Aux confins de l'Atlantique, à quelque 500 km des côtes de l'extrême
sud argentin, les îles Malouines -Falkland Islands en anglais, Islas Malvinas en espagnol- sont
sous domination du Royaume-Uni depuis 1833. L'Argentine ne l'a jamais accepté.
Opposant les deux pays, la guerre des Malouines de 1982 fit 904 morts (649 Argentins et 255
Britanniques). La défaite de l'Argentine, qui contrôla brièvement l'archipel envahi
par surprise, précipita à Buenos Aires la chute de la dictature
militaire et le retour à la démocratie.
Probable prochain ministre des Affaires étrangères britannique
si les "tories" (conservateurs) gagnent au printemps les élections
législatives, William Hague a jugé nécessaire, le 18
février sur les ondes de Radio 4 de la BBC, le renforcement de la
présence militaire navale aux Malouines afin de "montrer clairement
notre fermeté à l'Argentine, avec laquelle nous avons des relations
très amicales". "Dans les années 80, les Argentins crurent
que nous n'étions pas réellement résolus [à défendre
les îles]. Aussi ne devons-nous pas commettre la même erreur"
avertit William Hague.
Selon le quotidien anglais The Sun du même 18 février, Londres
aurait déjà dépêché "secrètement"
deux bâtiments de guerre aux Malouines et un troisième y arriverait
bientôt. Démentant cette information, un porte-parole du ministère
britannique de la Défense a néanmoins rappelé qu'une
"force de dissuasion est maintenue dans les îles ... Nous avons dans
l'Atlantique Sud une présence permanente incluant un destroyer, un
patrouilleur, un bâtiment de surveillance et un de ravitaillement.
Nous avons aussi 1.076 militaires sur le terrain".
Dans une conversation avec des auditeurs de Real Radio, le Premier ministre
Gordon Brown n'a pas estimé nécessaire l'envoi d'une force
spéciale dans l'Atlantique Sud. "Nous avons pris toutes les mesures
nécessaires pour assurer la protection adéquate des insulaires
des Falkland" a indiqué le leader travailliste. Rassurant
pour les Britanniques, ce propos est jugé "pour le moins imprudent"
par Jorge Argüello, ambassadeur argentin auprès des Nations unies.
Il y voit "une nouvelle agitation du spectre de la guerre".
Gordon Brown a aussi confirmé qu'une prospection pétrolière
va être effectuée dans les eaux des Malouines, affirmant que
"c'est parfaitement notre droit de le faire"... L'Argentine n'est certes pas du même avis.
Autorisation de navigation
Pour contrecarrer ou pour le moins compliquer la prospection pétrolière
dans l'archipel, un décret signé le 16 février à
Buenos Aires par la présidente de centre gauche Cristina Fernandez
de Kirchner stipule que "tout navire se proposant de transiter entre des
ports de l'Argentine continentale et des Malouines ou de traverser des eaux
juridictionnelles argentines en direction des îles ou de charger
des marchandises entre ces ports devra solliciter l'autorisation préalable
du gouvernement argentin". [NDLR - La largeur de la zone économique exclusive argentine est
de 200 miles nautiques, soit 370 km.]
Le 11 février, Buenos Aires avait déjà ordonné
à tous les ports argentins le boycott d'un cargo transportant des
tubes pour forages pétroliers aux Malouines. Le gouvernement argentin
a en outre menacé de "plaintes judiciaires devant les plus hautes
instances, pour prospection et exploitation de ressources argentines", les
compagnies pétrolières opérant dans l'archipel revendiqué.
L'Argentine défendra ses droits "par des moyens pacifiques" rassurait le
17 février sur Radio Milenium le vice-ministre argentin des Affaires
étrangères, Victorio Taccetti. Il citait aussi à ce propos "l'action
bilatérale et multilatérale devant les organismes internationaux". A tort ou à
raison, des observateurs en déduisent qu'il n'y aura pas d'arraisonnement, aux
conséquences imprévisibles dans des eaux dont la juridiction est contestée,
de bâtiments naviguant vers les Malouines.
Quoique les 3.000 habitants de l'archipel ne souhaitent point changer de tuteur, la présidente
Cristina Fernandez de Kirchner appelle le Royaume-Uni a accepter une négociation
sur la souveraineté des Malouines, conformément aux résolutions
des Nations unies. Le 24 février à New York, le ministre argentin des Affaires
étrangères, Jorge Taiana, demandera au secrétaire
général de l'ONU, Ban Ki-moon, d'impulser cette négociation
à laquelle Londres se refuse.
Réserves probables de 13 milliards de barils
En agitant le dossier des Malouines, la présidente Cristina Fernandez
de Kirchner joue peut-être la carte nationaliste pour tenter de freiner la lourde
chute de sa popularité. Les analystes avaient cependant
prévu depuis plusieurs années que le pétrole aviverait
un jour la dispute sur la souveraineté de l'archipel.
Les réserves probables de pétrole brut dormant sous les eaux
entourant les îles de l'Atlantique Sud atteindraient "quelque 13 milliards
de barils" et on pourrait extraire annuellement de l'archipel des Malouines
153 millions de barils a déclaré à l'Agence France Presse
(AFP) l'expert argentin Federico Bernal, directeur du Centre latino-américain
de recherches scientifiques et techniques.
A titre de comparaison, indique l'AFP, le Venezuela, premier producteur sud-américain
de pétrole, a des réserves prouvées surpassant 170 milliards
de barils et il produit, selon l'OPEP (Organisation des pays exportateurs
de pétrole), près de 800 millions de barils par an.
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