MADRID, vendredi 23 avril 2010 (LatinReporters.com) - Grandiose actualité
ibéro-américaine... Au bicentenaire de l'indépendance du Venezuela, Hugo
Chavez offre un choix démocratique entre "la patrie socialiste ou la mort". En Bolivie, apport
scientifique décisif d'Evo Morales sur le poulet, les gays et les chauves à la
Conférence mondiale des peuples sur le changement climatique et les droits de la Terre mère. Et en Espagne, ultime saut olympique,
à 89 ans vers l'au-delà, de Juan Antonio Samaranch.
Venezuela, Caracas, 19 avril. Sur le paseo de los Proceres (boulevard
des Grands hommes), émergeant fusil au poing d'un blindé léger,
le général Celso Canelones Guevara salue le président
Hugo Chavez, debout en grand uniforme dans la tribune officielle, au cri
de "La patrie socialiste ou la mort". "Nous vaincrons" réplique aussitôt
le chef de l'Etat, qui a imposé dans les casernes ces devises d'inspiration
cubano-castriste.
Le général Canelones sollicite ensuite l'autorisation, évidemment
accordée, de faire défiler, pour commémorer le bicentenaire
de l'indépendance (de ses prémices disent plutôt les historiens), "
12.000
combattants socialistes, anti-impérialistes et révolutionnaires,
accompagnés du glorieux peuple vénézuélien
dans ses différentes expressions culturelles et sportives".
Achetés essentiellement à la Russie, chars, hélicoptères
et avions de combat rugissent. "Le peuple et son armée garantissent l'indépendance
menacée du Venezuela" justifiera Chavez. Absente à la tribune officielle faute d'invitation,
l'opposition vénézuélienne dénonce la militarisation
du régime et du pays.
Au soir du 19 avril, dans la capitale vénézuélienne,
le IXe sommet des huit pays de l'ALBA (Alliance bolivarienne pour les
Amériques, créée en 2004 par Hugo Chavez et Fidel Castro)
en appelle, dans son
Manifeste
du bicentenaire de Caracas, à "la
victoire du socialisme, unique garantie d'une indépendance authentique
et d'une souveraineté avec justice pour le peuple".
L'article 2 de la
Constitution
de la République bolivarienne du Venezuela
garantit pourtant toujours "le pluralisme politique", mais avec une sincérité
de plus en plus digne de celle de l'article 1 de la
Constitution
de la République de Cuba, qui assure de "la jouissance de la liberté politique"...
Bolivie, Tiquipaya (près de Cochabamba), 20 avril. Fraîchement
revenu des festivités du bicentenaire du Venezuela, le président
bolivien
Evo Morales inaugure la Ière Conférence mondiale des
peuples sur le changement climatique et les droits de la Terre mère. Une réplique à l'échec
du Sommet de Copenhague de décembre 2009.
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| Conférence mondiale des
peuples sur le changement climatique à Tiquipaya (Bolivie). Photo José Irauze / ABI. |
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Devant des milliers d'autochtones, d'écologistes et de représentants
de mouvements sociaux des cinq continents, Evo Morales pourfend le capitalisme,
principal facteur à ses yeux du réchauffement planétaire.
Il souligne aussi la nécessité d'aliments naturels
pour préserver la santé humaine. A cet égard, il avertit
des dangers de la consommation de poulet aux hormones :
"A propos du poulet, le poulet que nous mangeons, il est chargé d'hormones
féminines. C'est pourquoi, lorsqu'ils en mangent, les hommes présentent
des déviances de leur masculinité". Et le président
bolivien d'ajouter que les aliments génétiquement modifiés
provoquent "d'autres déficiences, comme la calvitie prématurée.
La calvitie est une maladie en Europe. Ils y sont quasi tous chauves à
cause de ce qu'ils mangent, tandis que parmi les peuples indigènes,
il n'y a pas de chauves, car nous ne mangeons pas ces choses-là".
Ces propos d'Evo Morales sont reproduits dans la dépêche diffusée
le 20 avril 2010 à 17h15 locales sur le site Internet de la très
gouvernementale
ABI,
l'Agence Bolivienne d'Information. Les fédérations
de gays et de chauves ou surtout celles de gays chauves sont
sans doute les mieux placées pour apprécier la pertinence de
cet apport scientifique de l'Amérindien socialiste Evo Morales.
Espagne, Barcelone, 22 avril. Au palais de la Généralité,
puis dans la cathédrale de la capitale catalane, la famille royale
espagnole, le gouvernement, les notables locaux, des stars du sport et la foule honorent
la dépouille de
Juan Antonio Samaranch, décédé
la veille à 89 ans. Ce Catalan est universellement connu pour avoir
présidé le CIO (Comité international olympique) pendant
21 ans, de 1980 à 2001. Sa ville natale, Barcelone, accueillait sous
sa présidence les JO de 1992.
L'influent quotidien de centre gauche El Pais dit "Adieu au grand champion
de l'olympisme moderne". Dans son flot d'éloges, le journal rappelle
tout de même que "bourgeois de naissance, le jeune Samaranch s'affilia
au début de la décade de 1950 à la Phalange espagnole,
au sein de laquelle il noua des amitiés qui l'accompagnèrent
des années durant au cours de sa carrière comme dirigeant politico-sportif
sous le franquisme".
La Phalange? C'est elle qui poursuit actuellement en justice le célèbre
juge
Baltasar Garzon, menacé d'une suspension professionnelle
de 12 à 20 ans pour mépriser l'amnistie de 1977 dans son procès,
avorté fin 2008, des crimes contre l'humanité qu'il impute
au régime franquiste.
Nombreux sont ceux qui, comme El Pais, en appellent à la solidarité
avec le juge Garzon tout en magnifiant Juan Antonio Samaranch... Les non-initiés risqueraient
d'y voir une réconciliation des deux Espagne.
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