Chicago éliminée au 1er tour, malgré Michelle et Barack Obama
2e échec consécutif de Madrid
Brésil - Jeux olympiques 2016 à Rio : le discours décisif de Lula (intégral)
Luiz Inacio Lula da Silva, président du Brésil, s'adresse au
Comité international olympique (CIO), réuni le 2 octobre 2009
à Copenhague pour l'attribution des Jeux olympiques de 2016 - Photo Ricardo Stuckert / PR
Samedi 3 octobre 2009 (LatinReporters.com) - Rio de Janeiro organisera
les Jeux olympiques (JO) et paralympiques de 2016. Le président brésilien, le
socialiste modéré Luiz Inacio Lula da Silva, a remporté
ce triomphe le 2 octobre à Copenhague, s'y adressant au Comité
international olympique (CIO) au nom de l'Amérique du Sud et en dénonçant un
"déséquilibre". Car "ce continent n'a jamais accueilli les jeux" a argumenté Lula,
soulignant aussi l'émergence du Brésil parmi "les dix premières
économies mondiales".
Trois tours de scrutin parmi la centaine de membres du CIO ont été
nécessaires pour dégager une majorité absolue en faveur
de l'une des quatre villes -Rio de Janeiro, Chicago, Tokyo et Madrid - candidates
à l'organisation des JO 2016. A chaque tour de scrutin, la ville obtenant
le moins de votes était éliminée.
Premier tour : 94 votes valables. Madrid 28, Rio 26, Tokyo 22, Chicago 18.
Second tour : 95 votes valables. Rio 46, Madrid 29, Tokyo 20.
Troisième tour : 98 votes valables. Rio 66, Madrid 32.
A noter la seconde défaite consécutive de Madrid, déjà
candidate malheureuse aux JO 2012, attribués à Londres. Malgré
leurs discours à Copenhague, ni le roi Juan Carlos ni le président
du gouvernement socialiste espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero,
n'ont eu une influence décisive.
Mais plus sonore et avec une résonance politique est l'élimination
dès le premier tour de Chicago, pourtant défendue à
Copenhague par Michelle et Barack Obama, le couple présidentiel américain.
Ce revers international est le premier du nouveau président des Etats-Unis.
Il pourrait indiquer que l'antiaméricanisme soulevé dans
le monde lors des deux mandats présidentiels de George W. Bush tardera
à se dissiper.
Corrélativement, pour autant qu'il soit raisonnable d'interpréter
politiquement le vote du CIO, influencé aussi par des considérations
économiques et sportives, la victoire de Rio apparaît comme
celle d'une puissance émergente, le Brésil, qui cherche à
s'émanciper de la tutelle des Etats-Unis tout en maintenant ses bonnes
relations avec Washington. Père spirituel de l'Unasur (Union des nations
sud-américaines), le Brésil représente à lui
seul, en termes de produit intérieur brut, de population et de superficie,
la moitié du sous-continent que forment les douze pays de l'Amérique
du Sud. L'organisation des JO 2016 renforcera ce statut de leader régional
et aussi de modérateur face au radicalisme antiaméricain, voire
antioccidental, alimenté par le Venezuela de Hugo Chavez.
Au cours de l'heure entière qu'a duré à Copenhague la
présentation finale de la candidature du Brésil, le président
Lula s'est limité à un discours bref mais décisif d'à
peine sept minutes. Un discours dont il serait difficile de réfuter
la logique à la fois sociale, économique et politique.
Discours intégral du président Luiz Inacio Lula da Silva
(Transcription de la traduction simultanée du discours, prononcé
en portugais).
Vidéos de la présentation complète, le 2 octobre 2009
à Copenhague, des 4 candidatures à l'organisation des JO 2016.
Le discours de Lula commence à la minute 33:20 de la présentation
de Rio.
"Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les membres
du Comité olympique international, chers compagnons de la délégation
brésilienne, chers amis et chères amies,
C'est avec une grande fierté que je représente en ce moment
décisif les efforts et les rêves de plus de 190 millions de
Brésiliens. Beaucoup d'entre eux nous suivent sur des écrans
géants installés sur la plage de Copacabana, des télévisions
dans les vitrines de Sao Paulo ou de petits postes de radio au bord de l'Amazone.
Ils sont tous unis derrière la candidature de Rio. Nous sommes un
peuple passionné de sports. Nous sommes un peuple passionné de vie.
En regardant les cinq anneaux olympiques, j'aperçois mon pays. Un
Brésil formé des hommes et des femmes de tous les continents,
Américains, Européens, Africains, Asiatiques, tous si fiers
de leurs racines, tous si fiers d'êtres Brésiliens. Nous ne sommes
pas uniquement un peuple mélangé. Nous sommes un peuple qui
aime être un melting pot, un mélange qui est au coeur même
de notre identité.
