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Pérou - Amazonie: révolte indienne apaisée par l'abrogation de décrets

Le Premier ministre du Pérou, Yehude Simon -avec cravate- reçoit le 17 juin 2009 au Congrès (Parlement) de Lima des dirigeants de communautés indigènes de l'Amazonie. Ces dirigeants suivront le lendemain, à la tribune des invités du Congrès, les débats parlementaires qui ont débouché sur l'abrogation de deux décrets contestés par les collectivités autochtones. (Photo ANDINA / Ruben Grandez)

LIMA, samedi 20 juin 2009 (LatinReporters.com) - Les représentants des Indiens de l'Amazonie péruvienne ont proposé vendredi à leurs communautés la levée de barrages routiers et fluviaux après l'abrogation, le 18 juin par le Congrès national du Pérou (Parlement), de deux décrets qu'elles rejetaient. Leur révolte déboucha le 5 juin sur les affrontements meurtriers de Bagua (nord), qui ont fait 34 morts -24 policiers et 10 autochtones- selon le dernier bilan officiel.

Le président péruvien Alan Garcia lors de son discours à la nation du 17 juin 2009. (Photo ANDINA / Sepres)
Adoptés en 2008 pour faciliter la mise en oeuvre de l'accord de libre-échange entre le Pérou et les Etats-Unis, les décrets 1064 et 1090 réglementaient le régime juridique des terres à usage agricole, ainsi que l'exploitation de ressources pétrolières, minières, forestières et hydriques. Les communautés indiennes ne les acceptaient pas faute de consultation préalable et parce qu'elles y voyaient une porte ouverte à la surexploitation de l'Amazonie. La contestation s'amplifiait depuis le mois d'avril.

Des notables indiens en costume traditionnel ont suivi dans la tribune des invités du Congrès les cinq heures de débats parlementaires clôturés par le vote de 82 voix pour l'abrogation des décrets, 12 contre et aucune abstention. Seuls les députés de l'Union Nationale (opposition conservatrice) ont voté non, estimant que l'abrogation "établit un précédent néfaste qui valide le blocage de voies de communication".

"C'est un moment historique pour l'Amazonie. Ne regardons pas en arrière. Regardons devant nous et construisons ensemble le développement" s'est exclamée par contre Daisy Zapata, présidente en fonction de la principale organisation des autochtones de l'Amazonie péruvienne, l'AIDESEP (Association interethnique de développement de la forêt péruvienne).

L'AIDESEP était à la tête de la révolte. Elle a demandé aux communautés indigènes d'y mettre fin. Les barrages routiers et fluviaux et le blocus d'installations pétrolières devraient en principe être levés cette fin de semaine.

La veille de la révocation des décrets, le 17 juin dans un message télévisé à la nation, le président Alan Garcia avait appelé à la réconciliation nationale et invité les parlementaires à voter en faveur de cette révocation. Le chef de l'Etat reconnaissait n'avoir pas consulté les collectivités indiennes avant d'édicter les décrets, admettant qu'il s'agissait de l'origine de la "succession d'erreurs et d'exagérations que nous avons tous vécues ... et desquelles notre patrie sort perdante".

"Une rectification courageuse vaut mieux que l'obstination" estimait le chef de l'Etat, tout en prétendant que les décrets contestés avaient aussi pour objectif de "protéger l'Amazonie" contre "l'abattage illégal d'arbres et la contrebande de bois, les cultures illégales de coca et l'activité minière illicite qui ont détruit plus de dix millions d'hectares".

Les Indiens de l'Amazonie péruvienne, soit environ 400.000 autochtones, ont donc fait céder le président élu et le gouvernement d'un pays de 28 millions d'habitants. Assumant sa part de responsabilité dans le drame de Bagua, le Premier ministre Yehude Simon a même annoncé sa prochaine démission, lorsque le pays sera "tranquille".

Il reste néanmoins à définir de quelle façon les autochtones pourront être associés, sans faire fuir les investisseurs étrangers, au développement de l'Amazonie péruvienne où se concentre la richesse pétrolière. A Lima, la présidence du Conseil des ministres, dont Yehude Simon est le titulaire, a annoncé l'ouverture d'un dialogue avec les communautés indiennes pour "élaborer un Plan intégral de développement durable pour les peuples de l'Amazonie".

La réduction de l'autorité du président Garcia renforce le nationaliste de gauche Ollanta Humala, considéré comme proche du président vénézuélien Hugo Chavez, leader de la gauche radicale latino-américaine. Ollanta Humala, second de l'élection présidentielle de 2006 avec 47% des voix, soutenait les revendications des Indiens révoltés.

L'ex-président Alejandro Toledo (2001-2006) a également mis à profit les circonstances pour reconquérir un espace politico-médiatique qui servirait son éventuelle candidature à l'élection présidentielle de 2011. Alan Garcia, lui, président d'extrême gauche de 1985 à 1990 et aujourd'hui président de centre droit à la tête du PAP (Partido Aprista Peruano, membre de l'Internationale socialiste), pourrait se représenter en 2016, mais non en 2011. La Constitution péruvienne interdit en effet au chef de l'Etat d'exercer deux mandats consécutifs.

Génocide?

Sur le plan régional, les relations entre le Pérou et la Bolivie voisine se sont tendues. Lima a rappelé en consultation son ambassadeur à La Paz après l'accusation de "génocide" lancée contre le Pérou par le président bolivien, l'Amérindien Evo Morales, pour les dizaines de morts du 5 juin à Bagua.

Selon José Antonio Garcia Belaunde, ministre péruvien des Relations extérieures, le rapporteur spécial des Nations unies pour les droits des peuples indigènes, James Anaya, lui aurait confié lors de son actuelle mission d'enquête au Pérou "qu'il n'est pas possible de parler de génocide" à propos du drame de Bagua. D'autant plus, ajoutent pour leur part des sources officielles péruviennes, que 24 des 34 morts étaient des policiers.

Quant aux 61 Indiens "disparus" dont parle L'Association pour les droits de l'homme du Pérou (Aprodeh), le Défenseur du peuple, Beatriz Merino, croit qu'il s'agit plutôt de personnes "non localisées".


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