LÉGISLATIVES: CHUTE DU PAN GOUVERNEMENTAL ET DU PRD
Mexique - élections : le PRI revient après 9 ans dans l'opposition
Par Norma DOMÍNGUEZ
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Felipe Calderon, président du Mexique. Les législatives du
5 juillet 2009 semblent annoncer l'adieu au pouvoir de son Parti de l'Action
nationale (PAN, conservateur) à l'élection présidentielle
de 2012. (Photo Ariel Gutiérrez) |
MEXICO, vendredi 10 juillet 2009 (LatinReporters.com) - Le dépouillement
de la totalité des bulletins de vote confirme que l'historique
Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI) a remporté les
élections législatives du 5 juillet et que les Mexicains
ont passé facture au président Felipe Calderon et à
son Parti de l'Action Nationale (PAN, conservateur) pour la crise économique,
la grippe A et l'insécurité générée
par les gangs de la drogue. Le principal parti de gauche du Mexique subit
aussi une lourde défaite.
Depuis qu'en 2000 le PAN repoussa dans l'opposition le jusqu'alors
invincible PRI, au pouvoir pendant 71 années consécutives,
les PRIistes ne se sont jamais senti aussi proches d'un retour à
la présidence du pays après l'élection, dimanche dernier,
des 500 députés fédéraux, de six gouverneurs
d'Etat et de 549 maires. La présidence et le renouvellement du Sénat
se joueront en 2012 pour un mandat de six ans. La Chambre des députés,
elle, est renouvelée tous les trois ans.
Le PRI, dont le populisme s'étend du centre gauche au centre
droit, a remporté aisément les législatives avec 36,68%
des suffrages, contre 27,98% au PAN gouvernemental et à peine 12,2%
au Parti de la Révolution Démocratique (PRD, gauche), autre
grand vaincu du scrutin. Le PRI a en outre triomphé dans cinq des six
élections de gouverneurs, dans les Etats de Campeche, Colima, Querétaro,
Nuevo Leon y San Luis Potosi. Le 6e Etat en jeu, celui de Sonora, revient
au PAN.
Sous réserve de la publication, le 12 juillet, des résultats officiels, la nouvelle Chambre compterait plus de 240 députés du PRI, soit largement plus du double de ses 106 élus en 2006. En y ajoutant les élus de leurs alliés du Parti Vert Ecologiste du Mexique (PVEM), les PRIistes contrôleraient la majorité absolue des 500 députés.
De troisième force à la Chambre, le PRI en devient la première. A droite,
le PAN gouvernemental dégringole de 206 à 147 députés et, à gauche, le PRD tombe en chute libre de 127 à 72 élus.
Dans le District fédéral de Mexico, fief du PRD, ce dernier
recule mais l'emporte encore dans 12 des 16 arrondissements (appelés
"délégations") et continue à dominer l'Assemblée
législative du district.
"Les bons résultats du PRI ont sans doute une explication multiple
et, comme d'habitude, la paternité du succès sera disputée,
en l'occurrence entre Beatriz Paredes [présidente du PRI], le sénateur
Manlio Fabio Beltrones et les gouverneurs. Néanmoins, celui qui pourrait
le mieux capitaliser le bond en avant et se convertir en candidat à
la présidence [de la République] en 2012 est le gouverneur de
l'Etat de Mexico" estime le politologue mexicain Mario Campos. [NDLR - L'Etat
de Mexico, à ne pas confondre avec le District fédéral
que forme la capitale du Mexique, est gouverné par Enrique Peña
Nieto, jeune loup de 43 ans].
Au PAN, les mauvais résultats ont fait rouler la tête de son
président, German Martinez. Nommé voici à peine deux
ans, il vient de démissionner. Compte tenu à la fois de ces
résultats et de l'interdiction constitutionnelle d'une réélection,
la seconde moitié du mandat présidentiel qu'entame maintenant
Felipe Calderon ressemblera à un long adieu au pouvoir. Tandis que
les partis ouvrent les préparatifs de la course à la présidence
de 2012, beaucoup donnent pour acquise la sortie du PAN de la résidence
présidentielle de Los Pinos, vu l'inexistence d'une majorité
gouvernementale au Congrès (Parlement) et la déception des Mexicains
à la suite d'une série d'échecs, d'épisodes de
malchance et de mauvais calculs.
Selon les analystes, les possibilités des PANistes de demeurer au
pouvoir sont réellement faibles et, sous peine d'un châtiment
plus dur encore que pourraient infliger les électeurs en 2012, la
nouvelle législature devrait déboucher ces prochains mois sur
des accords produisant les changements dont le pays a besoin pour croître
à un taux annuel supérieur à 5% et créer des
emplois.
Jesus Ortega, leader du PRD, l'autre grand perdant des élections, déclare
qu'il expulsera ceux de son parti qui ont appelé à voter pour
d'autres formations. Ce message vise sans le nommer Andres Manuel Lopez Obrador,
ancien candidat à la présidence du Mexique qui n'avait pas
accepté en 2006 sa défaite face à Felipe Calderon. Sans
renoncer au PRD, Lopez Obrador a soutenu avec un succès relatif deux
autres partis de gauche pour les élections du 5 juillet, le Parti
du Travail (3,56% des voix) et le Parti Convergence (2,36%). Des candidats
de ces partis s'opposaient au PRD.
Stoppant sa chute, la participation électorale atteint aux législatives
44,68%, deux points de plus qu'en 2003. En hausse, la proportion de bulletins
nuls se chiffre à 5,39%, le double du taux moyen des six dernières
élections nationales. Dans le District fédéral de Mexico,
cette proportion culmine à 10,8%.
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