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Brasilia semble avoir choisi l'avion Rafale de Dassault
Partenariat stratégique France-Brésil : au-delà des armes, une ambition globale

Par Christian GALLOY, directeur de LatinReporters.com

Le président français Nicolas Sarkozy (à gauche) et son homologue brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, à Brasilia le 7 septembre 2009, jour de la fête nationale du Brésil - Photo Wilson Dias / ABr

MADRID, jeudi 10 septembre 2009 (LatinReporters.com) - Le choix de la France, préférée à la Russie, comme partenaire stratégique de son réarmement permet au Brésil d'élargir son autonomie à l'égard des Etats-Unis sans les défier ouvertement. Confirmée par les présidents Luiz Inacio Lula da Silva et Nicolas Sarkozy lors de la visite d'Etat de ce dernier à Brasilia, les 6 et 7 septembre, la coopération franco-brésilienne jouit, au-delà des aspects militaires, de l'ampleur d'une alliance politique qui répond aux ambitions et aux préoccupations à la fois planétaires, régionales et nationales du géant sud-américain.

Dans un passé récent, le Brésil analysa le choix de la Russie ou de la France comme partenaire stratégique dans le domaine de la défense rappelle l'un des plus influents analystes politiques argentins, Rosendo Fraga, directeur du Centro de Estudios para una Nueva Mayoría.

Socialiste modéré, le président brésilien Lula da Silva a préféré la France, satisfaisant ainsi sa volonté de s'émanciper des Etats-Unis tout en évitant une option qui aurait créé des difficultés dans ses bonnes relations avec Washington. Les Etats-Unis apprécient peu toute influence militaire russe dans la région. L'option russe pour son réarmement global a été choisie par un voisin potentiellement conflictuel du Brésil, le Venezuela du président antiaméricain Hugo Chavez, équipé notamment de chasseurs Sukhoï.

Ecartée par Brasilia en octobre 2008, l'option du Sukhoï fit longtemps figure de favorite pour le renouvellement partiel, portant sur un premier lot de 36 unités, des vieux Mirage français et F-5 américains de la force aérienne brésilienne. Le 7 septembre dernier, les présidents Lula da Silva et Sarkozy semblent avoir canalisé définitivement le choix vers le Rafale français de Dassault. Les transferts de technologie concédés par la France auraient consacré l'élimination virtuelle, pas encore officielle, du F-18 de Boeing et du Gripen du suédois Saab.

"Compte tenu de l'étendue des transferts de technologie proposés et des garanties apportées par ailleurs par la partie française, le Président Lula a annoncé la décision de la partie brésilienne d'engager des négociations avec le GIE Rafale pour l'acquisition de 36 avions de combat Rafale" dit un communiqué officiel diffusé le 7 septembre à Brasilia au terme de la visite d'Etat de Nicolas Sarkozy.

A un journaliste qui lui demandait si ce communiqué voulait dire que les concurrents du Rafale sont écartés, le président brésilien Lula da Silva, face à la presse aux côtés de son homologue français, a répondu: "Cela veut dire tout simplement ce qui est écrit dans le communiqué. J'ai annoncé que le Brésil avait pris la décision d'entrer en négociation avec le GIE pour l'acquisition de 36 Rafale [...] Pour nous, ce qui est important véritablement, c'est d'avoir accès à la technologie pour que l'on puisse produire cet avion au Brésil. Et c'est cela que nous sommes en train de négocier avec le ministre de la Défense, avec le commandant de l'Aéronautique et le ministre de la Défense de la France, avec l'entreprise qui les produit."

Les négociations portent donc actuellement sur les transferts de technologie et, en principe, c'est sous réserve de leur bonne fin que le Rafale français de Dassault remportera effectivement le marché actuel du renouvellement partiel des avions de combat brésiliens.

Par son ampleur, l'engagement de la France devient une "alliance"

Le choix officieux du Rafale semble néanmoins difficilement réversible, compte tenu de l'ampleur de l'engagement de la France à aider le Brésil à acquérir les instruments de souveraineté d'une grande puissance de demain. Car les transferts de technologie dans le domaine militaire concernent aussi la vente au Brésil, par la France, de quatre sous-marins Scorpene, le développement de la partie non-nucléaire du futur sous-marin nucléaire d'attaque brésilien, la construction d'une base de sous-marins, ainsi qu'un contrat portant sur 50 hélicoptères. Au total, Rafale y compris, le Brésil débourserait 12 milliards d'euros, soit plus du double de l'ensemble des exportations d'armes françaises dans le monde en 2007. Selon la presse brésilienne, il s'agirait du plus important engagement du Brésil en matière de défense depuis sa participation à la seconde guerre mondiale dans l'alliance antihitlérienne.

