Fernando Lugo - © FernandoLugoAPC2008

ASUNCION, dimanche 20 avril 2008, 23h30 GMT (LatinReporters.com) - Vote historique au Paraguay: l'ancien prélat progressiste Fernando Lugo, proche de la théologie de la libération et surnommé "l'évêque des pauvres", aurait été élu président dimanche, mettant fin à 61 ans d'hégémonie du Parti Colorado (nationaliste conservateur) annoncent trois sondages distincts réalisés à la sortie des urnes.

Présenté par ses adversaires pendant la campagne électorale comme un "rouge" appuyé par le président Hugo Chavez du Venezuela, mais refusant une étiquette précise pour se définir lui-même comme "progressiste préoccupé par les pauvres", l'ex-évêque Fernando Lugo, 56 ans (57 en mai prochain), aurait obtenu de 41,4 à 43,7% des suffrages. Ses partisans commençent à célébrer sa victoire en allumant des feux d'artifice à Asuncion, la capitale.

La 2e place, avec 36,4 à 39%, reviendrait à Blanca Ovelar, ex-ministre de l'Education et candidate du parti gouvernemental Colorado, au pouvoir depuis 1947. L'ancien général putschiste Lino Oviedo, de l'Union nationale de citoyens éthiques (UNACE, droite populiste), se classerait 3e avec 15 à 18% des voix. Le mieux situé des quatre autres candidats ne surpasserait pas 4%.

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Ces évaluations résultent de sondages effectués à la sortie des urnes pour divers médias paraguayens par les sociétés GEO, First Analisis et ICA. Au Paraguay, les élections se jouent à la majorité simple lors d'un tour unique.

Parmi les 6,5 millions de Paraguayens, 2.861.940 électeurs étaient appelés à désigner dimanche pour un mandat de cinq ans le président, le vice-président, les 45 sénateurs et 80 députés du Congrès, ainsi que les gouverneurs des 17 départements. Les bureaux de vote étaient ouverts jusqu'à 16 heures locales.

Le Tribunal supérieur de Justice électorale diffusera progressivement au cours de la nuit les résultats officiels. Les premiers d'entre-eux classent Fernando Lugo en tête. Si ces résultats officiels confirmaient pleinement les sondages post-électoraux, le Paraguay basculerait à son tour à gauche. En Amérique du Sud, mais non dans l'ensemble de l'Amérique latine, seule la Colombie aurait encore un président élu de droite, Alvaro Uribe. Même le président péruvien Alan Garcia, que certains classent aussi à droite, appartient théoriquement à la gauche, fût-elle modérée. Son Parti Apriste est en effet membre de l'Internationale socialiste.

Le Marché commun sud-américain Mercosur, qui regroupe le Paraguay, le Brésil, l'Argentine, l'Uruguay et bientôt aussi à part entière le Venezuela, dont le processus d'adhésion est très avancé, serait désormais composé de pays dominés tous par des gauches diverses.

Evêque jusqu'en décembre 2006, Fernando Lugo renonçait alors au sacerdoce pour la politique et forgeait l'Alliance patriotique pour le changement (APC) qui semble l'avoir mené au triomphe. L'APC estime que le score de son candidat pourrait atteindre 49%.

Le Vatican et la Conférence épiscopale du Paraguay ont averti, droit canon à l'appui, qu'on ne peut pas renoncer au titre d'évêque. Selon Rome, il faut l'assumer à vie. Pour l'Eglise, Fernando Lugo serait donc toujours Monseigneur Lugo, même si le Saint-Siège l'a frappé d'une suspension "a divinis" pour insubordination.

Les Paraguayens continuent à appeler Fernando Lugo "l'évêque des pauvres". Partisan notamment d'une réforme agraire dans un pays où 300.000 paysans sont sans terre, avec quel autre président de la région dira-t-il la "messe"? Avec Hugo Chavez, comme le prétendent ses adversaires, ou avec Lula? Evangile radical vénézuélien ou catéchisme social-démocrate brésilien?