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Ex-dirigeant des Tupamaros face à l'ancien président Lacalle
Uruguay : l'ex-guérillero Pepe Mujica favori de la présidentielle

José "Pepe" Mujica, 74 ans, ancien dirigeant de la guérilla des Tupamaros (à gauche) et l'ex-président Luis Alberto Lacalle, 68 ans, s'affrontent à l'élection présidentielle du 25 octobre 2009 en Uruguay. (Photos Roosewelt Pinheiro ABr / www.lacalle.com.uy)

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MONTEVIDEO, samedi 24 octobre 2009 (LatinReporters.com) - Surnommé Pepe, le sénateur José Mujica, ancien dirigeant de la guérilla des Tupamaros, pourrait assurer la continuité du pouvoir de la gauche en Uruguay en y remportant l'élection présidentielle soit dès le premier tour, dimanche 25 octobre, soit au second tour, le 29 novembre. Favori, il devance largement dans les sondages son principal adversaire, l'ancien président conservateur Luis Alberto Lacalle.

Les 74 ans de Pepe Mujica confortent sans doute un président qui est de 19 ans son cadet, le bouillant jeunot Hugo Chavez du Venezuela, dont est connue l'ambition de se perpétuer au palais présidentiel qu'il occupe depuis 1999. Pepe l'assure de sa "sympathie" tout en lui préférant, du moins dans son discours électoral, le socialiste modéré Lula da Silva, président du Brésil.

"La position philosophique de Lula, celle de tenter de négocier les conflits, de les résoudre par la négociation, donne des résultats nettement meilleurs" estime l'ancien guérillero. Il prétend que s'il est élu, "il n'y aura ni expropriation ni aucune des sottises commises au Venezuela".

Il y a quarante ans, c'est à coups de fusil et de dynamite que José Mujica et les Tupamaros tentaient d'importer la révolution cubaine dans un Uruguay encore qualifié de Suisse de l'Amérique latine, un Uruguay qui élisait démocratiquement son président et son Parlement, au sein duquel même des élus du Parti communiste siégeaient. Pepe passa en prison l'entièreté de la dictature militaire qui s'ensuivit, de 1973 à 1985, les généraux uruguayens prétendant, comme dans d'autres pays d'une Amérique latine contaminée par la Guerre froide, conjurer à feu et à sang le "péril marxiste".

L'origine paysanne de l'ancien guérillero, qui ne s'est jamais assis sur les bancs de l'université, son franc-parler, son allergie au costume-cravate, une version Robin des Bois de son passé de Tupamaro et son sourire de grand-père à la fois débonnaire et rusé ont assis sa popularité.

Mais l'héritage des cinq ans de législature du cancérologue socialiste Tabaré Vazquez, premier et raffiné président de gauche de l'histoire de l'Uruguay, élu en 2004 et empêché aujourd'hui par la Constitution de briguer un second mandat consécutif, contribue aussi de manière décisive aux 48 à 50% d'intentions de vote octroyées par les sondages au Front élargi (Frente Amplio) dont José Mujica est le candidat présidentiel.

Le sénateur Mujica représente en principe l'aile radicale de ce Front élargi qui regroupe des socialistes, des communistes, des chrétiens-démocrates et d'anciens Tupamaros. Pepe se présente néanmoins en continuateur de Tabaré Vazquez, qui remettra le 1er mars 2010 l'écharpe présidentielle à son successeur, après avoir réduit de 34 à 20% le taux de pauvreté, de 13 à 8% celui du chômage, obtenant aussi un niveau d'investissements étrangers jamais atteint auparavant dans une économie qui continue à croître malgré la crise. Une première mondiale symbolise peut-être cette réussite: l'Uruguay est devenu sous le mandat de Tabaré Vazquez le seul pays de la planète dont tous les élèves du cycle primaire de l'enseignement public, ils sont 362.000, ont reçu chacun gratuitement un ordinateur personnel.