Autre concession clé expliquant le choix de la France comme partenaire stratégique : "Le Brésil pourra assembler des Rafale et les vendre en Amérique latine" a affirmé le ministre brésilien des Relations extérieures, Celso Amorim, confirmé sur ce point en conférence de presse par les présidents Lula da Silva et Sarkozy. En décembre 2008 à Rio de Janeiro, les deux chefs d'Etat avaient dit la même chose à propos des hélicoptères. Le F-18 de Boeing et le Gripen suédois de Saab, qui utilise de nombreux composants américains, sont, eux, tributaires des conditions et parfois du refus opposés par les Etats-Unis à la commercialisation par des pays tiers d'appareils utilisant des technologies américaines.

Mais c'est probablement le cadre politique global des relations entre Paris et Brasilia qui rendrait incontournable, sauf surprise de taille, la victoire du Rafale sur ses concurrents. Elle s'inscrirait dans ce qu'on appelle déjà l'alliance franco-brésilienne, "notre alliance pour le changement" précise Lula da Silva. Devant faciliter aussi d'importants contrats civils, cette alliance implique l'approche et l'évaluation communes de la crise économique globale, des changements climatiques, de l'association des pays émergents à la gouvernance mondiale (le Brésil revendique notamment un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies) et le développement des énergies renouvelables (dossier clé pour le Brésil, premier exportateur mondial d'éthanol).

"Nous [le Brésil et la France] partageons les mêmes valeurs et les mêmes idéaux. Nous luttons pour la paix, nous souhaitons un ordre global plus durable et plus solidaire. Nous sommes pleinement conscients de nos responsabilités dans le monde. Ces principes sont au fondement de notre Alliance pour le changement [...] Ce partenariat que nous sommes en train de réaliser, ce n'est pas un simple partenariat commercial. La France ne veut pas simplement vendre au Brésil et le Brésil ne veut pas simplement vendre en France. Nous voulons penser ensemble, nous voulons créer ensemble, nous voulons construire ensemble et si possible même vendre ensemble" déclarait le 7 septembre Luiz Inacio Lula da Silva aux côtés de Nicolas Sarkozy.

Globalement, l'alliance franco-brésilienne sert tant la consolidation par la France des encore beaux restes de sa grandeur que l'aspiration du Brésil à la puissance.

Ambition globale et préoccupations régionales et nationales du Brésil

Père spirituel de l'Unasur (Union des nations sud-américaines), le Brésil représente à lui seul, en termes de produit intérieur brut, de population et de superficie, la moitié du sous-continent que forment les douze pays situés au sud de l'Amérique centrale.

L'analyste Rosendo Fraga y voit une asymétrie similaire à celle existant entre la Russie et les anciennes républiques soviétiques où à celle que créerait au sein de l'Union européenne la fusion en un seul pays de l'Allemagne, de la France et du Royaume-Uni.

Aussi, rien d'étonnant à ce que le Brésil réclame un statut de puissance mondiale qu'assument chacun à leur façon ses partenaires de l'association informelle BRIC, sigle formé des initiales de Brésil, Russie, Inde et Chine. Comparé à ses trois partenaires du BRIC, tous dotés de l'arme nucléaire et lancés dans des plans ambitieux de réarmement et de modernisation de leurs forces armées, le Brésil souffre d'un désavantage que Rosendo Fraga qualifie de "stratégico-militaire". C'est pour cette raison, estime l'analyste argentin, que le réarmement du Brésil a pour premier objectif de renforcer sa condition d'acteur global.

Sur le plan régional, le Brésil, quoique leader naturel de l'Amérique du Sud, y agit surtout comme facteur de modération, ainsi que l'a démontré le récent sommet extraordinaire de l'Unasur, le 28 août à Bariloche (Argentine), consacré aux implications pour la sécurité régionale de l'usage de bases militaires colombiennes par les forces américaines. Tempérant l'animosité du président vénézuélien Hugo Chavez et de ses alliés, Lula da Silva parvint à éviter au sommet une condamnation explicite de l'accord américano-colombien qui aurait provoqué la crise de l'Unasur et de son Conseil de défense.

Face aux tensions dans la région, surtout entre la Colombie et deux de ses voisins, le Venezuela et l'Equateur, l'accroissement de la capacité militaire du Brésil renforcera son rôle de modérateur régional. En outre, croit Rosendo Fraga, le Brésil, limitrophe du Venezuela et de la Colombie, ne pourrait admettre que l'un de ces pays ait une puissance militaire supérieure à la sienne ni qu'un conflit armé éclate entre Bogota et Caracas.

Le partenariat stratégique avec la France répond à ces ambitions et préoccupations du Brésil, soucieux aussi de pouvoir garantir, au besoin par les armes, sa souveraineté nationale sur son ample territoire et en particulier sur l'Amazonie, ainsi que sur les gigantesques gisements pétroliers découverts récemment au large des côtes brésiliennes.

En résumé, le réarmement du Brésil répondrait en premier lieu à son ambition de puissance globale, puis à garantir sa capacité d'exercer un rôle modérateur en Amérique du Sud et, enfin, à préserver sa sécurité territoriale et énergétique.




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