, devancé seulement par le président conservateur Alvaro Uribe, réélu dès le premier tour avec 62% des voix.

Le président Uribe n'a pas encore signifié qu'il briguerait l'an prochain un troisième mandat de quatre ans. Mais ses partisans ont déjà lancé la mécanique du référendum constitutionnel qui permettrait de concrétiser cette éventuelle ambition du chef de l'Etat., toujours très populaire dans son pays.

Rendu public le 3 novembre, l'accord définitivement signé le 30 octobre à Bogota par trois ministres d'Alvaro Uribe avec l'ambassadeur des Etats-Unis permet à la première puissance mondiale d'utiliser au moins sept bases militaires colombiennes pendant une période de dix ans renouvelable. Sont en principe visés le narcotrafic et, sous le vocable "terrorisme", les guérillas colombiennes d'extrême gauche, principalement les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, marxistes), qui se financent notamment par le trafic de cocaïne. [Texte intégral de l'accord, en espagnol et en anglais]

Mais l'hostilité diplomatique engendrée dans la région par cet accord a isolé le président Uribe au sein de l'Unasur (Union des nations sud-américaines). Son homologue vénézuélien Hugo Chavez veut voir dans les facilités militaires offertes aux Etats-Unis une menace directe pour le Venezuela, pour son pétrole et sa "révolution", ainsi que pour les gouvernements de gauche d'Amérique latine. Même en précisant que "se préparer à la guerre est la meilleure manière de l'éviter", Hugo Chavez a soulevé une notable inquiétude internationale en ordonnant publiquement le 8 novembre à son armée de "se préparer à la guerre et d'aider le peuple à se préparer [aussi] à la guerre" pour repousser, le cas échéant, une attaque des Etats-Unis via la Colombie voisine.

C'est dans ce contexte que le sénateur Gustavo Petro, 49 ans, ex-militant de la guérilla urbaine du M-19 (Mouvement du 19 avril), écrit au président Obama que le nouvel accord militaire bilatéral "n'a aucune valeur juridique" et "ne lie pas la nation colombienne", car Alvaro Uribe ne l'a pas soumis à l'autorisation du Sénat comme l'exigerait la Constitution.

Aussi le candidat présidentiel du Polo Democratico assimile-t-il l'utilisation de bases militaires colombiennes par des forces américaines à un "transit illégal de troupes et de personnel étrangers" que "les traités internationaux" pourraient taxer "d'occupation illégale".

En conséquence, Gustavo Petro prie le président Obama "de suspendre unilatéralement le processus d'aménagement des bases militaires et le transfert de personnel". "Nous vous invitons, avec l'aide de la communauté internationale, à suivre d'autres chemins durables d'entente qui nous mènent à la paix" conclut le sénateur colombien.

Sa menace de dénoncer le nouvel accord doit être appréciée en fonction de ses possibilités de remporter dans six mois la prochaine élection présidentielle. Si Alvaro Uribe se représente, les chances de Gustavo Petro et de tout autre candidat à la présidence de la République de Colombie seront en principe très réduites.

Mais au-delà du scrutin présidentiel, la position de Gustavo Petro doit aussi être analysée par rapport à ce que ce sénateur et ex-guérillero personnifie aujourd'hui, à savoir l'aile modérée d'une gauche parlementaire en majorité hostile à ce que son candidat présidentiel n'hésite plus à appeler "le terrorisme" de la guérilla des FARC.

Et que l'accord militaire américano-colombien soit dénoncé avant son premier terme de dix ans dépend peut-être de la capacité du Polo Democratico à convaincre une majorité de Colombiens, par exemple d'ici la présidentielle de 2014, de ne plus associer la gauche aux bombes et aux prises d'otages de la guérilla marxiste des FARC soutenue par Hugo Chavez.

L'Uruguay offre une référence d'actualité. Un autre ex-guérillero assagi, José Mujica, pourrait y assurer le 29 novembre le maintien à la présidence d'une gauche victorieuse pour la première fois en 2004. Le Frente Amplio (Front élargi) de José Mujica et de Tabaré Vazquez, le président uruguayen social-démocrate sortant, présente précisément de nombreux points communs avec le Polo Democratico colombien.


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