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Monarchie dans la tourmente
Espagne - corruption : Cristina, fille du roi, convoquée par le juge
 

   

 
L'infante Cristina et son mari Iñaki Urdangarin sur une photo offerte en reproduction libre à l'occasion de la Noël 2005 sur le site Internet de la Maison Royale espagnole. (Photo Casa de Su Majestad el Rey).

MADRID, jeudi 4 avril 2013 (LatinReporters.com) - "La justice est la même pour tous"... Cette affirmation du roi Juan Carlos d'Espagne dans son message de Noël en 2011 a été malicieusement rediffusée mercredi soir, notamment par les chaînes Telecinco et La Sexta, pour assaisonner la principale information de la journée : l'infante Cristina, fille cadette du souverain, est mise en examen et devra s'expliquer devant le juge qui mène l'enquête pour corruption visant son époux, Iñaki Urdangarin.

La blonde et souriante Cristina Federica Victoria Antonia de la Santísima Trinidad de Borbón y Grecia, infante d'Espagne et duchesse de Palma de Majorque, septième dans l'ordre de succession au trône, sera ainsi, à 47 ans, le premier membre de la famille royale à déposer devant la justice de l'Espagne contemporaine.

Elle est convoquée le 27 avril par le juge d'instruction José Castro, du tribunal de Palma de Majorque, aux Baléares. Le magistrat la soupçonne de "coopération" avec son mari, poursuivi pour le détournement de plusieurs millions d'euros d'argent public via l'institut Noos, une société de mécénat présidée par le gendre du roi entre 2004 et 2006.

"Surprise" de la Maison royale

Cristina était membre du comité de direction de l'institut. Dans son arrêt publié mercredi, le juge Castro fait état d'indices laissant entendre que l'infante a pu "consentir à ce que son lien de parenté avec le roi Juan Carlos soit utilisé par son mari", offrant de la sorte une "coopération nécessaire" à des opérations débouchant sur des détournements de fonds. Une source judiciaire y voit un délit de trafic d'influence.

Prenant au mot le roi Juan Carlos, le magistrat estime que ne pas convoquer Cristina reviendrait à "discréditer la maxime selon laquelle la justice est la même pour tous".

Depuis l'apparition de l'affaire dans les médias, fin 2011, Iñaki Urdangarin, ancien champion olympique de handball de 45 ans reconverti dans les affaires, cherchait à protéger la famille royale et notamment son épouse Cristina, affirmant que tous avaient été tenus à l'écart de ses activités suspectes. Cette stratégie est désormais lézardée.

Se disant "surprise" de la mise en examen de Cristina et l'attribuant à un revirement du juge, la Maison royale a explicitement appuyé l'intention du Parquet de déposer un recours pour inexistence "d'indices" sur "la participation" de l'infante à "des faits délictueux".

La une des quotidiens espagnols est dédiée ce jeudi au malheur de Cristina. L'éditorialiste de l'influent quotidien El País (centre gauche) n'écarte pas l'hypothèse que le juge Castro "ait tenu compte de l'énorme pression de l'opinion publique à l'heure de prendre une décision qui ne transmette pas l'impression que l'infante échappe au destin judiciaire des autres protagonistes de l'affaire Urdangarin".

Ce rebondissement spectaculaire frappe le coeur de la monarchie au moment où elle traverse une crise sans précédent depuis l'arrivée sur le trône du roi Juan Carlos, le 22 novembre 1975, deux jours après la mort du dictateur Francisco Franco.

Aux ennuis de santé répétés du roi, âgé de 75 ans, s'est ajouté, au printemps 2012, un scandale né d'une coûteuse partie de chasse au Botswana, après laquelle le souverain avait dû présenter des excuses au pays. Un faux pas que l'Espagne, plongée dans la crise économique, ne semble pas lui avoir pardonné.

Le roi Juan Carlos est-il en règle avec le fisc ?

En outre, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), principale force de l'opposition, compte demander au gouvernement si le roi Juan Carlos est en règle avec le fisc après la révélation, lundi par le journal de centre droit El Mundo, d'un héritage de plus de deux millions d'euros reçu par le souverain à la mort de son père, en 1993.

"Le PSOE va demander au gouvernement s'il connaît l'existence de l'héritage reçu par le roi Juan Carlos et s'il peut nous dire si cet héritage avait été déclaré au fisc", a indiqué mardi à l'AFP une porte-parole du groupe parlementaire socialiste au Congrès des députés.

Au total, le père du monarque, le comte de Barcelone Juan de Borbón, aurait légué à sa famille 1,1 milliard de pesetas, soit environ 6,6 millions d'euros au taux de change du passage à la monnaie unique, répartis entre trois comptes en Suisse, où la famille avait passé plusieurs années, et des biens fonciers. Le roi Juan Carlos aurait touché 375 millions de pesetas, soit environ 2,2 millions d'euros. Ces comptes en Suisse existent-ils encore ? Ont-ils été déclarés ? Quel est le patrimoine actuel du roi ? Ces questions risquent désormais de fuser aux Cortes (Parlement).

Le soutien à la monarchie est tombé "à un minimum historique de 54%", selon un sondage publié début janvier.

Mais les accusations ou soupçons de corruption, explosifs lorsqu'ils visent ceux qui imposent l'austérité dans un pays en crise, frappent de nombreuses autres institutions. Parti populaire (PP, droite) de Mariano Rajoy, le chef du gouvernement, opposition socialiste, banques, syndicats, exécutifs de régions et édiles municipaux ne cessent de défrayer la chronique des scandales.

Selon un sondage publié le 3 février, le PP s'est affaissé dans les intentions de vote à 23,9%, contre 44,6% aux législatives qu'il remporta en novembre 2011. L'opposition socialiste, créditée d'à peine 23,5%, perd encore plus de cinq points par rapport à sa déroute historique aux mêmes législatives. Il s'agit là de l'effondrement, durable ou non, des deux familles politiques qui ont vertébré pendant près de 40 ans la démocratie postfranquiste, mobilisant longtemps ensemble 80% de l'électorat, contre moins de 50% aujourd'hui.


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