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Pris dans un coup de filet policier "historique" au Pays basque français

Antza, nš1 de l'ETA, arrêté : le séparatisme basque défie toujours l'Espagne

Séparatistes basques de l'ETA
Vidéo-photo ETB
MADRID, lundi 4 octobre 2004 (LatinReporters.com)

Les perquisitions continuaient lundi au Pays basque français. Le coup de filet lancé dimanche contre les séparatistes de l'ETA par au moins 140 policiers en collaboration avec la garde civile espagnole durera plusieurs jours et l'analyse des documents saisis plusieurs mois. L'opération est qualifiée "d'historique" par le ministre espagnol de l'Intérieur, le socialiste José Antonio Alonso. Il confirme que parmi la vingtaine d'interpellés figurent le nº1 de l'ETA, Mikel Albizu, alias Mikel Antza, et sa compagne Soledad Iparraguirre, alias Anboto, dirigeante elle aussi de l'organisation. Un arsenal a été saisi. Mais avec ou sans l'ETA, le séparatisme basque continuera à défier l'Espagne.


Le ministre Alonso souligne que lors des sept premières perquisitions dans sept localités du Sud-Ouest de la France, la police a saisi plus de 700 kilos d'explosifs, des dizaines de fusils d'assaut et de pistolets-mitrailleurs, des lance-grenades, des grenades antichars et antipersonnel, plus de 1.000 détonateurs et plus de 40.000 cartouches.

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José Antonio Alonso s'est félicité de l'efficacité de la collaboration de la police de l'Hexagone. Il a vivement remercié "la République française" et son ministre de l'Intérieur Dominique de Villepin. Tous les partis politiques d'Espagne, y compris les nationalistes dits modérés basques et catalans ont applaudi le coup asséné au terrorisme.

"L'ETA est décapitée" titraient lundi plusieurs journaux espagnols. Mais aucun éditorialiste n'affirmait que l'organisation séparatiste basque disparaîtrait demain. "Nous ne pouvons pas baisser la garde. Nous demeurons en alerte maximale" reconnaît le ministre Alonso.

Pour justifier le caractère "historique" qu'il confère au coup de filet de la police française, le ministre espagnol de l'Intérieur désigne Mikel Antza comme "le chef suprême de la bande terroriste ETA", dont il dirigerait l'appareil politique depuis douze ans.

Une preuve objective de l'importance d'Antza est qu'il fut en 1999, dans la ville suisse de Zurich, porte-parole de l'ETA lors de pourparlers avortés avec des émissaires du gouvernement espagnol, présidé à l'époque par le conservateur José Maria Aznar.

Aucun crime de sang n'apparaît sur la fiche policière d'Antza. Littéraire, diplômé en philologie et surnommé parfois "le poète", il doit son pseudonyme à la signature "Antza" sous laquelle il signait des articles dans une revue culturelle basque. Il s'exila en France en 1985 après avoir organisé, déguisé en technicien du son, l'évasion rocambolesque de la prison de Martutene de deux membres de l'ETA cachés dans les haut-parleurs d'un orchestre venu divertir les détenus.

Quant à sa compagne Soledad Iparraguirre, 43 ans, le même âge qu'Antza, le ministre Alonso la désigne comme la responsable des commandos dits "légaux" de l'ETA, composés de terroristes non fichés par la police et qui mènent une vie, y compris professionnelle, d'apparence normale.

Son pseudonyme, Anboto, est le nom d'une montagne basque où, selon la légende, des fleurs se transformeraient parfois en flammes... Un symbole significatif quant on sait que Soledad Iparraguirre est accusée d'avoir fait exploser des voitures piégées. La police lui attribue au moins 14 assassinats de policiers et de militaires perpétrés à Madrid et au Pays basque.

La presse espagnole ajoute qu'elle contrôlerait l'impôt révolutionnaire réclamé sous la menace par l'ETA à de nombreuses entreprises du Pays basque. Aussi la saisie de l'ordinateur de Soledad Iparraguirre, et de celui de Mikel Antza, revêt-elle aux yeux de la police une importance capitale pour précipiter le démantèlement de l'ETA.

Voie québécoise de souveraineté-association

En 46 ans d'existence -ponctuée de près de 900 assassinats lors d'attentats terroristes qui ont fait aussi des milliers de blessés- l'organisation séparatiste basque a été décapitée dix fois ou plus, réussissant toujours à assurer la relève.

La véritable question, avec ou sans l'ETA, est de savoir si le problème du séparatisme basque va être ou non résolu. Sans ambiguïté, la réponse est non à court ou moyen terme. Car le dossier basque se complique politiquement en Espagne. Peu satisfaits de la pourtant large autonomie régionale actuelle, les nationalistes dits modérés qui dominent l'exécutif du Pays basque espagnol confirment en effet qu'ils convoqueront, peut-être dès 2005, avec ou sans l'accord de Madrid, un référendum d'autodétermination.

Les Basques seraient invités à dire oui ou non à un Pays basque qui serait l'égal institutionnel de l'Espagne, sans nécessairement se séparer d'elle, mais sans l'exclure non plus. Une voie similaire, en somme, à celle de la souveraineté-association tentée jusqu'à présent sans succès au Canada par les indépendantistes québécois.

Si cela aboutissait, l'indépendantisme violent de l'ETA disparaîtrait sans doute faute de soutien populaire dans sa propre région. La société marxiste-léniniste voulue par l'ETA et sa prétention de l'étendre à l'ensemble de l'Euskal Herria, soit tant au Pays basque espagnol que français, apparaîtraient plus que jamais comme des mirages par rapport au pas significatif et non violent (sauf réaction exacerbée de Madrid) que les nationalistes voudraient franchir avec la liberté-association.

Toutefois, au vu des résultats de diverses élections régionales, les nationalistes ne sont pas assurés de représenter toujours la majorité des Basques.

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