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Colombie - Communautés indigènes en danger avertit le HCR
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Enfants indigènes de Colombie Photo www.derechoshumanos.gov.co |
GENÈVE / BOGOTA, mercredi 5 avril 2006 (HCR / LatinReporters.com)
- «Nous avons à plusieurs reprises averti que des groupes indigènes
parmi les plus anciens et les plus petits du monde étaient menacés
non seulement de
déplacement, mais
aussi d'extinction à cause du conflit colombien», a déclaré mardi à
Genève le porte-parole du Haut Commissariat des Nations Unies pour les
réfugiés (HCR), William Spindler.
Après une série de sérieux incidents ces derniers jours,
le HCR alerte sur la situation humanitaire des communautés
autochtones
de Colombie et appelle à une
action urgente pour les aider.
«Toutes les communautés indigènes ont d'étroits
liens avec la terre de leurs ancêtres dont dépend leur survie
culturelle... Dans la région nord-ouest de Choco, plus de 1.700 indigènes
Wounaan ont fui leur territoire traditionnel» a indiqué le porte-parole.
«La panique s'est répandue au sein de la communauté Wounaan
après qu'un groupe armé irrégulier ait tué deux
de leurs chefs en l'espace de 24 heures la semaine dernière»
a précisé William Spindler.
Il a relaté que «jeudi,
des hommes armés ont fait irruption dans une salle de classe de l'Union
Wounaan et ont emmené l'instituteur de l'école, âgé
de 37 ans. Celui-ci a été retrouvé mort quelques heures
plus tard. Son corps portait des traces de torture. Le jour suivant, le chef
de la communauté Wounaan a également été retrouvé
mort, après avoir été enlevé par la même
bande armée irrégulière. Il était lui aussi instituteur.
Il est à craindre que d'autres assassinats suivent, d'autres responsables
de la communauté ayant également fait l'objet de menaces».
[NDLR : L'Organisation Nationale Indigène de Colombie, ONIC, a identifié
les victimes comme étant Arselio Peñas Guatico y John Jairo
Osorio Pisario. L'ONIC affirme que leurs assassins sont des guérilleros
des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie; marxistes),
qui les accusaient d'être des «informateurs de l'armée».]
Selon William Spindler, «les habitants des communautés
de quatre rivières ont fui et quelque 1.100 personnes sont arrivées
à Union Wounaan, qui regroupe la plus importante communauté
de ce groupe».
Avec les 640 habitants d'Union Wounaan, les déplacés cherchent
maintenant à fuir plus loin en amont de la rivière vers la
petite ville de Istmina. Lundi soir, un premier groupe de 30 personnes est
arrivé à Istmina et ceux encore en Union Wounaan ont peur de
venir et d'être attaqués durant leur fuite. Comme ils n'ont
pas assez de bateaux pour voyager sur la rivière, ils doivent traverser
la jungle.
Des associations indigènes et les autorités locales de la zone
appellent à l'aide le gouvernement colombien et la communauté
internationale. Le directeur du bureau des Amériques du HCR, qui est
en Colombie cette semaine, va se rendre à Istmina pour rencontrer
les nouveaux déplacés et les autorités locales.
De l'autre coté du pays, dans le département de Guaviare, au
Sud-Est, 77 indigènes de l'ethnie Nukak sont arrivés la semaine dernière
dans la ville de San Jose del Guaviare.
«Les Nukaks sont un groupe indigène dont les membres sont peu
nombreux. Ils étaient inconnus du monde extérieur jusqu'en
1988 et vivaient une existence nomade de chasse et cueillette. Ces dernières
années, ils sont devenus la cible des groupes armés irréguliers
qui se sont emparés d'une grande partie de leur territoire»
a expliqué William Spindler.
«Les 77 personnes qui sont arrivées à San Jose la semaine
passée, poursuivait-il, ont marché pendant quatre mois après
avoir été forcées de quitter leur territoire ancestral.
Leur état de santé semblait médiocre et elles souffrent
à l'évidence de malnutrition... Elles reçoivent une
aide d'urgence des autorités colombiennes. Cependant leur futur à
long terme reste incertain. Il est crucial de trouver une solution qui leur
permettra de reprendre leur mode de vie et de préserver leur culture».
Ce nouveau déplacement est le troisième depuis 2003 et porte
à plus de 220 le nombre de Nukaks déplacés de force.
Selon le HCR, cela signifie que la moitié de la population Nukak,
estimée à 500 personnes, a été forcée
de quitter son territoire ancestral.
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