Comme gage apparent de la poursuite de cette efficacité sociale-démocrate, à laquelle José Mujica contribua peut-être malgré lui comme ministre de l'Agriculture, l'ex-guérillero a choisi comme candidat à la vice-présidence Danilo Astori, l'orthodoxe ministre de l'Economie de Tabaré Vazquez entre 2005 et 2008. S'il est élu, Pepe dit qu'il gouvernera avec "la tête froide", mais aussi, cela plaira davantage à Hugo Chavez, avec "le coeur chaud et les drapeaux de l'utopie hissés haut".

Grand comme quatre fois la Suisse, l'Uruguay compte à peine 3,4 millions d'habitants. Le vote est obligatoire pour les 2.563.397 Uruguayens âgés d'au moins 18 ans. Outre leur président et vice-président, ils éliront leurs 30 sénateurs et 99 députés. Le Front élargi contrôle actuellement la majorité absolue parlementaire.

Simultanément, les électeurs devront aussi dire oui ou non par référendum à l'octroi du droit de vote par courrier, à partir de 2014, aux Uruguayens résidant à l'étranger, ainsi qu'à l'abolition de la "Loi de Caducité". Datant de 1986 et confirmée par référendum en 1989, cette loi protège les militaires et les policiers, mains non les civils, de poursuites judiciaires pour crimes perpétrés sous la dictature, sauf pour enlèvements commis à l'étranger.

La plupart des 231 disparitions d'opposants au régime militaire se seraient produites hors d'Uruguay, notamment en Argentine. A ce titre, le général Gregorio Alvarez a été condamné à 25 ans de prison le 22 octobre, trois jours avant les élections, et l'ex-capitaine de marine Juan Carlos Larcebeau a écopé le même jour de 20 ans. L'ancien dictateur Juan Maria Bordaberry (1973-1976), un civil âgé de 81 ans, est pour sa part en attente de jugement. La question des droits de l'homme, qui favorise en principe la gauche dans un pays démocratique, fut ainsi très présente pendant la campagne électorale.

Crédité dans les sondages de 30 à 32% des suffrages, l'ancien président (de 1990 à 1995) Luis Alberto Lacalle, candidat conservateur du Parti national, appelé aussi Parti blanco, est le principal adversaire de José Mujica. Riche propriétaire terrien de 68 ans au port aristocratique, opposé à l'abolition de la "Loi de Caducité", partisan des privatisations, sceptique quant aux avantages de l'intégration sud-américaine et de l'appartenance au Mercosur (embryon de marché commun que l'Uruguay forme avec le Brésil, l'Argentine et le Paraguay), apôtre aussi d'un traité de libre-échange avec les Etats-Unis et admirateur de Bruce Willlis, le "dur" d'Hollywood, Luis Alberto Lacalle est pour toutes ces raisons l'antithèse de José Mujica, qu'il présente comme idéologiquement proche de Hugo Chavez et de la révolution cubaine.

L'ambition immédiate de l'ancien président est d'empêcher l'élection de Pepe Mujica au premier tour de la présidentielle. Lors d'un éventuel second tour, le 29 novembre, Luis Alberto Lacalle espérerait bénéficier du report des voix d'un troisième larron, Pedro Bordaberry, fils de l'ancien dictateur Juan Maria Bordaberry. Candidat de l'historique Parti Colorado (centre droit libéral), parti qui a le plus longtemps assumé le pouvoir depuis la création de l'Uruguay, Pedro Bordaberry obtiendrait au premier tour de 14 à 16% des suffrages.

A la présidentielle de 1999, Tabaré Vazquez, déjà candidat du Front élargi, l'avait été emporté au premier tour, sans obtenir la majorité absolue, et avait été vaincu au second par Jorge Batlle, candidat du Parti Colorado sur lequel se reportèrent les voix du Parti national.


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Sondages sortie des urnes - Aucun candidat n'aurait la majorité absolue. Second tour de l'élection présidentielle le 29 novembre entre José Mujica (Front élargi, gauche, 47 à 49% des voix ce 25 octobre) et Luis Alberto Lacalle (Parti national, conservateur, 29 à 31%). Ni l'abolition de la loi d'amnistie des crimes de la dictature (Loi de Caducité) ni le droit de vote par courrier pour Uruguayens résidant à l'étranger n'auraient été approuvés par référendum.
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