Colombie: Human Rights Watch accuse la guérilla de "violation systématique du droit humanitaire"
HRW, dont le siège est à New York, exige la libération "immédiate et sans conditions" de tous les otages séquestrés par les FARC, y compris des personnalités politiques aux mains des rebelles, dont Ingrid Betancourt, candidate à l'élection présidentielle du 26 mai prochain.
Les femmes, hommes et enfants capturés par les guérilleros ne sont libérés que contre rançon. Plusieurs meurent chaque année, victimes des dures conditions de leur longue captivité, qui se prolonge parfois pendant plusieurs années. A propos des personnalités politiques qu'elles détiennent, les FARC réclament du gouvernement de Bogota l'adoption d'une loi qui autoriserait leur échange contre des guérilleros emprisonnés. Le 11 avril dernier, déguisés en militaires, des combattants des FARC enlevaient 12 députés régionaux de l'Assemblée départementale de Cali, égorgeant un policier qui s'interposait. "Cet enlèvement retentissant est un exemple de plus de la violation persistante et systématique, par les FARC, du droit humanitaire international" affirme José Miguel Vivanco, directeur exécutif de la section Amériques de HRW. Il estime que "la récente escalade d'enlèvements politiques démontre non seulement que les FARC continuent à s'en prendre principalement aux civils, mais aussi qu'elles méprisent le processus politique libre en Colombie". Dans une lettre de sept pages adressée à Manuel Marulanda, commandant en chef des FARC, la prestigieuse organisation humanitaire rappelle avec précision les enlèvements de personnalités politiques durant les mois précédant les élections législatives colombiennes du 10 mars dernier et l'élection présidentielle du 26 mai prochain. Outre les douze députés régionaux séquestrés depuis le 11 avril, les FARC détiennent actuellement la candidate présidentielle Ingrid Betancourt, l'ex-gouverneur du département du Meta, Alan Jara Urzola et cinq parlementaires nationaux: les sénateurs Jorge Eduardo Gechem Turbay et Luis Eladio Pérez Bonilla, ainsi que les députés Consuelo González de Perdomo, Orlando Beltrán Cuellar et Oscar Tulio Lizcano. HRW manifeste sa "grave préoccupation" quant à la sécurité de tous les otages. "En tant que commandant suprême des FARC, Manuel Marulanda est responsable des violations persistantes des droits de l'homme commises par ses forces" déclare José Miguel Vivanco. "Il a la responsabilité de garantir le respect des normes juridiques internationales par les troupes des FARC, c'est pourquoi nous nous adressons directement à lui" précise le responsable de l'organisation humanitaire. Human Rights Watch avait déjà écrit en juillet 2001 à Manuel Marulanda, le priant de faire cesser de nombreuses violations des droits de l'homme imputées aux FARC. (Voir "Colombie: justice internationale contre les crimes de la guérilla?"). Néanmoins, souligne HRW, "les FARC ont continué, depuis, à violer de manière flagrante le droit humanitaire international". A Londres, Amnesty International a exigé à son tour, mardi, la libération "immédiate" d'Ingrid Betancourt et des autres personnalités politiques séquestrées par les FARC. Cette organisation humanitaire internationale dénonce en outre "la vague croissante de violence politique" qui frappe la campagne pour la prochaine élection présidentielle. Dimanche dernier, le favori du scrutin, Alvaro Uribe, connu pour ses positions fermes à l'égard de la guérilla, a échappé par miracle à un attentat à l'explosif qui a fait 3 morts et 13 blessés, dont 2 fillettes, dans la ville de Barranquilla.
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