BARCELONE, mercredi 19 décembre 2012 (LatinReporters.com) - Un pacte
de législature comprenant un accord sur la convocation en 2014 d'un
référendum d'autodétermination de la Catalogne (nord-est de l'Espagne) a été
conclu mardi à Barcelone par les nationalistes de centre droit de
Convergència y Unió (CiU) et les indépendantistes de
la gauche républicaine (Esquerra Republicana de Catalunya, ERC). Ces
deux forces souverainistes contrôlent la majorité absolue du
Parlement catalan élu le 25 novembre.
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Les deux leaders du souverainisme catalan, le nationaliste Artur Mas (à
gauche) et l'indépendantiste républicain Oriol Junqueras, scellent
leur pacte de législature devant la presse, le 19 décembre
2012 à Barcelone. (Photo EFE) |
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Non assortie d'une date précise, l'échéance de 2014
pourrait être prorogée si les deux parties en conviennent. L'année
2014 est doublement significative. D'une part, elle marquera le 300ème
anniversaire de la prise de Barcelone, la capitale catalane, par les troupes de Philippe V d'Espagne
et, d'autre part, elle verra les Écossais décider eux aussi
de leur sort, se prononçant sur leur maintien ou non dans le Royaume-Uni.
Mais si l'Écosse a obtenu l'accord de Londres sur son référendum,
la Catalogne, elle, s'est vue signifier depuis longtemps le refus catégorique
de l'Espagne, gouvernée par l'Alliance Populaire (PP, droite) de Mariano
Rajoy.
Les souverainistes catalans espèrent néanmoins profiter, sur
le plan international, de la tolérance diplomatique qui semble entourer
l'indépendantisme écossais. Le pacte souverainiste conclu à
Barcelone dit que "la consultation" de 2014 devrait permettre au "peuple
de Catalogne de se prononcer sur la possibilité que la Catalogne se
constitue en État dans le cadre européen". A cet égard,
la Commission européenne a affirmé à plusieurs reprises
que si la Catalogne se séparait de l'Espagne, elle se situerait hors
de l'Union européenne et devrait pour y revenir solliciter son adhésion,
tributaire de l'unanimité de tous les pays de l'UE, y compris l'Espagne.
Théoriquement, cet avertissement devrait aussi concerner l'Écosse.
Dans l'immédiat, l'accord entre souverainistes catalans assure une
nouvelle investiture, vendredi, et le maintien à la présidence
du gouvernement régional de Catalogne du nationaliste Artur Mas. Cet
économiste négocia au nom de CiU le pacte de législature
avec le président d'ERC, l'historien et professeur d'université
Oriol Junqueras. Ce dernier déclare ne pas vouloir entrer dans un gouvernement
de coalition, mais il promet son soutien à CiU en échange de
son engagement clair sur la tenue du référendum et de son acceptation
de réformes fiscales régionales, dont la création d'un
impôt sur les dépôts bancaires et le rétablissement
de l'impôt sur les successions.
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"Alliance pour rompre l'Espagne"... Titre rageur, le 19 décembre 2012, à la une du quotidien de droite
La Razón, entre les photos d'Artur Mas et d'Oriol Junqueras. |
Les résultats des
élections
catalanes anticipées du 25 novembre dernier, convoquées par Artur Mas pour amorcer le défi
indépendantiste, permettent aux nationalistes de CiU de conserver
aujourd'hui leur rang de première force politique de la Catalogne,
malgré le net recul que signifient leurs 50 députés
au Parlement régional contre 62 lors de la législature précédente.
En revanche, ERC, parti historique de la gauche indépendantiste catalane,
a plus que doublé son score antérieur en récoltant 21 sièges
qui lui assurent la deuxième place sur l'échiquier
politique catalan.
Le pacte CiU-ERC, étayé ainsi par une majorité absolue de 71 des 135
députés du Parlement catalan, était le seul possible pour concrétiser le
défi souverainiste, défini en six étapes par Artur Mas et Oriol Junqueras, comme suit
à l'Annexe 1 de leur
Accord
de législature, dénommé aussi "Accord pour la transition nationale" :
1. "Déclaration de souveraineté du peuple catalan" lors de
la première session parlementaire plénière de la nouvelle
législature régionale.
2. Approbation d'une loi catalane régissant les "consultations" [du peuple catalan],
dont l'élaboration devrait débuter en janvier 2013.
3. Au cours du premier semestre 2013, "ouverture d'un processus de
négociation et de dialogue avec l'État espagnol sur l'exercice
du droit de décider incluant l'option de convocation d'un référendum".
[Négociation que Madrid refuse d'emblée;
ndlr].
4. "Création du Conseil catalan pour la transition nationale", qui
"favorisera la participation au processus [d'autodétermination]
des entités économiques, sociales et culturelles de notre pays".
5. Jusqu'au 31 décembre 2013, mise au point de "toutes les procédures
formelles, juridiques et institutionnelles possibles" afin que puisse être
convoquée "la consultation" l'année suivante [2014] "dans le
cadre légal qui la recouvre", sauf si les deux parties acceptent une
prorogation "qu'exigerait le contexte socio-économique et politique".
[Actuellement, aucun "cadre légal" ne permet un référendum
qui ne serait pas autorisé par Madrid; ndlr].
6. "Convocation d'une consultation afin que le peuple de Catalogne puisse
se prononcer sur la possibilité que la Catalogne se constitue en État
dans le cadre européen".