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Présence renforcée de la Royal Navy réclamée par les conservateurs
Argentine, Royaume-Uni, îles Malouines: le pétrole avive la dispute

LONDRES / BUENOS AIRES, vendredi 19 février 2010 (LatinReporters.com) - L'opposition conservatrice britannique réclame une présence renforcée de la Royal Navy dans l'archipel des Malouines après la décision de l'Argentine de soumettre à autorisation la navigation vers ces îles qu'elle revendique. Buenos Aires a réagi ainsi contre le début imminent aux Malouines d'une prospection pétrolière que le Premier ministre travailliste britannique Gordon Brown juge légitime dans l'archipel, mis "sous protection adéquate".

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L'île la plus occidentale de l'archipel des Malouines est à 480 km de l'Argentine.
Aux confins de l'Atlantique, à quelque 500 km des côtes de l'extrême sud argentin, les îles Malouines -Falkland Islands en anglais, Islas Malvinas en espagnol- sont sous domination du Royaume-Uni depuis 1833. L'Argentine ne l'a jamais accepté. Opposant les deux pays, la guerre des Malouines de 1982 fit 904 morts (649 Argentins et 255 Britanniques). La défaite de l'Argentine, qui contrôla brièvement l'archipel envahi par surprise, précipita à Buenos Aires la chute de la dictature militaire et le retour à la démocratie.

Probable prochain ministre des Affaires étrangères britannique si les "tories" (conservateurs) gagnent au printemps les élections législatives, William Hague a jugé nécessaire, le 18 février sur les ondes de Radio 4 de la BBC, le renforcement de la présence militaire navale aux Malouines afin de "montrer clairement notre fermeté à l'Argentine, avec laquelle nous avons des relations très amicales". "Dans les années 80, les Argentins crurent que nous n'étions pas réellement résolus [à défendre les îles]. Aussi ne devons-nous pas commettre la même erreur" avertit William Hague.

Selon le quotidien anglais The Sun du même 18 février, Londres aurait déjà dépêché "secrètement" deux bâtiments de guerre aux Malouines et un troisième y arriverait bientôt. Démentant cette information, un porte-parole du ministère britannique de la Défense a néanmoins rappelé qu'une "force de dissuasion est maintenue dans les îles ... Nous avons dans l'Atlantique Sud une présence permanente incluant un destroyer, un patrouilleur, un bâtiment de surveillance et un de ravitaillement. Nous avons aussi 1.076 militaires sur le terrain".

Dans une conversation avec des auditeurs de Real Radio, le Premier ministre Gordon Brown n'a pas estimé nécessaire l'envoi d'une force spéciale dans l'Atlantique Sud. "Nous avons pris toutes les mesures nécessaires pour assurer la protection adéquate des insulaires des Falkland" a indiqué le leader travailliste. Rassurant pour les Britanniques, ce propos est jugé "pour le moins imprudent" par Jorge Argüello, ambassadeur argentin auprès des Nations unies. Il y voit "une nouvelle agitation du spectre de la guerre".

Gordon Brown a aussi confirmé qu'une prospection pétrolière va être effectuée dans les eaux des Malouines, affirmant que "c'est parfaitement notre droit de le faire"... L'Argentine n'est certes pas du même avis.

Autorisation de navigation

Pour contrecarrer ou pour le moins compliquer la prospection pétrolière dans l'archipel, un décret signé le 16 février à Buenos Aires par la présidente de centre gauche Cristina Fernandez de Kirchner stipule que "tout navire se proposant de transiter entre des ports de l'Argentine continentale et des Malouines ou de traverser des eaux juridictionnelles argentines en direction des îles ou de charger des marchandises entre ces ports devra solliciter l'autorisation préalable du gouvernement argentin". [NDLR - La largeur de la zone économique exclusive argentine est de 200 miles nautiques, soit 370 km.]

