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En un seul trimestre, 802.800 nouveaux sans-emploi
Espagne : record historique de plus de 4 millions de chômeurs
MADRID, vendredi 24 avril 2009 (LatinReporters.com) - Considérée
dans les milieux économiques espagnols comme le meilleur reflet de
la situation réelle, la traditionnelle enquête trimestrielle
de population active effectuée par l'Institut national de statistique
(INE) établit ce vendredi à 4.010.700 le nombre de chômeurs arrêté
en Espagne au 31 mars 2009. Il s'agit d'un record historique, comme l'est
aussi l'accroissement des sans-emploi en un seul trimestre, 802.800.
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Queue devant un bureau d'emploi de la Communauté régionale de Madrid (Photo cotizalia.com) |
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Jamais depuis qu'existent les statistiques en Espagne le nombre de chômeurs
n'avait franchi la barre des 4 millions. Selon le quotidien El Pais, le record
historique en chiffres absolus était jusqu'à présent
de 3.932.900. Il remontait à 1994, douzième année de
la première ère socialiste (1982-1996) de l'après-franquisme
conduite par Felipe Gonzalez. Le record appartient désormais à
un autre socialiste, José Luis Rodriguez Zapatero, président
du gouvernement espagnol depuis 2004.
M. Zapatero élève en outre le niveau d'un second record historique
qu'il détenait déjà, celui du rythme d'accroissement
du chômage. En un an, de mars 2008 à mars 2009, l'INE comptabilise
1.836.500 nouveaux chômeurs, chiffre résultant de la somme de
la destruction de 1.311.500 postes de travail et de l'apparition de 525.000
nouveaux demandeurs d'emploi. Sur ces 1.836.500 nouveaux chômeurs, 802.800
ont surgi au cours du seul premier trimestre de 2009.
Le nombre de sans-emploi progresse donc désormais au rythme de 267.600
chaque mois, soit près de 9.000 chômeurs de plus chaque jour.
L'Espagne est ainsi l'une des grandes victimes de la crise financière
et économique globale. Le Fonds monétaire international prédit
que la récession y sévira au moins jusqu'à fin 2010.
Le secrétaire d'Etat à la Sécurité sociale, Octavio
Granado, a reconnu vendredi à Madrid que les chiffres de l'INE sont
"un coup de massue" asséné à une Espagne située
"au coeur de la tempête parfaite".
Le président du gouvernement espagnol et ses ministres avaient maintes
fois rejeté la possibilité que la barre des 4 millions de chômeurs
soit franchie en 2009, mais au rythme actuel, c'est la barre des 5 millions de sans-emploi
qui risque d'être atteinte à la fin de l'année.
Dans les médias espagnols,
les analystes ne parlent plus de récession, mais de catastrophe économique
et sociale qui déstabilisera rapidement le gouvernement socialiste.
M. Zapatero le remaniait le 7 avril dernier avec l'objectif déclaré
de mieux lutter contre la crise. Pedro Solbes, ministre de l'Economie et
des Finances, soucieux du maintien de l'orthodoxie financière, était
alors remplacé par Elena Salgado, moins réticente à
accroître l'endettement public pour tenter d'endiguer le désastre.
La moitié des nouveaux chômeurs de l'UE
Les 4.010.700 chômeurs actuels représentent 17,36% de la population
active de l'Espagne, contre 13,91% au 31 décembre 2008. Le taux de
chômage espagnol est le double du taux moyen de l'Union européenne.
L'Espagne a engendré quasi la moitié des 4 millions de nouveaux chômeurs
enregistrés depuis un an dans les 27 pays de l'Union. En pourcentage, on est encore
relativement loin du record de 24,2% établi à l'époque de Felipe Gonzalez sur la
base de critères modifiés depuis. Mais même ce pourcentage serait
surpassé à la fin de l'année si le chômage continuait à
progresser au rythme actuel.
Précipité par la crise financière internationale née
aux Etats-Unis, l'effondrement du secteur de la construction, longtemps l'une
des principales locomotives de la croissance espagnole, fut le facteur initial
de la crise économique et sociale qui frappe désormais aussi
durement en Espagne l'industrie et les services, y compris le tourisme.
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