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Brésil - Venezuela : présidents Lula et Chavez séparés par le G20
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Chefs d'Etat et de gouvernement au sommet du G20 du 2 avril 2009 à
Londres. Le président brésilien Lula da Silva est au 1er rang (4e à partir de la droite) - Photo Presidencia del Gobierno de España. |
MADRID, samedi 4 avril 2009 (LatinReporters.com) - "Echec
retentissant" selon le président vénézuélien
Hugo Chavez; pas en avant "très important pour l'histoire du monde"
aux yeux de son homologue brésilien Luiz Inacio Lula da Silva: ces
appréciations contradictoires sur le dernier sommet du G20, tenu le
2 avril à Londres pour contrer la crise financière et économique
mondiale, séparent clairement le radicalisme chaviste de la
modération luliste au sein de la gauche latino-américaine.
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En haut, présidents Chavez et Ahmadinejad (Téhéran, 2 avril 2009, photo Feliciano Sequera, Prensa Presidencial de Venezuela).
En bas, présidents Lula et Obama (Washington, 14 mars 2009, photo Ricardo Stuckert / PR). |
Une enveloppe de 1.100 milliards de dollars
pour relancer l'économie mondiale, dont le triplement à 750
milliards de dollars des ressources du Fonds monétaire international
(FMI), placé au coeur de la réforme des institutions financières,
ainsi que la relance du commerce international avec rejet du protectionnisme
et la lutte contre les paradis fiscaux comptent parmi les mesures, consignées dans la
déclaration finale,
décidées à Londres
par les chefs d'Etat et de gouvernement des principales puissances mondiales
et des grandes économies émergentes de la planète qui
constituent le G20. L'Amérique latine était représentée par le
Brésil, l'Argentine et le Mexique.
Barack Obama, premier président noir des Etats-Unis, fut la star du sommet.
Chavez: "Les mêmes médecines qui tuent le patient"
Le jour de la réunion du G20, Hugo Chavez entamait sa septième
visite en Iran, devenu allié privilégié du socialisme
dit bolivarien en vigueur à Caracas. "Le sommet du G20 s'est terminé
sans peine ni gloire. Il suffit de lire ses conclusions. Elles ne sont en
rien les solutions dont le monde a besoin face à la grande crise du
capitalisme international" déclarait le 3 avril le président du
Venezuela lors de l'inauguration,
à Téhéran avec le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, de la
première banque binationale fondée par les deux pays.
Le président Chavez a défendu à nouveau l'abolition
du capitalisme et du libre commerce. Il a rejeté sur le FMI, la Banque
mondiale et l'Organisation mondiale du commerce (OMC) la responsabilité
de la crise globale actuelle.
A Londres, on a recouru aux remèdes habituels pour tenter de réanimer
un système moribond, prônant "les mêmes médecines
qui tuent le patient" a ironisé Hugo Chavez. "Mille milliards de dollars,
autant d'argent supplémentaire dans un trou sans fond! En plus, ils
ont décidé de renforcer l'un des grands coupables de la crise,
le FMI. Il faudrait l'éliminer, mais ils prétendent lui donner
de l'oxygène" a ajouté le leader bolivarien.
"Et comme si cela ne suffisait pas, ils se sont prononcés aussi pour
le renforcement de l'OMC et des normes du libre marché. Le Dieu marché,
disent-ils, l'instrument de l'impérialisme" s'est exclamé Chavez
avant de proclamer que "l'heure de la fin de l'impérialisme a sonné.
Il sombre et de ses cendres surgira un monde nouveau", dans lequel régnera
"la paix, l'indépendance et la liberté". Selon Chavez, la création
de ce monde viendrait de débuter à Téhéran avec
la naissance de la banque binationale irano-vénézuélienne.
Par ailleurs, malgré le soutien mesuré de l'Iran à la
stratégie afghane de Barack Obama lors de la conférence internationale
sur l'Afghanistan du 31 mars à La Haye, Hugo Chavez s'est montré
pessimiste sur les chances d'un éventuel dialogue entre Washington
et Téhéran. "Je n'ai pas beaucoup d'espoir, car il existe un
empire impérialiste derrière Obama. Il a les mains liées"
a estimé le président du Venezuela dans une interview diffusée
le 2 avril par la télévision officielle iranienne de langue
anglaise Press TV.
Les relations entre Caracas et la Maison blanche restent tendues. Comme celle
de l'ex-président George W. Bush, l'administration de Barack Obama
continue à considérer le régime chaviste comme un facteur
de déstabilisation en Amérique latine, notamment pour le soutien
à la narco-guérilla colombienne des FARC que Washington impute
toujours à Hugo Chavez.
Lula: sommet "important pour le futur de l'humanité"
Considéré, lui, comme le politicien "le plus populaire du monde"
par Barack Obama qui l'avait déjà reçu le 14 mars à
la Maison blanche, le président brésilien Lula da Silva juge
les résultats du sommet du G20 "très importants pour l'histoire
du monde". Lors d'une conférence de presse à l'issue du sommet
dans la capitale britannique, il soulignait que cette importance historique
réside dans le fait que, pour la première fois, pays développés
et émergents se sont assis autour d'une même table avec un objectif
commun. Ce consensus, insistait Lula, "est important pour le futur de l'humanité".
Il expliqua que le sommet de Londres fut "la première réunion
au cours de laquelle on ne nous a pas traités comme si nous ne savions
rien", pays riches et pays en développement siégeant "en conditions
égales" à cause de la crise globale, contre laquelle "nul n'a
la certitude ni même le FMI" de savoir ce qu'il convient de faire.
Le chef d'Etat brésilien s'est félicité de la décision
de pénaliser les paradis fiscaux, dont la
liste actualisée
a été publiée le 2 avril par l'Organisation de
coopération et de développement économiques (OCDE).
Il a surtout applaudi la décision de relancer dans le cadre de l'OMC
les négociations dites du cycle de Doha, qui pourraient réduire
les effets de la crise en favorisant le libre commerce. Lula s'est insurgé
contre le protectionnisme, qu'il reproche notamment aux Etats-Unis et à
l'Europe, principalement en matière de produits agricoles. Selon le président
du Brésil, le protectionnisme est "un désastre pour l'économie
mondiale ... Comme une drogue, il procure des moments d'extase, puis fait
tomber dans une dépression dans laquelle on ne sait pas ce qui va
se passer".
Lula da Silva a jugé positive l'augmentation des ressources du FMI
et de la Banque mondiale "pour venir au secours des pays les plus nécessiteux".
Et alors que la plupart des pays d'Amérique du Sud, dont le Brésil,
s'étaient distanciés récemment des grandes organisations
monétaires internationales, jugées coresponsables de la crise,
le président Lula a confirmé que son pays "est en condition"
d'apporter une contribution économique au FMI, dans la perspective
de sa réforme qui, d'ici à janvier 2011, devrait accroître
le rôle et l'influence des pays émergents au sein de cette institution.
"Il me plairait d'entrer dans l'histoire comme le président
qui a prêté quelques réaux au FMI" a plaisanté
Lula da Silva. Puis, sérieusement, le ministre brésilien des
Finances, Guido Mantega, a précisé que l'apport du Brésil
au FMI pourrait être défini "au cours des prochains jours".
Conscient des susceptibilités nationales, le président Lula
s'est refusé à reconnaître la prépondérance
du Brésil en Amérique latine, se définissant comme simple
"compagnon" de ses pairs de la région.
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