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Brésil: l'intégration de l'Amérique du Sud, via Mercosur, est la priorité extérieure de Lula

Luiz Inacio Lula da Silva, président du Brésil depuis le 1er janvier 2003
Photo Olivio Lamas
MADRID, mardi 25 février 2003 (latinreporters-com) - "La priorité de la politique extérieure brésilienne sera l'Amérique du Sud... J'ai proposé aux présidents de la région d'établir un parlement du Mercosur qui sera élu directement par les électeurs de nos pays" écrit Luiz Inacio Lula da Silva, président du Brésil depuis le 1er janvier, dans le dernier numéro de la revue "Foreign Affairs en español". Lula, comme on l'appelle désormais mondialement, croit que l'intégration sud-américaine permettra au sous-continent de mieux défendre ses intérêts face aux Etats-Unis et à l'Union européenne.

Ex-marxiste fondateur du Parti des Travailleurs (PT), le plus grand parti de gauche d'Amérique latine, Lula ne fait pas la moindre allusion à d'éventuels liens privilégiés avec les présidents de gauche de Cuba, du Venezuela et de l'Equateur. Il ne cite aucun de ces trois pays. Un prétendu "axe du mal" latino-américain, redouté à Washington, ne semble donc pas actuellement à l'ordre du jour.

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Le Mercosur que Lula veut régénérer est l'union douanière sud-américaine -qualifiée parfois par les médias de marché commun- créée en 1991 par le Brésil, l'Argentine, l'Uruguay et le Paraguay. Le Chili et la Bolivie l'ont rejointe partiellement, en qualité de membres associés. Les effets régionaux de la crise économique et sociale sans précédent qui frappe l'Argentine ont porté un coup sévère à cette tentative d'intégration sud-américaine.

En voulant relancer Mercosur, Lula entend probablement faire du Brésil le leader incontesté de l'Amérique du Sud et accroître l'influence de son pays dans le concert universel des nations. "Le Brésil que nous avons été appelés à gouverner est un grand pays, de plus de 170 millions d'habitants et dont l'économie se situe parmi les dix plus grandes du monde" pose d'emblée le président brésilien en ouverture de l'article qu'il signe dans "Foreign Affairs en español".

"Nous voulons, écrit Lula, que Mercosur soit davantage qu'une union douanière. Nous voulons qu'il se transforme en une zone de convergence sur les fronts industriel, agricole, social et scientifico-technologique".

Sa proposition d'établir "un parlement de Mercosur élu directement par les électeurs de nos pays" permettrait, selon Lula, à "nos citoyens de participer au processus d'intégration régionale", lui conférant ainsi "une légitimité institutionnelle".

Monnaie et politique extérieure communes

Manifestement inspiré par l'architecture de l'Union européenne, le président brésilien exhorte les pays du Mercosur à "la coordination macroéconomique de leurs banques centrales, condition sine qua non pour aboutir à une monnaie commune".

"Un Mercosur cohérent et élargi, poursuit Lula, devrait avoir une politique extérieure commune qui nous permette de mener un dialogue avec l'Union européenne et les Etats-Unis, surtout dans le cadre du processus de négociation pour la formation de la Zone de libre-échange des Amériques" (ZLEA).

Cette ZLEA (ou ALCA, selon son sigle espagnol) serait, de l'Alaska à la Terre de Feu, la plus vaste zone de libre-échange de la planète. Elle compterait plus de 800 millions d'habitants de 34 pays, soit tous ceux des Amériques du Nord, centrale et du Sud, à la seule exception de Cuba. L'Organisation des Etats américains (OEA), garante spirituelle de la ZLEA, voit en l'île de Fidel Castro l'unique dictature du continent américain. Elle n'aurait donc pas sa place dans une entreprise théoriquement démocratique.

L'ouverture de la ZLEA a été fixée à décembre 2005 lors du IIIe Sommet des Amériques, réuni en avril 2001 à Québec. Avant les attaques terroristes islamistes du 11 septembre 2001 contre New York et Washington, cette future zone de libre-échange continentale était la priorité de la politique extérieure du président américain George W. Bush, plus absorbé aujourd'hui par sa croisade contre le terrorisme international.

Contrairement à son homologue vénézuélien Hugo Chavez, Lula ne tire pas à boulets rouges contre la ZLEA. Il reconnaît que "l'élargissement de nos exportations est fondamentale pour renforcer un nouveau dynamisme de notre système de production et pour équilibrer nos dettes extérieures".

Mais le président brésilien avertit que "la disparité entre l'économie des Etats-Unis et celles du reste de l'hémisphère" justifierait des compensations pour éviter que les inégalités ne s'accroissent au sein de la ZLEA. Lula critique aussi les barrières protectionnistes non tarifaires des Etats-Unis, "qui affectent profondément les exportations brésiliennes".

On en retire l'impression que Lula, comme Fernando Henrique Cardoso, son prédécesseur social-démocrate à la présidence du Brésil, ne hâtera pas l'ouverture de la ZLEA. D'autant plus que la restructuration de Mercosur, qui permettrait au Brésil et à l'Amérique du Sud de mieux se faire entendre dans les négociations, sera, pour autant qu'elle soit possible, une entreprise de longue haleine.

Autre différence non banale entre Washington et Brasilia: Lula affirme que "la bataille pour la paix est la priorité absolue... et nous défendons des solutions négociées pour les conflits qui affectent aujourd'hui l'humanité".

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