Colombie: terreur meurtrière contre la ville symbole de la résistance civile à la guérilla
Ni cet attentat ni les précédents qui ont endeuillé la ville et sa région depuis février n'ont été revendiqués. Le président Andres Pastrana, la police et l'armée les attribuent aux FARC. En Colombie, le massacre quotidien de civils n'est quasi jamais revendiqué ni par les guérilleros, qui prétendent représenter le peuple, ni par les paramilitaires, qui exécutent les complices supposés des rebelles. Venu d'urgence à Villavicencio pour y réunir un conseil extraordinaire de sécurité, le président Pastrana y a réclamé pour la Colombie la même solidarité internationale que pour le Moyen-Orient. Selon le chef de l'Etat colombien, les deux régions sont secouées par le "même terrorisme". Ville de 350.000 habitants, à 110 km au sud-est de Bogota, Villavicencio est la capitale du département du Meta. Le 30 janvier dernier, trois semaines avant la rupture des pourparlers de paix entre le président Andres Pastrana et les FARC, environ 200.000 habitants du Meta et de Villavicencio descendirent dans les rues en frappant des casseroles pour dire "Assez" aux attentats, aux enlèvements et aux extorsions des FARC. Restée inégalée à ce jour, cette manifestation fut le premier acte massif de résistance civile organisé en Colombie contre la guérilla.
Ce dimanche, à 1h du matin, une explosion retentit sur un parking du quartier très fréquenté de la Grama, connu à Villavicencio pour ses discothèques, bars et restaurants. Une foule de curieux s'approcha pour constater les dégâts. C'est à ce moment, quatre minutes après la première déflagration, qu'une voiture piégée explosa, faisant parmi la foule 12 morts et 67 blessés. Ce type d'attentat en deux temps, avec leurre pour attirer les curieux et provoquer ensuite un maximum de victimes, est une technique habituellement pratiquée par les indépendantistes basques de l'ETA. Son utilisation à Villavicencio renforce les accusations de la police et de l'armée colombiennes quant à la coopération entre les FARC et divers mouvements du terrorisme international. Parmi les victimes, on compte trois enfants tués et plusieurs autres blessés. La plupart d'entre eux étaient des petits vendeurs de bonbons ou de fleurs. Les hôpitaux de la ville lançaient des appels aux donneurs de sang. Au moins 15 véhicules, des commerces et des immeubles, dont celui d'une station de radio, ont subi de sérieux dommages. L'explosion coupa l'électricité et le téléphone dans le quartier de la Grama. L'acte terroriste a été perpétré en pleines festivités du 162e anniversaire de Villavicencio. Peu après, un nouvel attentat était évité, la police désamorçant à temps une puissante charge explosive placée dans le coffre d'un taxi parqué devant le commissariat central de la ville. Deux jours plus tôt, vendredi, l'explosion d'une autre voiture piégée à Fuente de Oro, également dans le département du Meta, avait blessé 13 personnes et détruit 20 locaux commerciaux. A Villavicencio encore, le 16 février, dix-sept jours après la gigantesque manifestation contre la violence des FARC, un attentat à l'explosif, attribué aussi à cette guérilla marxiste, se soldait par un mort et 11 blessés. En outre, ces dernières semaines, le département du Meta a été spécialement visé par l'offensive de la guérilla contre l'infrastructure économique colombienne, des ponts, pylônes de lignes à haute tension, conduites d'eau, transformateurs d'électricité et centraux téléphoniques étant détruits à l'explosif. Il y a une dizaine d'années, les attentats à la voiture piégée étaient en Colombie l'arme de choc des narcotrafiquants qui prétendaient empêcher par la terreur l'extradition vers lers Etats-Unis de barons locaux de la drogue. Aujourd'hui, la guérilla des FARC est considérée par Bogota et par Washington comme l'un des nouveaux cartels de la cocaïne. A la fin du mois de mars, la justice américaine lançait, pour trafic de cocaïne, un ordre de capture contre trois membres des FARC, dont le chef régional Tomas Molino Caracas, alias "El Negro Acacio". Les FARC figurent sur la la liste internationale d'organisations terroristes dressée par le département d'Etat américain. Les chefs de cette guérilla sont actuellement sous le coup d'un mandat d'arrêt international géré par Interpol.
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