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L'Organisation des Etats américains (OEA) moins soumise aux Etats-Unis
Amériques en mutation: le socialiste chilien Insulza à la tête de l'OEA
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Washington, 2 mai 2005: José Miguel Insulza vient d'être élu à la tête de l'OEA Photo Juan Manuel Herrera-OEA |
WASHINGTON, mercredi 4 mai 2005 (LatinReporters.com) - Pour la première
fois depuis sa création, en 1948, l'Organisation des Etats américains
(OEA) va être dirigée par un socialiste, le Chilien José
Miguel Insulza. Son élection, lundi à Washington, est aussi
la première d'un secrétaire général de l'OEA qui
ne jouissait pas de l'aval initial des Etats-Unis. Cela reflète la
nouvelle relation de forces sur le continent américain.
Ministre chilien des Affaires étrangères, puis de l'Intérieur,
José Miguel Insulza abandonnera ce dernier portefeuille pour un mandat
de cinq ans au siège de l'OEA, à Washington, où il prêtera
serment le 25 mai. L'organisation regroupe 34 pays, soit tous ceux des Amériques
à la seule exception de Cuba. Qualifié de dictature, le régime
de Fidel Castro est maintenu à l'écart.
Avant l'élection du Chilien Insulza (31 pays en sa faveur, dont les
Etats-Unis; 2 abstentions, de la Bolivie et du Pérou; un vote blanc,
probablement du Mexique), les Etats-Unis avaient misé successivement
sur deux autres candidats perdants.
D'abord l'ex-président du Salvador, le conservateur Francisco Flores,
auquel le président américain George W. Bush voue une sympathie
personnelle. Flores avait envoyé un contingent militaire en Irak, où
le Salvador est l'unique pays latino-américain encore engagé.
Les appuis de Flores au sein de l'OEA se révélèrent rapidement
insuffisants et il retira sa candidature.
Restaient en lice le chef de la diplomatie mexicaine, Luis Ernesto Derbez,
ministre du président conservateur Vicente Fox, et José Miguel
Insulza, proposé par le président socialiste chilien Ricardo
Lagos.
Le 11 avril dernier, chacun des ces deux candidats fut appuyé par
17 pays. Cinq votations consécutives le même jour ne parvinrent
pas à les départager, le résultat étant chaque
fois de 17 contre 17.
Le Mexicain Luis Ernesto Derbez était soutenu par, notamment, les
Etats-Unis, le Canada, le Mexique, la Colombie et des pays d'Amérique
centrale. Par contre, l'Argentine, le Brésil, le Chili, le Venezuela
et la quasi totalité des pays des Caraïbes appuyaient le Chilien
José Miguel Insulza.
La candidature chilienne semblant devoir l'emporter tôt ou tard, les
Etats-Unis s'y rallièrent pour éviter une défaite formelle.
La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice obtenait le
retrait de la candidature du Mexicain Derbez, ouvrant une voie royale au socialiste
chilien.
Les affinités politiques de chaque camp rendirent inévitable
la présentation de la bataille électorale au sein de l'OEA comme
un duel entre la gauche et la droite continentales.
Cette vision est peut-être simpliste dans la mesure où la social-démocratie
chilienne et la prudence de centre gauche du président brésilien
Luiz Inacio Lula da Silva se distinguent du radicalisme populiste argentin
et du socialisme bolivarien du président Hugo Chavez du Venezuela.
Il n'empêche que l'élection mouvementée du nouveau secrétaire
général de l'OEA reflète une nouvelle relation de forces
sur le continent américain. Les Etats-Unis n'y ont plus nécessairement
le dernier mot.
Outre ce recul de son influence au sein de la principale organisation politique
des Amériques, Washington voit freinée son ambition d'instaurer,
de l'Alaska à la Terre de Feu, la Zone de libre-échange des
Amériques (ZLEA, souvent désignée par son sigle espagnol, ALCA). Maintes fois annoncée pour 2005 par George
W. Bush, la ZLEA est bloquée par des réticences latino-américaines,
principalement celles du Brésil et du Venezuela.
Au début de son premier mandat, en 2001, le président Bush
proclamait que "ce siècle sera le siècle des Amériques".
Les attentats islamistes contre New York et Washington, puis l'offensive américaine
en Afghanistan et la guerre en Irak ont bousculé cette priorité.
Mais traquer Al-Qaïda plus que la pauvreté en Amérique
latine semble avoir aujourd'hui un prix.
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