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Chili-Pinochet: la banque américaine Riggs indemnisera les victimes de la dictature
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Salvador Allende: la fondation qui perpétue sa mémoire gérera les indemnités aux victimes de la dictature. Photo Fundación Salvador Allende |
MADRID, samedi 26 février 2005 (LatinReporters.com) - Neuf millions de dollars (plus de
six millions d'euros) pour indemniser les victimes de la dictature du général
chilien Augusto Pinochet seront, selon des avocats de victimes, versés
par la banque américaine Riggs, qui avait géré des
comptes secrets de l'ex-dictateur. En échange, la justice espagnole
a suspendu ses poursuites contre la banque Riggs.
Cette transaction montre que les actions judiciaires ouvertes même hors du Chili
contre le général Pinochet au nom de la justice universelle peuvent déboucher
sur des résultats concrets. Leur valeur est donc désormais plus que symbolique.
Représentant des victimes ou leur famille, les avocats Joan Garcés,
à Madrid, et Sam Buffone, à Washington, ont précisé
à la presse espagnole et chilienne que les neuf millions de dollars
seront déposés sur un fonds administré par la Fondation
Salvador Allende, du nom du président socialiste chilien mort en 1973
lors du coup d'Etat militaire de Pinochet.
Une ordonnance du célèbre juge Baltasar Garzon annonçait
vendredi à Madrid la suspension des poursuites internationales de
la justice espagnole qui visaient aux Etats-Unis la banque Riggs et ses
dirigeants. Le juge Garzon maintient néanmoins son action contre
Augusto Pinochet lui-même, dont il évalue la responsabilité
civile à 1,5 milliard (bien milliard) d'euros pour les crimes de
génocide, terrorisme et torture.
Le Rapport Rettig de 1991 estime que pendant les 17 années (1973-1990)
de la dictature du général Pinochet, 3.197 victimes de violences
du régime sont mortes ou ont disparu. Le Rapport Valech diffusé
en novembre dernier à Santiago du Chili relève, lui,
35.000 cas de torture (dont 28.000 considérés comme avérés)
et en déduit que la torture fut une politique systématique
des forces armées chiliennes. Leur commandant en chef, le général
Juan Emilio Cheyre, l'admettait le 5 novembre 2004 et faisait alors au nom
de l'institution militaire un mea-culpa historique.
L'avocat Sam Buffone confirme que l'indemnisation que versera la banque
Riggs s'inscrit dans un accord avec la justice espagnole pour mettre fin
aux poursuites du juge Garzon contre la banque.
Les poursuites ouvertes dès 1998 par Baltasar Garzon contre le
général Pinochet, immobilisé à l'époque
pendant 503 jours à Londres suite à une demande d'extradition
frustrée lancée par le magistrat espagnol, ordonnaient et ordonnent
toujours le gel des biens et avoirs financiers de l'ex-dictateur.
Continuant néanmoins, selon l'agence espagnole EFE, à faire
circuler des fonds d'Augusto Pinochet (transfert de 1,6 million de dollars
de la Riggs britannique vers la Riggs américaine en 1999), la banque
Riggs fut accusée par le juge Garzon de complicité avec le
général dans un transfert illégal de fonds.
Me Buffone indique qu'un million de dollars devrait servir à financer
l'identification de victimes de la dictature militaire chilienne, le reste
des indemnités versées par la banque Riggs allant aux victimes
ou à leurs ayants droit.
Me Garces précise qu'une part des neuf millions de dollars devra
aussi couvrir les frais de procès contre le général
Pinochet.
Selon les deux avocats, des ressources financières supplémentaires
en faveur des victimes pourraient provenir de la liquidation de biens du
général Pinochet mis sous séquestre et d'indemnités
que verseraient d'autres institutions financières qui auraient aussi
manié des fonds secrets de l'ex-dictateur.
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