Le 11 février, Buenos Aires avait déjà ordonné à tous les ports argentins le boycott d'un cargo transportant des tubes pour forages pétroliers aux Malouines. Le gouvernement argentin a en outre menacé de "plaintes judiciaires devant les plus hautes instances, pour prospection et exploitation de ressources argentines", les compagnies pétrolières opérant dans l'archipel revendiqué.

L'Argentine défendra ses droits "par des moyens pacifiques" rassurait le 17 février sur Radio Milenium le vice-ministre argentin des Affaires étrangères, Victorio Taccetti. Il citait aussi à ce propos "l'action bilatérale et multilatérale devant les organismes internationaux". A tort ou à raison, des observateurs en déduisent qu'il n'y aura pas d'arraisonnement, aux conséquences imprévisibles dans des eaux dont la juridiction est contestée, de bâtiments naviguant vers les Malouines.

Quoique les 3.000 habitants de l'archipel ne souhaitent point changer de tuteur, la présidente Cristina Fernandez de Kirchner appelle le Royaume-Uni a accepter une négociation sur la souveraineté des Malouines, conformément aux résolutions des Nations unies. Le 24 février à New York, le ministre argentin des Affaires étrangères, Jorge Taiana, demandera au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, d'impulser cette négociation à laquelle Londres se refuse.

Réserves probables de 13 milliards de barils

En agitant le dossier des Malouines, la présidente Cristina Fernandez de Kirchner joue peut-être la carte nationaliste pour tenter de freiner la lourde chute de sa popularité. Les analystes avaient cependant prévu depuis plusieurs années que le pétrole aviverait un jour la dispute sur la souveraineté de l'archipel.

Les réserves probables de pétrole brut dormant sous les eaux entourant les îles de l'Atlantique Sud atteindraient "quelque 13 milliards de barils" et on pourrait extraire annuellement de l'archipel des Malouines 153 millions de barils a déclaré à l'Agence France Presse (AFP) l'expert argentin Federico Bernal, directeur du Centre latino-américain de recherches scientifiques et techniques.

A titre de comparaison, indique l'AFP, le Venezuela, premier producteur sud-américain de pétrole, a des réserves prouvées surpassant 170 milliards de barils et il produit, selon l'OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole), près de 800 millions de barils par an.

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CHAVEZ : ARGENTINE
"PAS SEULE" EN CAS
DE NOUVELLE GUERRE

Lundi 22 février 2010 - Rappelant la guerre qui opposa il y a près de 30 ans l'Argentine et le Royaume-Uni dans l'archipel des Malouines, le président vénézuélien Hugo Chavez a interpellé le 21 février la reine Elisabeth II d'Angleterre en lançant cet avertissement: "Les choses ont changé, Madame la reine, et nous ne sommes plus en 1982. En cas d'agression contre l'Argentine, cette république soeur ne sera pas seule".

Soutenant la souveraineté revendiquée par l'Argentine sur l'archipel au moment où la prospection pétrolière britannique aux Malouines ravive la tension (voir article ci-contre), le président Chavez s'exprimait au cours de son programme dominical "Aló Presidente" radio-télévisé au Venezuela (photo ci-dessus).

"Angleterre, jusqu'à quand vas-tu rester aux Malouines? C'est à toi que je parle, reine d'Angleterre. Les empires, c'est fini. Tu ne t'en es pas rendu compte, reine d'Angleterre? Rends les Malouines au peuple argentin !", a poursuivi Hugo Chavez.

Estimant que "les Anglais continuent de menacer l'Argentine", le président vénézuélien a soutenu que "l'Angleterre ne peut pas parler de démocratie tout en ayant une royauté".

La présidente argentine Cristina Fernandez de Kirchner, que Hugo Chavez a chaudement saluée dans son allocution, va solliciter et obtenir probablement l'appui à sa revendication sur les Malouines au sommet du Groupe de Rio et au sommet Amérique latine-Caraïbes tenus conjointement les 22 et 23 février à Playa del Carmen, près de Cancun (Mexique).
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