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Scandales et dissidences freinent la réélection de Luiz Inacio Lula da Silva
Brésil: Lula (48,6%) affrontera Alckmin (41,6%) au second tour de l'élection présidentielle
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Le président Lula - Photo Rossana Lana |
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Geraldo Alckmin - Photo Paula Sholl |
BRASILIA, lundi 2 octobre 2006 (LatinReporters.com) - Scandales de corruption
et dissidences l'ont empêché d'obtenir la majorité absolue
pour être réélu, le 1er octobre, dès le premier
tour de l'élection présidentielle. Le président du Brésil,
Luiz Inacio Lula da Silva (48,6% des voix), icône de la gauche latino-américaine,
devra donc affronter au second tour, le 29 octobre, le social-démocrate
Geraldo Alckmin (41,6%).
Médecin anesthésiste de 53 ans, ancien gouverneur de l'Etat
industriel clé de Sao Paulo, Geraldo Alckmin a créé
la surprise. Tous les sondages le situaient loin sous la barre des 40% et
même parfois des 30%. Son objectif était de forcer un second
tour qui, croit-il, crée une nouvelle dynamique mettant Lula sur la
défensive. Ce dernier aura 61 ans le 27 octobre, deux jours avant
le second round de la présidentielle.
Diffusés par le Tribunal supérieur électoral et portant
sur 99,99% des bulletins de vote, ces résultats du premier tour peuvent
être considérés comme pratiquement définitifs:
-Lula, candidat de la coalition "La force du peuple", dominée par
le Parti des travailleurs (PT, gauche): 46.655.308 voix (48,61%).
-Geraldo Alckmin, candidat de la coalition "Pour un Brésil décent",
dominée par le Parti de la social-démocratie brésilienne
(PSDB, centre droit): 39.963.841 voix (41,64%).
-Heloisa Helena, sénatrice dissidente du PT et candidate de la coalition "Front de
gauche", dominée par le Parti socialiste de la liberté (PSOL,
extrême gauche): 6.574.670 voix (6,85%).
Le reste des voix se partage entre 5 autres candidats, dont le meilleur score
revient également à un dissident du PT, Cristovam Buarque (2,64%),
ex-ministre de l'Education de Lula.
On peut en déduire que sans les dissidences qui ont frappé
le PT que fonda Lula, ce dernier aurait été réélu
d'emblée, dimanche, à la majorité absolue pour un second
(et constitutionnellement dernier) mandat de quatre ans. La principale dissidente,
Heloisa Helena, fut exclue du PT pour ses critiques visant "l'embourgeoisement"
du parti et la conversion de Lula à une modération favorisant
le libéralisme économique, alors qu'il était arrivé
au pouvoir en 2002 avec une image de révolutionnaire liée à
son passé d'ouvrier métallurgiste et de leader syndical.
Par ailleurs, Lula a peut-être fait naître chez nombre d'électeurs
l'impression qu'il les méprisait en se refusant à participer
à un quelconque débat électoral télévisé
avec les autres candidats, qui s'adressaient ostensiblement, devant les caméras,
à la chaise vide portant le nom du président.
La troisième raison, sans doute décisive, de la mise en ballottage
de Lula, auxquels tous les sondages promettaient encore il y a deux semaines la
majorité absolue, a été la relance en fin de campagne
des scandales de corruption qui ont décapité au cours de la législature
plusieurs ministres et dirigeants du PT.
Deux jours avant le scrutin, les journaux brésiliens publiaient à
la une des photos de liasses de billets de banque saisis par la police. Selon
des accusations portées en justice et qui ont provoqué des
démissions au sein du PT, cet argent, l'équivalent de 800.000
dollars, devait permettre au parti de Lula d'acheter des dossiers fabriqués
pour discréditer avant les élections Geraldo Alckmin et un
autre notable social-démocrate, José Serra. Ce dernier a été
élu dimanche avec 57,9% des voix au poste convoité de gouverneur
de l'Etat de Sao Paulo.
Près de 126 millions d'électeurs brésiliens (sur une
population totale de 185 millions d'habitants) devaient élire aussi,
le 1er octobre, les gouverneurs des 27 Etats,
les 513 députés du Parlement et 27 (un tiers) des 81 sénateurs,
ainsi que les députés des Assemblées régionales. Au Brésil, le
vote est obligatoire. L'abstention s'élève tout de même à 16,75%.
Comme en 2002, aucun parti ne devrait disposer de la majorité au Parlement
fédéral de Brasilia. L'émiettement de la représentation
parlementaire et les tentatives de l'exécutif présidentiel
de réunir une majorité sur laquelle s'appuyer
sont, au Brésil comme dans plusieurs pays d'Amérique latine,
la source de manoeuvres assimilées à la corruption. Des élus
sont littéralement achetés. C'est l'un des scandales qui a
frappé le PT pendant le premier mandat de Lula.
Cela explique le nom, "Pour un Brésil décent", de la coalition
menée par Geraldo Alckmin. Le leader social-démocrate a enfoncé
le clou en prédisant, lorsqu'il votait dimanche à Sao Paulo,
que "l'éthique vaincra la corruption". A l'annonce du ballottage,
Alckmin a affirmé qu'il passait "au second tour avec de grandes chances
de gagner". "Je vais mouiller ma chemise pour le Brésil" a-t-il ajouté.
Lula n'a pas fait de commentaires au moment de la diffusion des résultats
officiels. Il était aussi dimanche à Sao Paulo pour y voter
dans la ceinture ouvrière, à Sao Bernardo do Campo, berceau
de sa carrière syndicale et du PT. A Sao Paulo-ville, Alckmin a engrangé
3,3 millions de voix contre 2,2 millions pour Lula. Dans l'Etat du même
nom, l'avantage d'Alckmin est de 3,9 millions de votes.
Il n'empêche que Lula a tout de même remporté le premier
tour de la présidentielle et que la gauche, toutes tendances confondues,
reste majoritaire au Brésil. Le président sortant demeure une
icône nationale et internationale. Sa réélection serait
assurée s'il parvenait, d'ici le 29 octobre, a accréditer la
certitude qu'il peut et qu'il veut assainir son Parti des travailleurs. Cela
suppose que de nouveaux scandales n'éclatent pas ces prochains jours.
Une incertitude que Lula ne contrôle pas.
Une tentative de séduction de l'électorat radical de la sénatrice Heloisa
Helena est aussi possible. Mais pour Lula, il s'agirait d'une arme à
double tranchant, car pouvant servir l'image de gestionnaire responsable
dont se prévaut Geraldo Alckmin. En outre, la dissidente du PT, dont le bureau est
présidé par l'image du Che Guevara, a déjà averti qu'elle
ne soutiendra ni Lula ni, bien sûr, Alckmin.
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