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Plainte en justice pour "abus de mineur" envisagée
Paraguay: les enfants naturels du président et ex-évêque Lugo font scandale
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Fernando Lugo, ex-évêque et actuel président du Paraguay: proche de Dieu, des hommes... et des femmes - (Photo Fernando Lugo APC2008) |
ASUNCION, mercredi 22 avril 2009 (LatinReporters.com) - Un, puis deux, puis trois enfants cachés révélés
par trois mères différentes en moins de deux semaines... Toujours
surnommé "l'évêque des pauvres", quoiqu'ayant déposé
la crosse et la mitre en décembre 2006, le président de gauche
du Paraguay, Fernando Lugo, se voit désormais auréolé
par les médias du titre de "semental de la patria". Cela peut se traduire
par inséminateur ou géniteur ou encore étalon de la
patrie.
Le problème est que ses qualités de reproducteur, enviables
quand on a comme lui presque 58 ans, ne sont pas exactement celles qui permirent
à l'ex-évêque catholique de se faire élire à
la présidence en avril 2008 et de mettre ainsi fin à 61 ans
de pouvoir continu du Parti Colorado (droite).
Difficile de restreindre l'affaire à la notion de vie privée, car pendant la campagne
électorale présidentielle, barbe et cheveux argentés accentuant une image de
père tranquille du peuple, Fernando Lugo clamait que "Ma préoccupation pour les pauvres
découle de mon option pastorale plutôt que d'une idéologie".
Pour gagner la confiance des électeurs, le défroqué
n'hésitait donc pas à se parer encore des valeurs éthiques
et morales que la majorité des Latino-Américains attribuent
toujours à l'Eglise. Or, il était déjà papa furtif,
statut acquis à l'époque où il célébrait
encore la messe.
"Nous pouvons dire aujourd'hui que Fernando Lugo nous a menti pendant toute
sa campagne électorale. Il a menti aux citoyens paraguayens qui lui
firent confiance. Il a désormais totalement perdu son intégrité
morale" accuse Lilian Samaniego, sénatrice et présidente du
Parti Colorado.
En leur "condition de femmes et de sénatrices", Lilian Samaniego
et sa co-religionnaire Digna Mami Roa ont saisi le procureur général
afin qu'il ouvre une enquête devant déterminer si Fernando Lugo
s'est rendu coupable ou non de "stupre" et d'"abus de mineur", délit
passible de plusieurs années de prison. Le scandale est ainsi inévitable.
Officiellement célibataire, le président Lugo avait reconnu
le 13 avril dernier, lors d'une cérémonie publique au palais
du gouvernement, être le père d'un petit garçon de deux
ans, dont la mère venait de lancer une demande légale de filiation
ou de paternité. "J'assume toutes les responsabilités susceptibles
de découler de ce fait, en reconnaissant la paternité de l'enfant",
déclarait le chef de l'Etat paraguayen, admettant avoir eu "une relation
avec Viviana Carrillo", la mère du petit, âgée aujourd'hui
de 26 ans.
Cette reconnaissance fut qualifiée d'"acte courageux" par des dirigeants
politiques locaux et même par un membre de la Conférence
épiscopale paraguayenne, Mgr Mario Melanio Medina. Mais on sait depuis
que Viviana Carrillo n'avait, selon sa demande légale, que 16 ans
lors des ses relations intimes initiales avec l'évêque Lugo,
âgé alors de 48 ans.
En outre, le 19 avril, une Paraguayenne de 28 ans, Benigna Leguizamon, entamait
à son tour contre le président Lugo une procédure légale
de reconnaissance d'un garçon de 6 ans, né dans le département
de San Pedro lorsque Mgr Fernando Lugo en était l'évêque.
Selon la jeune femme, elle avait 17 ans lorsqu'elle tomba pour la première
fois dans les bras du désormais semental de la patria. Elle était
venue solliciter l'aide morale du prélat après avoir été
abandonnée par le père de son premier enfant. Sa requête
en justice débouchera sans doute sur des tests ADN pour confirmer
ou infirmer la paternité présidentielle.
En hommage au pape Jean-Paul II...
Enfin, une divorcée de 39 ans, Damiana Hortencia Moran Amarilla, désignait
le 22 avril le président Lugo comme le père du dernier de ses
trois fils, né voici à peine un an et quatre mois. Elle avertissait
dans la foulée avoir été informée que "six femmes,
dont moi-même, allaient réclamer du président une reconnaissance
de paternité". Mais Damiana ne saisira pas la justice. Selon ses déclarations
au quotidien ABC Color, elle veut simplement témoigner de "l'amour
désintéressé, inspiré par le don de soi" que
fut "l'explosion de sentiments" l'unissant à Fernando Lugo. Elle explique
que "de ce cadeau de Dieu et de la vie est né un fruit nommé
Juan Pablo [Jean-Paul]", nom choisi, dit-elle, en hommage au défunt
pape Jean-Paul II.
La ministre de la Femme du gouvernement du président Lugo, Gloria
Rubin, se demande avec son humour si son ministère ne pourra bientôt
plus travailler que "pour les femmes réclamant une paternité
responsable, s'il est vrai qu'il [le président] a tant d'enfants" naturels.
Sur le plan politique, le sourire se crispe. A elle seule, la première
reconnaissance de paternité de Fernando Lugo a fait chuter en quelques
jours de 64% à 48% le taux d'honorabilité octroyé par
les Paraguayens à leur président. Si les révélations
postérieures se confirmaient, une crise de gouvernabilité menacerait
alors peut-être le semental de la patria. L'inattendu étalon de la théologie
de la libération sexuelle a déjà été contraint par ce
remue-ménage d'annuler une visite aux Etats-Unis.
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