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Sécheresse sur l'Amazonie: incendie en Bolivie et Amazone peu navigable au Pérou
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Le cargo péruvien Yacupuma sur l'Amazone brésilien. Au Pérou, le fleuve n'est plus assez profond - © Richard Uzta |
par Richard Uzta
LIMA, lundi 19 septembre 2005 (LatinReporters.com) - Un gigantesque incendie,
qui a déjà détruit entre 80.000 et 100.000 hectares
de forêt, ravage l'Amazonie bolivienne. C'est l'une des conséquences
d'une grave sécheresse, qui sévit depuis plusieurs semaines
et qui, au Pérou, a ramené le fleuve Amazone à son plus
bas niveau depuis au moins 30 ans, limitant sa navigabilité.
Le front des flammes n'est qu'à 50 km de Riberalta, une ville de
100.000 habitants du nord-est bolivien, et continue à progresser.
"Les dégâts écologiques provoqués par l'incendie
sont impossibles à évaluer pour le moment" déclare à
la presse Carlos Rojas, un responsable local de la protection de l'environnement.
"Mais, poursuit-il, il ne fait pas de doute que la faune et la flore vont
grandement en pâtir. Une conséquence prévisible est que
la disparition des reptiles entraîne une prolifération des rats."
Une surpopulation de rongeurs ne pourrait qu'entraver une régénération
rapide de la forêt. Or, c'est précisément le déboisement
intensif de l'Amazonie et le recul des glaciers andins ces dernières
décennies qui expliqueraient l'actuelle sécheresse, sans doute
sans précédent.
Au Pérou, le président de la Commission de l'Environnement
du département du Loreto, Luis Campos Baca, estime que la principale
cause de la baisse exceptionnelle des eaux de l'Amazone est la déforestation
de l'Amazonie. Elle aurait entraîné un dérèglement
du régime de l'évapo-transpiration de la forêt, qui génère
50% des pluies tombant sur le bassin fluvial amazonien. L'autre moitié
des pluies provient des glaciers qui sont en recul dans les Andes, où
l'Amazone prend sa source. "Avec la déforestation, les pluies se réduisent
et ne sont plus cycliques", a expliqué M. Campos Baca au quotidien
péruvien El Comercio.
Le rôle primordial de l'évapo-transpiration dans le cycle des
pluies a été mis en évidence lors de deux expéditions
scientifiques américano-brésiliennes, en 1985 et 1987, organisées
conjointement par la NASA et l'INPE, l'Institut brésilien d'études
spatiales.
El Comercio a relevé que l'Amazone, le fleuve le plus puissant de
la planète, est à son étiage le plus bas depuis 30 ans.
Au-delà, il n'existe pas de statistiques. Un peu en aval d'Iquitos,
capitale de l'Amazonie péruvienne, à la confluence de l'Itaya
et de l'Amazone, la profondeur des eaux, 15 mètres en temps normal,
n'est plus que de 80 cm au lieu-dit La Barra. Du jamais vu.
Aujourd'hui, une barge de 500 tonneaux met 25 jours, au lieu de 4 à
6 avec un étiage normal, pour parcourir, sur l'Amazone et son affluent
l'Ucayali, le trajet Iquitos-Pucallpa, soit quelque 600 km. Elle doit désormais
louvoyer pour suivre le cours du fleuve là où il est le plus
profond afin d'éviter les risques d'échouement sur les bancs
qui affleurent.
Le cargo péruvien Yacupuma, qui assure une rotation entre Iquitos
et Houston par l'Amazone, n'a pas pu entrer en territoire péruvien
et a jeté l'ancre à un peu plus de 1.000 km en aval, au Brésil.
Sa cargaison a été transbordée sur des barges.
Un rapport du Service national de météorologie et d'hydrologie
(Senamhi) du Pérou indique que les glaciers des Andes, importante réserve
d'eau douce, qui contribuaient à maintenir l'étiage de l'Amazone
et des ses affluents à la saison sèche, ont vu leur superficie
se réduire de 22% au cours des trente dernières années.
Ce qui représente une fonte de 11 milliards de m3 de glace. La superficie
des glaces dans la région appelée la Cordillère blanche
s'est, quant à elle, réduite de 120 km2.
L'Amazonie, ultime grande forêt tropicale, constitue une gigantesque
cuvette d'une largeur de 2.000 km nord-sud et d'une longueur de 3.000 km est-ouest.
D'un périmètre total de 19.000 km, elle dispose d'une façade
maritime de 1.500 km. Ses sept millions de km2 occupent le tiers du
continent sud-américain. On considère qu'elle possède
50% de la biodiversité de la planète, dont 70% des végétaux.
Parcourue par l'Amazone -second fleuve du monde par sa longueur (6.400 km)
après le Nil, mais premier par sa puissance- l'Amazonie joue, selon
de nombreux experts, un rôle qui reste à déterminer dans
les équilibres climatiques du globe.
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