Libération du thonier basque Alakrana et de ses 36 membres d'équipage après paiement d'une rançon de 4 millions de dollars
Somalie / L'Espagne repaie : "Moi, plus grand, je serai pirate"
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Le thonier basque Alakrana photographié au large de la Somalie le
3 octobre 2009. Des pirates le séquestraient déjà avec
ses 36 membres d'équipage, dont 16 Espagnols. (© Ministerio de
Defensa de España) |
[NDLR - Nous avions déjà écrit la
même chose en avril 2008 lors de la libération d'un autre thonier
basque, le Playa de Bakio. Il suffit aujourd'hui d'actualiser en changeant
quelques chiffres, noms et dates...]
MADRID, mardi 17 novembre 2009 (LatinReporters.com) - "Tiens bon la vague, tiens bon le vent, hisse et hooooo, Zapateroooooo ...". Cap sur le paradis touristique des Seychelles sous escorte militaire navale, les 36 pêcheurs du thonier basque Alakrana, libérés mardi
par les pirates somaliens, chantent la fin de leurs 47 jours de séquestration.
Ex-otages, pirates et Espagne officielle sont en fête. Une véritable
Alliance des civilisations, comme l'aime José Luis Rodriguez Zapatero.
Les sept Basques, huit Galiciens, l'Andalou et les vingt Africains et Asiatiques de l'équipage
de l'Alakrana savourent une liberté enrichie de gloire. Coupures de
presse et vidéo-copies de journaux télévisés
se transmettront de génération en génération
au sein de leurs familles sorties brièvement, au large de la Somalie,
de l'anonymat du commun des mortels.
Les pirates, eux, célèbrent leur fortune. Ils ont empoché
une rançon de 4 millions de dollars, chiffre qu'ils ont révélé
à des journalistes. Au rythme de plus de 200 abordages
annuels, la plupart dans l'océan Indien et ses recoins africano-arabiques,
il leur faudra tôt ou tard investir dans l'immobilier à Marbella,
l'inévitable lessiveuse andalouse de billets sales de la planète.
L'Espagne n'aurait alors rien perdu, les rançons y relançant
la construction en crise.
Zapatero, capitaine socialiste au long cours naviguant aux commandes de sa
seconde législature, a officialisé "la très bonne nouvelle"
de la libération dans un message radio-télevisé.
Interrogé sur le paiement ou non d'une rançon, il a esquivé
l'écueil en invoquant "prudence et responsabilité", deux qualités
qu'il attribue à son gouvernement, lequel "a fait ce qu'il devait
faire". C'est-à-dire, évidemment, payer. Inutile d'en faire
un plat, ce serait gâcher la fête. Dans l'Alliance des civilisations,
besos para todos.
Quelques différences par rapport à 2008
2009 n'est toutefois pas exactement 2008. D'abord, la rançon
de 1,2 million de dollars payée en avril 2008 pour la libération
du thonier basque Playa de Bakio et de ses 26 pêcheurs est aujourd'hui
plus que triplée pour les 36 membres d'équipage de l'Alakrana.
Inflation galopante en Somalie ou fine intuition africaine que celui qui
a déjà payé paiera encore et même davantage?
Il y a aussi les conséquences politiques de l'effet de répétition.
"On vous avait prévenu que les pirates reviendraient. Alors pourquoi
refusez-vous d'embarquer des militaires pour protéger les chalutiers,
comme le fait la France?" lancèrent les nationalistes basques
à la figure de Zapatero.
Les ennemis héréditaires de l'Espagne -l'Alakrana navigue d'ailleurs
sous les couleurs basques -réclamaient donc soudain la protection
de son armée. Un pas de géant dans la cohésion du pays!
Pour le récompenser, Zapatero autorise désormais l'embarquement
de barbouzes privés et armés. S'ils sont bien payés,
ils n'envieront pas les pirates et ne séquestreront pas les chalutiers
et équipages qu'ils doivent protéger.
Et tant qu'à parler du Pays basque, les terroristes indépendantistes
de l'ETA seront-ils tentés d'écumer à leur tour l'océan
Indien? Là-bas au moins, Madrid négocie encore.
Quant aux effets judiciaires du dossier Alakrana, ils bousculeront la jurisprudence.
Un pirate somalien a en effet affirmé au quotidien madrilène
El Mundo avoir reçu l'assurance, de la bouche de l'ambassadeur d'Espagne
au Kenya, que deux de ses compagnons capturés, déportés
et emprisonnés à Madrid sur injonction de l'omniprésent
juge Baltasar Garzon pour participation à la séquestration
de l'Alakrana, reviendront en Somalie avant la fin de l'année. Leur
part de rançon aura été versée entre-temps à
leur famille.
Conclusion d'un internaute espagnol sur le site Internet du même journal
El Mundo : "C'est clair. Moi, plus grand, je serai pirate". Lucide cri du
coeur du fiston de l'un des plus de quatre millions de chômeurs espagnols?
Par dizaines, sur les sites d'information, d'autres internautes accusent
Zapatero d'avoir à nouveau "baissé le pantalon". Le chef du
gouvernement espagnol aura sous peu l'occasion d'expliquer à l'Union
européenne comment le faire avec élégance. L'Espagne
présidera en effet l'Union au premier semestre 2010. Elle a déjà
annoncé qu'elle convoquera alors une "Conférence internationale
sur la Somalie".
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