Je crois sincèrement que l'heure du Brésil a sonné.
Le Brésil fait partie des dix premières économies mondiales
et le Brésil est le seul pays à ne pas avoir organisé
de jeux olympiques et paralympiques. Parmi les pays aujourd'hui en compétition
pour l'organisation des jeux, nous sommes les seuls à ne pas avoir
eu cet honneur. Pour les autres, ce serait une édition de jeux de plus.
Pour nous, ce serait une opportunité sans précédent qui
stimulera l'amour propre des Brésiliens, qui rendra plus solides nos
réussites récentes et qui en inspirera de nouvelles.
Cette candidature, ce n'est pas seulement la nôtre. C'est aussi celle
de l'Amérique du Sud, un continent de presque 400 millions d'hommes
et de femmes, de près de 180 millions de jeunes. Un continent qui,
comme nous l'avons vu, n'a jamais accueilli les jeux. Il est temps de remédier
à ce déséquilibre. Pour le mouvement olympique, cette
décision ouvrira une nouvelle frontière prometteuse.
Le CIO a démontré déjà comment surmonter et
comment faire face à des défis. Vous avez modernisé
les jeux sans jamais éteindre la flamme de la tradition. Vous avez
introduit de nouveaux sports et de nouvelles technologies, vous avez accueilli
de plus en plus de pays, mais aujourd'hui il s'agit d'autre chose. Il s'agit
de s'étendre sur de nouveaux continents. Il est grand temps d'allumer
la flamme olympique dans un pays tropical, dans l'une des villes les plus
belles et les plus merveilleuses, Rio de Janeiro. Pour l'Amérique du
Sud, ce sera un moment magique,. Pour le mouvement olympique, ce sera
le moment rêvé de sentir la chaleur de notre peuple, l'exubérance
de notre culture, notre soleil et notre joie. Et ce sera également
une chance de faire passer un puissant message au monde entier, celui que
les Jeux olympiques appartiennent à tous les peuples, à tous
les continents, à l'humanité entière.
Nous avons beaucoup appris lors des dernières années, au
cours des Jeux panaméricains de 2007, au cours des Jeux olympiques
de Pékin, lors de notre visite au chantier du parc olympique de Londres
2012, pendant nos réunions également aux quatre points de la
planète avec des membres de la famille olympique. C'est pour cette
raison que mon gouvernement est aussi engagé dans la candidature de
Rio. Nous avons fourni toutes les garanties possibles pour organiser les
jeux. Nous avons approuvé des sources de financement considérables
et diversifiées, conscients de l'héritage des jeux pour la
ville de Rio de Janeiro.
Chers amis, le Brésil connaît une excellente période.
Les Brésiliens travaillent avec acharnement depuis plusieurs décennies.
Nous avons une économie forte et dynamique qui a surmonté la
crise, une crise qui touche encore tant de pays. Nous vivons dans une ambiance
de liberté, de démocratie. Au cours des dernières années,
30 millions de Brésiliens ont pu sortir de la pauvreté et 21
millions d'entre eux ont même atteint la classe moyenne.
Ce triomphe sur les difficultés est un symbole de l'histoire récente
du Brésil. C'est également un symbole de l'histoire personnelle
de millions d'entre nous. Je viens de participer à la réunion
du G20 à Pittsburgh où une nouvelle carte économique
du monde a été dessinée à l'unanimité.
Cette nouvelle carte économique du monde reconnaît l'importance
de pays émergents tels que le Brésil sur la scène mondiale
et surtout reconnaît le triomphe que nous avons connu par rapport à
la crise mondiale. Je suis fier en tant que Brésilien d'avoir pu participer
à ce processus et de voir comment le Brésil fait partie de
la solution.
Le partenariat que nous offrons à la famille olympique à
travers la candidature de Rio tient donc compte de ce nouveau paysage dans
lequel notre pays a mérité et a conquis sa place. Nous voulons
désormais ouvrir nos portes pour que tout le monde puisse jouir de
la plus grande cérémonie de l'humanité, les Jeux olympiques
et paralympiques à Rio, l'une des villes les plus belles et les plus
accueillantes au monde. Pour cela, Mesdames et Messieurs, nous avons besoin
de votre soutien et de votre vision du futur. Rio est prête. Donnez-nous
cette chance. Vous ne le regretterez pas, soyez-en certains. Les jeux que
nous mettrons en place à Rio seront inoubliables parce qu'emplis de
la passion, de l'énergie et de la créativité du peule
brésilien.
Merci beaucoup."
L'une des vidéos institutionnelles du Comité Rio 2016. D'autres,
notamment celle concernant les sites et installations des JO 2016, sont incluses
dans la présentation complète de la candidature de Rio.